Subsahariens à Tanger : “1.000 sont partis, 1.000 autres sont venus”

A Boukhalef, un quartier de Tanger, les habitants expriment leur exaspération face à l’absence de l’Etat. Des bars clandestins et des squats ont disparu mais la question des sans-papiers est loin d’être réglée.  

Subsahariens à Tanger : “1.000 sont partis, 1.000 autres sont venus”

Le 20 août 2014 à 21h29

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

A Boukhalef, un quartier de Tanger, les habitants expriment leur exaspération face à l’absence de l’Etat. Des bars clandestins et des squats ont disparu mais la question des sans-papiers est loin d’être réglée.  

Alors qu’entre le dimanche 10 août et le mardi 12 août, un millier de Subsahariens ont pu quitter Tanger et ses côtes à bord de canots pneumatiques en direction des côtes andalouses, ce départ a créé un effet d’appel important sur d’autres groupes de Subsahariens de Casablanca, Rabat, Fès ou Nador. Au quartier Boukhalef, les familles marocaines veulent que les choses changent « une fois pour toutes ».

A Boukhalef, à Al Irfane 2, les mauvais souvenirs des incidents de décembre 2013, de juin 2014 et à nouveau des violences du vendredi 15 août dernier sont encore frais. En décembre, la mort d’un jeune Camerounais retrouvé au pied de son immeuble après une chute avait provoqué de graves incidents ; en juin, un appartement servant de bar avait été incendié par des résidents marocains du quartier ; vendredi dernier, des jeunes du quartier avaient attaqué à l’arme blanche des groupes de Subsahariens.

Pas de commissariat à Al Irfane II

Parmi le millier de Subsahariens qui vivait à Boukhalef avant la vague de pateras de la période du 10 au 12 août, seule subsiste une petite vingtaine parmi « les anciens ». Cette semaine, la quasi-majorité des jeunes Camerounais, Ivoiriens, Maliens ou Centrafricains qui se trouvent à Boukhalef sont arrivés en provenance d’autres villes marocaines dans les heures qui ont suivi « l’ouverture » vers les côtes espagnoles de la semaine dernière.

Cette situation irrite les familles marocaines du quartier qui se plaignent des squats, des appartements transformés en bars et de l’absence des autorités et d’une politique réfléchie « pour faire face à une situation qui se dégrade mois après mois ». Longuement rencontrés au cours de ces derniers jours, les habitants du quartier continuent de se plaindre des mêmes maux qu’il y a huit mois.

Avec ses près de 10.000 habitants selon une source proche du caïd d’arrondissement et son millier de Subsahariens sans papiers, Al Irfane II ne dispose ni d’un commissariat de police, ni d’un poste de protection civile, ni d’un dispensaire. Des rondes de police quotidiennes dans le quartier sont également inexistantes.  Depuis deux mois, une mosquée a ouvert ses portes et un collège devrait faire de même à la rentrée prochaine.

Squats et bars clandestins

Les squats existent et ils sont nombreux. Plusieurs appartements étant inoccupés par leurs propriétaires, les jeunes Subsahariens les occupent ou les sous-louent à plusieurs. Certains bâtiments sont squattés à 100%, mais depuis la vague de départs de la semaine dernière, des propriétaires aidés d’habitants du quartier et des gardiens commencent à récupérer certains appartements.

Originaire de Casablanca, Ahmed Taouaf était à Al Irfane II cette semaine où il supervisait les travaux de son appartement acheté à Addoha. Il était squatté depuis près d’un an. En bas de l’immeuble, dans un coin donnant sur une allée, des jeunes Subsahariens ont installé un abri de fortune, dormant à la belle étoile, à l’abri des regards.

Les habitants, le pharmacien du quartier, le boucher ou le gérant de l’agence immobilière se plaignent des attroupements. « Parfois, il y a 10, 20 ou 30 personnes regroupées au seuil de notre commerce ; on a peur et on ne se sent pas chez soi » indique le jeune boucher qui a ouvert il y a deux mois. Tous semblent dirent que certaines limites ont été atteintes.

Selon Amine Yahia, « nous avons fait des efforts avec ceux qui étaient là avant, il y a eu des incidents mais avec les nouveaux arrivants, nous ne sommes pas disposés à faire le même effort si les Subsahariens ne respectent pas les habitants du quartier et si les autorités n’appliquent pas la loi ».

Selon un voisin d’Amine, « ceux qui ont leurs papiers peuvent rester, et pour les autres, l’Etat doit prendre ses responsabilités. Pourquoi la police n’intervient pas lorsque les habitants appellent pour du tapage nocturne ? » demande-t-il.

Les habitants réclament également la suppression pure et simple des bars clandestins dans certains appartements. Après l’incendie qui avait touché un des débits d’alcool clandestin, « leur nombre a diminué » m’indique un habitant qui estime qu’ « il en existait  sept » jusqu’au mois de juin dernier.

Des Subsahariens quittent Tanger, d’autres arrivent. Ils quittent le Cameroun ravagé par les inégalités sociales ou la Côte d’Ivoire en convalescence d’une longue guerre civile, traversent le Mali, le désert algérien et une frontière fermée, celle qui sépare le Maroc de l’Algérie.

Un rapport de l’Unicef publié ce mardi 12 août révèle que 40% des naissances dans le monde en 2050 auront lieu en Afrique.


 

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