Casablanca, un nouveau système de gouvernance

Casablanca va vers une nouvelle forme de gouvernance, où la société civile et les sociétés de développement local remplacent en partie les élus, dont les rôles sont aujourd’hui limités à des responsabilités mineures. La démocratie locale a échoué. Le changement s'est fait progressivement, à bas bruit.

Casablanca, un nouveau système de gouvernance

Le 22 octobre 2014 à 18h31

Modifié 22 octobre 2014 à 18h31

Casablanca va vers une nouvelle forme de gouvernance, où la société civile et les sociétés de développement local remplacent en partie les élus, dont les rôles sont aujourd’hui limités à des responsabilités mineures. La démocratie locale a échoué. Le changement s'est fait progressivement, à bas bruit.

Mercredi 30 avril 2014. L’effervescence est à son comble au siège de wilaya, où se tient la session ordinaire du Conseil de la ville. La raison: parmi les 36 points de l’ordre du jour figure une décision particulièrement dérangeante pour nos édiles, celle de créer trois sociétés de développement local, issues de partenariats public-privé.

Leur rôle: celui des élus! C’est-à-dire, la gestion des affaires des Casablancais. Cela va du nettoiement au transport, de la culture à l’eau et l’électricité, en passant par la gestion des endroits sportifs, du patrimoine, de l’animation. Bref, tout!

«Nous avons été élus par les citoyens, vous n’avez pas le droit de nous remplacer par des sociétés privées», s’égosille un conseiller, bientôt suivi par d’autres voix contestataires qui plongent la salle dans un vacarme assourdissant.

Ahmed Brija, premier vice-président du Conseil, après avoir rappelé l’assistance à l’ordre, répond aux réfractaires: «C'est simple, on crée ces sociétés car nous avons avons failli dans notre rôle en tant qu'élu. Nous n'avons pas fait notre travail, comme nous l'a rappelé le Roi. Nous sommes tous responsables de cet échec.» Malgré les réticences, la décision est adoptée. Il s’agit de Casa Veille et Contrôle, Casa Patrimoine et Casa Animation.

Une nouvelle forme de gouvernance qui dénote l’échec de la démocratie locale, longtemps représentée par des élus controversés, incapables de répondre aux aspirations des citoyens.

Dans un récent entretien avec Médias 24, le maire Mohammed Sajid explique que le tiers des membres peut bloquer une décision rien qu’en s’absentant. «Parfois, ils restent devant la porte de la salle, ce qui nous oblige à reporter la session. Et ce sont souvent des clivages idéologiques ou politiques, voire des intérêts personnels qui sont le premier rempart face au développement de la ville», poursuit le maire de la ville.

Bien que ce «virage» n’ait pas encore été officialisé, bien que la charte communale soit toujours en vigueur, les élus ont déjà été dépossédés de leurs attributions.

Le dernier exemple en date est celui du plan 2015-2020, présenté le 26 septembre au Roi par le Khalid Safir. Un plan élaboré, en grande partie, par des… associations, regroupées dans un think tank créé par le Wali.

Celui-ci ne manquera, à cette occasion, d’afficher une rupture avec la méthode du passé : «Mettre en œuvre ces projets, réaliser les aspirations et relever les défis ne sera pas possible sans l'adoption d'un système de gouvernance audacieux et efficace.»

Interrogations

Ce qui était ainsi du ressort des élus passent, discrètement, sans aucun débat, entre les mains de la société civile et des sociétés de développement local, le tout piloté par le wali, donc par l’autorité et le ministère de l’Intérieur.

Seulement, le plan dévoilé en septembre dernier se poursuit jusqu’en 2020, ce qui suscite des interrogations: à quoi serviraient les élections de 2015? La nouvelle loi sur les communes tiendra-t-elle compte de ce changement? Et d'autres villes seront-elles concernées?

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