Musée Mohammed VI, révolution culturelle du Maroc?

Le musée Mohammed VI d’art moderne a été inauguré mardi 7 octobre par le Roi. Cet évènement va sans conteste donner une impulsion à l’ambition culturelle marocaine même si son management continue de susciter des interrogations de la part de certains acteurs culturels.  

Musée Mohammed VI, révolution culturelle du Maroc?

Le 7 octobre 2014 à 18h32

Modifié 7 octobre 2014 à 18h32

Le musée Mohammed VI d’art moderne a été inauguré mardi 7 octobre par le Roi. Cet évènement va sans conteste donner une impulsion à l’ambition culturelle marocaine même si son management continue de susciter des interrogations de la part de certains acteurs culturels.  

L’évènement de cette rentrée est assurément l’inauguration par le Souverain du 1er musée post-protectorat proprement marocain qui sera suivie par l’ouverture au public le 9 octobre prochain. Ce musée s’inscrit dans le renouveau de Rabat qui se repositionne en tant que ville de la Culture.

Financé par l’Etat et initié par le Roi Mohammed VI, cet édifice à l’architecture arabo-mauresque a pour ambition de contribuer à la renaissance artistique de la vie culturelle marocaine.

Le thème de son exposition inaugurale retracera l’histoire de 100 ans de peinture contemporaine marocaine à travers la présentation de 500 œuvres signées par 200 artistes (1914-2014).

Ne disposant pas de réserves propres d’œuvres artistiques, le musée Mohammed VI exposera des œuvres prêtées par des artistes vivants, des particuliers ou encore par des institutions marocaines.

Elles seront présentées par ordre chronologique inversé avec l’ambition de faire découvrir aux visiteurs, les jeunes générations d’artistes jusqu’aux plus anciens.

La majorité des artistes marocains se félicitent "d’une grande première nationale qui prend enfin en compte leur travail", mais certains s’interrogent sur la stratégie adoptée par le management muséal.

Les points d’achoppement concernent d’abord l’utilité d’un musée ne disposant pas de collections propres et d’autre part le choix de l’exposition inaugurale qui mélange sans distinction les écoles de création, à cause du parti-pris chronologique qu’elle a pris.

Ils ne comprennent pas que malgré l’investissement de 200 MDH, les têtes pensantes de l’édifice muséal n’aient pas privilégié la constitution d’une collection propre avant son ouverture.

Fouad Bellaminemet en cause un manque de vision et nous déclare que «la charrue a été mise avant les bœufs» car pour lui, il aurait fallu collecter des réserves muséales pendant les dix ans qu’ont duré les travaux d’édification du musée.

"Que se passera-t-il quand les prêteurs voudront récupérer leurs œuvres et qu’adviendra-t-il des salles d’exposition dégarnies"?

A cet égard, il critique les centaines de milliers d’euros dépensés par le Maroc pour organiser la prochaine exposition parisienne sur "le Maroc contemporain" à l’institut du monde arabe (IMA).

Il avance que cet argent aurait du servir à alimenter un fonds d’art contemporain pour acquérir des œuvres au lieu de financer un évènement se télescopant avec celui concomitant du musée du Louvre portant sur "Le Maroc Médiéval".

Interrogé par notre rédaction, Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées du Maroc nous rassure en affirmant que le musée reçoit déjà des dons de particuliers et qu’il reste très optimiste. Il assure que d’ici la fin de cette exposition prévue dans un an, le musée Mohammed VI aura garni son portefeuille d’œuvres artistiques.

Malgré nos interrogations, il n’a cependant pas été en mesure de faire état d’une politique clairement définie et dûment chiffrée sur les achats d’œuvres, de dons, de donations et de legs.

Nombre de professionnels préférant rester anonymes, se disent dubitatifs sur le bien-fondé d’une stratégie qu’ils surnomment "attentiste" qui privilégie l’optimisme et les bons sentiments. Mais quoi qu’il en soit, c’est déjà un événement que le musée soit là. Ne faisons pas la fine bouche ni de procès d’intention. Attendons de voir.

Le deuxième point qui soulève de grandes réticences est le choix du parcours muséal de l’exposition. Prévu pour présenter 100 ans de création contemporaine marocaine, le parcours est chronologique au risque de "mélanger les pinceaux des visiteurs" et se faire au détriment des artistes majeurs de l’art moderne.

Selon Mehdi Qotbi, ce parcours est logique pour que les visiteurs aient une vue d’ensemble de l’art contemporain marocain. Pour une meilleure lisibilité, ils commenceront par découvrir les nouvelles générations d’artistes avant de se diriger vers les précurseurs de la création contemporaine.

Pour ses détracteurs, la présentation chronologique des artistes est un grand classique dans les institutions muséales qui peut nuire à la visibilité des grands artistes en se transformant en un "fourre-tout". Ils énoncent qu’il aurait été préférable de mettre en avant les écoles plutôt que les générations.

Pour éviter de léser les grandes figures de l’art contemporain, Fouad Bellamine aurait préféré que les choses aient une perspective historique rendant hommage aux créateurs de la mouvance artistique contemporaine qui sont la vraie vitrine artistique du Maroc.

Il faut rappeler que dans toutes les expositions du monde, il peut y avoir des mécontents et le Maroc avec l’ouverture de son premier musée d’importance nationale ne déroge pas à cette règle universelle.

Soulignons que le vrai challenge de ce musée sera avant tout d’attirer le grand public et particulièrement les enfants avec un prix du ticket d’entrée à 20 DH et à une journée portes ouvertes chaque vendredi.

La rédaction de Médias 24 lui souhaite bon vent.

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