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Le prince Moulay Rachid, de hauts représentants de l’Etat, des partis politiques de tous bords, les présidents des deux Chambres, les membres du gouvernement et une immense foule d’anonymes étaient venus rendre un dernier hommage à celui qui avait suscité le respect et l’estime de toute la classe politique.

Feu Abdellah Baha repose juste à côté de la tombe du docteur Abdelkrim El Khatib, choix dont la symbolique n’échappe à personne puisque le docteur El Khatib avait été une grande figure du mouvement islamiste marocain.

Une véritable marée humaine s’est ébranlée du domicile du Chef du gouvernement pour rejoindre le carré VIP du cimetière «Chouhada» de Rabat. Le convoi funéraire s’est d’abord rendu à la mosquée «Chouhada» pour que la prière des morts soit prononcée à la mémoire du défunt Abdellah Baha.

Le respect dû au défunt ministre d’Etat transcendait même les religions car plusieurs représentants de la communauté juive marocaine patientaient à l’entrée du cimetière pour lui rendre un dernier hommage. Entre autres, on pouvait notamment reconnaître Serge Berdugo, président de la Communauté israélite du Maroc et David Tolédano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction.

La dépouille mortelle avait été transportée en fin de matinée de la morgue vers la maison d'Abdellah Benkirane. C’est d’ailleurs dans le domicile du chef du PJD que la famille du défunt recevait les condoléances.

Abdelilah Benkirane était effondré et avait des gestes d’automate au même titre que les notables du PJD qui paraissaient très affectés par la perte du défunt. Cet homme très discret qui faisait l’unanimité au sein du parti était considéré comme un guide et un sage au-dessus de la mêlée et des contingences.

A 10h30 du matin, au domicile personnel d'Abdelilah Benkirane, ce dernier fait son apparition aux côtés de Mustapa Ramid, manifestement très affecté par la tragique disparition de Abdellah Baha.

Un énorme chapiteau a été dressé dans la rue en face du domicile du chef du PJD pour accueillir les nombreuses personnalités et anonymes qui affluent petit à petit.

Aux côtés du ministre de la Justice qui ne parvient pas à dissimuler ses larmes et de Saâdeddine El Othmani défait, Benkirane se prête mécaniquement à la cérémonie des condoléances le visage fermé. En djellaba noir, il égrène son chapelet en fixant le sol, le regard perdu. Il se lève de sa chaise de temps à autres pour embrasser les personnalités mais aussi les anonymes venus le réconforter.

Les visiteurs sont de plus en plus nombreux et malgré l’efficacité du service d’ordre du PJD, le lieu ne suffit plus à accueillir les sympathisants qui se pressent pour présenter leurs condoléances.

Les accès sont alors subitement bloqués et de nombreuses personnalités doivent montrer patte blanche avant d’être admises sous le chapiteau.

C’est le ministre de l’Equipement et du transport, Abdelaziz Rebbah, qui doit intervenir à plusieurs reprises pour faire rentrer et installer des personnalités du calibre de Abderahman El Youssoufi.

A onze heures, on entend une clameur qui annonce l’arrivée de la dépouille du défunt. Son cercueil est transporté sous le chapiteau pour être délicatement posé devant Benkirane, El Othmani et Ramid, qui se lèvent alors de leurs chaises pour lui rendre un dernier hommage.

Recouvert dans un 1^er temps d’un drap funéraire vert en velours incrusté de sourates du Coran, le cercueil est rapidement nimbé d’un drapeau du Maroc eu égard à sa position de ministre d’Etat.

Tout le monde se lève alors pour entonner la prière des morts avant que le convoi ne s’ébranle vers la mosquée puis vers le cimetière pour rejoindre la dernière demeure du défunt Abdellah Baha.