Ahmed Boukouss: “L’Ircam doit devenir une force de proposition face au gouvernement”

La direction de l’Ircam a envoyé une note à son personnel l’invitant à formuler ses recommandations pour ainsi participer à la révision des textes fondateurs de cet institut, notamment le statut du personnel et le règlement intérieur.    

Ahmed Boukouss: “L’Ircam doit devenir une force de proposition face au gouvernement”

Le 17 juillet 2014 à 16h31

Modifié 17 juillet 2014 à 16h31

La direction de l’Ircam a envoyé une note à son personnel l’invitant à formuler ses recommandations pour ainsi participer à la révision des textes fondateurs de cet institut, notamment le statut du personnel et le règlement intérieur.    

Ces propositions seront ensuite envoyées au gouvernement.

Après le tissu associatif amazigh qui ne cesse de dénoncer le retard qu’accuse la mise en œuvre de la loi organique relative à l’officialisation de l’amazigh comme prévu par la nouvelle constitution, c’est au tour des chercheurs  de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) de réagir face à cet attentisme. Aujourd’hui, ils demandent à ce que l’IRCAM devienne un acteur influent face au gouvernement, et ce avant l’approbation par le gouvernement de la loi sur l’amazigh.

Recueillir les recommandations

Dans ce cadre, une note interne a été envoyée par la direction de l’institut à son personnel afin de recueillir ses recommandations avant le 18 juillet. "Quand l’administration aura recueilli les propositions, nous allons constituer un comité pour mettre tout ça en forme et envoyer nos propositions au gouvernement. Tous ceux qui travaillent à l’Ircam sont concernés", déclare à Médias 24 Ahmed Boukouss, recteur de l’Ircam.

"Notre institut existe depuis une douzaine d’année, ce qui lui a permis d’accumuler beaucoup d’expérience, il est donc normal que l’IRCAM se penche sur cette expérience, pour voir ce qui doit être sauvegardé, abandonné ou amendé. Cette initiative permettra aussi à l’Institut de donner son avis sur la loi concernant le conseil national des langues, et ainsi devenir une force de proposition face au gouvernement", ajoute-t-il. 

Cette initiative est-elle une réaction face à une éventuelle crise interne au sein de l’Ircam? Non, répond M. Boukouss," il s’agit plutôt d’une réactivité par rapport à un environnement marqué par un certain attentisme de la part du gouvernement concernant la préparation de la loi sur l’amazighe. Tant que la loi n’est pas promulgué, nous n’avons pas de visibilité, donc le personnel s’interroge sur ce qu’adviendra de l’IRCAM. Ce n’est pas une crise, mais un reflexe vital d’un corps sain qui se penche sur le destin de son institution", explique-t-il.    

"L’amazigh a accumulé un retard historique sur tous les plans"

Mais plus que l’attentisme du gouvernement, les chercheurs de l’Ircam veulent palier les insuffisances liées à la généralisation de l’amazigh dans l’école marocaine et sa présence insuffisante dans les médias. "Il est vrai que l’amazigh a accumulé un retard historique sur tous les plans. Le programme de l’amazigh n’a pas la place qui lui revient dans les chaînes de télévision. Les artistes de culture amazighe vivent pour la plupart dans la précarité, alors qu’ils ont beaucoup donné à la culture marocaine. Mais nous ne pouvons pas régler l’ensemble des problèmes en un temps record", souligne M. Boukouss. "Cela n’empêche que plusieurs progrès ont été faits, notamment dans la culture, la langue, les médias ou encore l’enseignement", ajoute-t-il.  

Point d’interrogation sur les missions du Conseil national des langues

Par ailleurs, les chercheurs de l’Ircam s’interrogent sur les missions qu’aura le Conseil national des langues. "Ces interrogations sont légitimes et concernent non seulement l’Ircam, mais aussi l’institut pour les études hassani et l'Institut d'Etudes et de recherches pour l'arabisation se posent des questions (…), quelles seront les missions de ce conseil ? Y’aura-t-il des doublons? Quelle sera la place de ces institutions?", s'interroge M. Boukouss.

Défendre les acquis

Depuis sa création, l’Ircam a énormément apporté à la question amazighe: travail sur la langue, contributions dans le domaine de l’enseignement, de l’histoire, de la culture, des institutions, etc. "Nous considérons que ces acquis ne peuvent être abandonnés et souhaitons que ce travail soit pris en considération. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur l’alphabet tifinagh. Il s’agit là d’un acquis pour tous les Marocains", ajoute M. Boukouss.

L’Ircam intervient également auprès de beaucoup d’institutions, et œuvre pour l’implantation de la langue amazighe dans ces institutions. "Nous le faisons de manière légitime, et nous posons la question de savoir quelle sera la teneur des lois organiques. C’est une question également politique. Les partis vont intervenir. Il y a des partis qui soutiennent la cause, d’autres qui ont des réserves. Nous souhaitons que les réserves soient levées conformément à la constitution", conclut M. Boukouss.

Pour mémoire, l'Institut royal de la culture amazighe avait connu une grave par le passé. En février 2005, soit 2 ans et demi après son ouverture, sept membres de son Conseil d’administration avaient alors démissionné, justifiant leur geste en 3 points:

-L'enseignement : la généralisation de l'enseignement de l'amazigh.

-La présence de l’amazigh dans les médias audiovisuels publics.

-L’impossibilité des parents de donner des prénoms amazighs à leur progéniture.

Depuis, la situation s’est sensiblement améliorée, puisqu’il est désormais possible de donner des prénoms amazighs à ses enfants ; la langue amazighe est de plus en plus représentée dans les médias et l’apprentissage de la langue amazighe est obligatoire dans les écoles primaires.

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