Entretien. Les conseils de Mohcine Jazouli

Le marché du conseil en stratégie et organisation représente environ 700 MDH par an au Maroc et il est en croissance continue. L’un des leaders, le Marocain Valyans, va émettre des billets de trésorerie. L’occasion pour parler du conseil, de l’entreprise, de Valyans et des avancées internationales d’une enseigne bien marocaine.  

Entretien. Les conseils de Mohcine Jazouli

Le 23 septembre 2014 à 18h37

Modifié 23 septembre 2014 à 18h37

Le marché du conseil en stratégie et organisation représente environ 700 MDH par an au Maroc et il est en croissance continue. L’un des leaders, le Marocain Valyans, va émettre des billets de trésorerie. L’occasion pour parler du conseil, de l’entreprise, de Valyans et des avancées internationales d’une enseigne bien marocaine.  

Si Valyans consulting avait un visage, ce serait d’abord celui de Mohcine Jazouli, qui a fondé, animé et développé la première enseigne marocaine dans le domaine du consulting.

Cet homme discret, toujours jeune, n’est pas connu par le grand public mais il est apprécié par le monde des affaires où il est considéré comme un expert, un entrepreneur et un homme fiable.

Par discrétion évidente, il ne parle pas de ses clients mais on sait qu’il a accompagné le développement de plusieurs d’entre eux et pas des moindres, tout en travaillant sur des plans stratégiques pour le compte de donneurs d’ordre publics.

Valyans consulting est en train de devenir, toutes proportions gardées, une enseigne marocaine internationale, puisque l’entreprise a obtenu le label CFC et entamé un plan de développement en Afrique.

Pour accompagner son développement au Maroc et en Afrique et diversifier ses sources de financement, Valyans va émettre des billets de trésorerie pour un montant global maximum de 100 MDH. 

Valyans Conseil est un leader sur le marché marocain. Son chiffre d'affaires annuel est de 100 MDH pour un marché estimé à 700 MDH.

Ci-après, Mohcine Jazouli dont les apparitions dans la presse sont rarissimes, répond aux questions de Médias 24. 

 

Médias 24: Selon vos estimations, le chiffre d'affaires du secteur est de 700 MDH par an. Comment évaluez-vous l’évolution de cette demande sur ces dernières années?

Mohcine Jazouli: Il est clair que la demande de conseil a connu une belle croissance sur ces dernières années. 

Schématiquement, le conseil a pris son essor au milieu des années 90. Il était essentiellement porté par les entreprises privées de grande taille, désireuses de gagner en performance, et par le secteur financier, déjà mature en termes de consommation de conseil. 

Dans les années 2000, le secteur public a permis d’accélérer la croissance du secteur, grâce à la mise en place d’une nouvelle logique de développement sectoriel (lancement des grandes stratégies nationales telles que Emergence et PMV). 

Ces stratégies ont ensuite donné lieu à la naissance de nouvelles prestations axées sur leur déclinaison opérationnelle et leur mise en œuvre (PMO, …). 

Donc effectivement, la demande de conseil a nettement progressé, mais les besoins eux-mêmes ont connu une évolution significative. Cette évolution se poursuit toujours, avec de nouveaux besoins qui émergent et auxquels les cabinets de conseil les plus performants s’adaptent.

 

-Avec plusieurs majors installés au Maroc, et la majorité des grands plans sectoriels publics déjà mis en œuvre, peut-on dire que le secteur du conseil a atteint sa vitesse de croisière ?

Si l’on se réfère au comportement de ce secteur sur des marchés plus matures comme le marché européen ou le marché américain, on peut aisément affirmer que le secteur a encore de nombreuses années de croissance devant lui.

Ma conviction est que le secteur du conseil en stratégie et en organisation devrait poursuivre son développement dans les années à venir, comme je l’ai dit, avec une évolution des besoins, une tendance à la spécialisation pour répondre aux exigences croissantes des clients, aussi bien publics que privés.

Au Maroc, la croissance du secteur devrait être tirée essentiellement par les facteurs suivants :

- Adaptation des plans stratégiques sectoriels définis en fonction des évolutions que connaissent les secteurs d’activité concernés, et plus largement, de la conjoncture économique actuelle, au Maroc et à l’international ;

- Territorialisation des plans sectoriels définis, en collaboration avec les régions et les fédérations professionnelles concernées.

Ceci si l’on se limite au seul potentiel du marché local. Les perspectives sont évidemment bien plus larges si l’on envisage un développement à l’échelle de la sous-région voire du continent.

 

-Selon vos propres chiffres, 80% de votre chiffre d’affaires provient de commandes publiques. Cette proportion pourrait-elle s’appliquer à tout le marché?

Il est évident que le secteur public est l’un des principaux demandeurs de prestations de conseil au Maroc, ce qui est particulièrement vrai pour les principaux cabinets du secteur à l’image de Valyans Consulting.

Il est important de souligner que le secteur public englobe des structures très diverses allant d’entreprises à fort enjeux de rentabilité, aux départements ministériels et aux organismes de régulation. Ainsi en s’adressant au secteur public, les cabinets de conseil répondent à la fois à des problématiques de gestion d’entreprises et de politique publique.

Par ailleurs, nous savons tous que ce poids de la commande publique se retrouve au niveau de plusieurs secteurs de l’économie marocaine et ne constitue en aucun cas une singularité.

 

-Le secteur arrive-t-il à séduire ou adapter son offre aux structures de petite taille?

Le tissu économique marocain est constitué à 95% de PME qui, si elles sont majoritaires par leur nombre représentent une part très limitée de la demande de conseil. Ceci s’explique par deux principaux facteurs.

D’abord la fragilité d’une bonne partie de ces acteurs sur le plan financier, rendant le prix des prestations de conseil trop onéreux. Le second facteur est d’avantage d’ordre culturel. Le conseil n’a pas encore totalement gagné ses lettres de noblesses aux yeux des dirigeants de petites structures et la valeur ajoutée qu’il peut apporter n’est pas encore totalement perçue.

Toutefois, ces entreprises sont en pleine mutation et représentent un marché potentiel qu’il faut savoir adresser. Il s’agit de gagner la confiance des petites structures pour les accompagner et accélérer leur développement.

 

-Les communes urbaines/régions sont-elles clientes? Que peut leur apporter le secteur, sinon?

-Nous comptons déjà quelques régions parmi nos clients et les communes font de plus en plus appel aux services de cabinets de conseil.

Avec la régionalisation, la tendance s’accentuera certainement. Ces entités ont besoin de définir et de promouvoir leur stratégie, de s’organiser pour faire face à leurs nouvelles prérogatives, de se faire accompagner pour concrétiser les projets sur le terrain.

 

-La présence de grands noms internationaux entrave-t-elle l’expansion de cabinets locaux comme le vôtre ?

Absolument pas, la présence de grandes marques internationales a contribué à accroître le potentiel du secteur et à tirer la qualité des prestations vers le haut.

Plus un marché est concurrentiel, plus ses acteurs sont dynamiques et innovants. Il faut juste veiller à mettre en place un cadre adéquat pour que la valeur ajoutée générée par ces opérateurs profite au pays sur la durée et qu’ils ne soient pas dans une logique opportuniste et court-termiste.

L’Etat doit faire preuve de discernement pour identifier et soutenir les véritables développeurs…

 

-Quels canaux avez-vous emprunté pour la prospection de nouveaux clients sur le continent africain?

Nous exploitons plusieurs canaux:

- Nous assurons une veille au niveau des appels d’offres publiés par les différents pays ciblés

- Nous participons à des évènements de mise en relation commerciale : forums, salons…

- Nous contactons directement des prospects stratégiques

 

-Pourquoi n’avez-vous pas pensé à vous organiser, entre opérateurs ?

Il existe aujourd’hui une Fédération des Services. Mais son périmètre est vaste et ne nous permettrait pas de nous retrouver entre professionnels directs des métiers du conseil. C’est la raison pour laquelle il y a quelques années, une tentative a été faite de regrouper les acteurs nationaux et internationaux, mais elle n’a malheureusement pas abouti. Je lance donc un nouvel appel à mes confrères pour initier une nouvelle démarche qui permettrait à la profession de se structurer.

 

-A l'issue d'au moins vingt ou trente ans d'activité, ce qu'il peut nous dire de l'entreprise marocaine: quelles sont les mutations? quels défis à venir? quelle est la part du culturel dans le management?

Difficile de répondre à cette question sans passer pour un donneur de leçons…

Je propose une réponse macro-économique:

Si je ne devais retenir qu’une conviction, je dirais que l’entreprise marocaine doit croître pour devenir une grande entreprise.

Notre tissu d’entreprises a besoin de se consolider, de cesser d’être atomisé, fragmenté, pour compter beaucoup plus d’entreprises à capitaux privés de taille importante.

C’est une nécessité absolue et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons structuré une offre de corporate finance pour accompagner certaines opérations de fusion-acquisition.

Nos entreprises doivent être plus fortes pour reconquérir leur marché domestique et attaquer de nouveaux marchés. Cette mutation est la seule vraie solution à nos maux: création d’emplois, augmentation des exportations, baisse des importations…

Tout le reste est sous-jacent: augmentation de la productivité, amélioration de la compétitivité, montée en gamme, maximisation de la valeur ajoutée créée, innovation…

 

-Quel est l’élément le plus marquant dans l’évolution récente de l’entreprise marocaine?

C’est son ouverture sur le monde, l’entreprise qui était “localo-locale“ a levé le nez et regarde le reste du monde.

 

-En quelques mots, qu’est-ce qui fait la réussite?

Je crois que la réussite, c’est la conjonction de plusieurs facteurs. Avant tout, la réussite, c’est des vents favorables. C’est aussi un port de destination. Il est important de se fixer une ambition, comme son nom l’indique, ambitieuse.

Il faut du rêve pour qu’il y ait une réussite.

Un rêve, un objectif, une ambition, et des moyens. Les moyens, c’est avant tout des femmes et des hommes.

 

-Quelles sont les qualités d’un dirigeant ?

Savoir d’entourer.

 

-Et d’un entrepreneur?

Prendre les bons risques.

Les bons risques, c’est une conjonction entre l’effort qu’on fournit, le capital qu’on investit, l’énergie qu’on dépense et le potentiel retour sur investissement dans un délai raisonnable, ni trop rapide ni trop long.

 

-Est-ce qu’on peut parler de nouvelle génération de dirigeants d’entreprises?

Fatalement.

La principale différence, c’est cette ouverture sur le monde.

Il y a une meilleure connectivité sur le reste du monde. On le sent.

 

-L’opportunisme est-il une qualité pour un dirigeant?

Quand ce n’est pas la seule caractéristique, oui c’est une qualité.

Etre opportuniste, c’est anticiper sur les opportunités à venir.

 

-Et si on est intègre ou idéaliste, est-ce que ce n’est pas un handicap dans le monde actuel?

Pas du tout, à long terme, c’est une qualité et l’entreprise est un agenda à long terme.

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