Sonia Mezzour: quand le social devient un principe de management

Elle est épanouie et ne cache pas son ambition de poursuivre sa carrière dans l’administration publique, un témoignage qu’on n’entend pas tous les jours. Sonia Mezzour, secrétaire général de l’Aderee, croit dur comme fer que la restructuration dans le secteur public passe d’abord par la gestion des compétences.  

Sonia Mezzour: quand le social devient un principe de management

Le 9 juin 2014 à 17h30

Modifié 9 juin 2014 à 17h30

Elle est épanouie et ne cache pas son ambition de poursuivre sa carrière dans l’administration publique, un témoignage qu’on n’entend pas tous les jours. Sonia Mezzour, secrétaire général de l’Aderee, croit dur comme fer que la restructuration dans le secteur public passe d’abord par la gestion des compétences.  

A première vue c’est une femme, jeune, belle et très confiante. Aux premiers mots, elle est accueillante et d’une grande humilité. Avant de tisser les premières phrases de notre conversation, j’ai été invitée à déguster des abricots bio et bien frais, fruits de son propre jardin. Voilà un autre message de self made et de partage qui s’ajoute !

Le cursus de formation du secrétaire général de l’Aderee est bien particulier. Il est franco-germano- anglophone ! Sonia Mezzour a fait ses études à l’Ecole polytechnique de Zurich, puis un Master en mécanique et génie des procédés avec mineure en gestion d’entreprise. Pour la thèse de son Master, Sonia a choisi de pousser encore loin ses frontières jusqu’aux Etats-Unis, et plus particulièrement à Boston à l’université d’Harvard.

Sa première expérience professionnelle fut en Suisse, en tant qu’assistante de professeurs à l’Ecole polytechnique où elle étudiait. Quelques mois après, elle entame une carrière dans le secteur bancaire et ce, à différents postes. Elle fut conseillère du chef des opérations, business manager et conseillère des grands comptes et sociétés cotées. 

C’est la naissance de son premier enfant qui l’a "forcée" à démissionner d’un poste qui promettait une grande carrière à l’international, et à reprendre le chemin du pays.

Même après dix ans entre l’Europe et l’Amérique, le retour au Maroc n’a jamais été synonyme de regret.

Vers la fin des années 1990, Mme Mezzour a fondé une entreprise dans le secteur de la promotion immobilière, qui a plutôt très bien marché. Malgré le succès, il y avait quelque chose qui ne marchait pas. "J’étais frustrée. Il y a avait des bénéfices mais ce qui manquait c'était la contribution sociale de mon business, de mon parcours."

 Des finances à l’immobilier et aux énergies renouvelables

En 2010, l’ingénieur de l’Ecole polytechnique a été approchée pour devenir conseillère du ministre de l’Energie de l’époque. Quelques mois plus tard elle a été nommée premier secrétaire général de l’Aderee, qui selon ses propres termes, reste la plus exceptionnelle des expériences qu’elle a vécues dans sa carrière professionnelle.

Mais, pourquoi ?

Une femme jeune et moderne dans l’Administration publique. C’était ça le premier défi. Mais un défi qui lui est cher au cœur car, pour elle, faire carrière dans le public n’était pas une chose lointaine ou inattendue. "A l’Aderee, j’ai retrouvé cette dimension sociale que j’ai toujours cherchée. Ici, ce que vous réalisez vous le constatez dans la vie des hommes et des femmes que vous dirigez. "

Comment est ce possible ?

A cette question Sonia nous répond en toute simplicité, mais en toute logique aussi: "C’est le fait de donner à toutes ses compétences jadis marginalisées et frustrées l’occasion de faire carrière, d’être responsable et de faire preuve de beaucoup d’implication. Le vrai défi était de redresser un organisme public en difficultés (Centre du développement des énergies renouvelables), qui se cherchait depuis des années, et avec les moyens existants. Il y avait beaucoup de compétences mais aussi beaucoup de frustration qu’il fallait transformer en motivations", assure Mme Mezzour.

Déterminée et réaliste, elle considère que sa mission était d’apporter un changement … pour le bien. Mais le changement n’est pas toujours le bienvenu. «Sincèrement, je n’ai pas laissé le choix à mes collaborateurs. J’ai été certaine de ma méthode et de mes décisions», rétorque-t-elle en toute assurance. Et d’ajouter: "je n’avais pas à m’adapter à leur rythme, cela a dû certainement les choquer au départ mais avec le temps ils se sont adaptés au nouveau système car ils avaient toutes les compétences qu’il faut, mais pas l’habitude".

Pour le SG de l’Aderee, la difficulté est aussi d’hériter d’un centre en difficulté et de vouloir changer cette image dans la mémoire des opérateurs marocains et étrangers. "En tant que fonctionnaires, nous sommes l’image du Maroc à l’international. C’est pour cela que nous avons lancé il y a deux ans le programme «Mouassassa diali" (mon institution) dont l’objectif est de fédérer les fonctionnaires de l’Aderee et d'ancrer dans leur quotidien la culture du résultat et de la performance. Les résultats ont été très satisfaisants: nous avons réussi à formaliser tous les processus de l’agence et dans quelques mois nous seront labellisés Iso 9001», précise Sonia.

Mais, restructurer l’Aderee a été un challenge qu’il fallait à tout prix remporter: "je suis une femme de défi, je n’aime pas les choses faciles à gagner. Je m’ennuie dès que tout va bien. Il faut que je mène des défis en continu et que je les remporte l’un après l’autre ».

Et… le défaut ?

"C’est d’être une femme perfectionniste. C’est d’ailleurs très féminin comme défaut. Nous sommes minutieuses dans notre travail, nous nous arrêtons sur les détails et nous donnons beaucoup pour nous épanouir et réussir", dit Sonia. 

Parlant de la situation de la femme manager dans l’Administration marocaine, Mme Mezzour pense que la femme a la même place et le même rôle que l’homme. Seule la compétence est le critère de distinction. "Aujourd’hui, il y a des femmes à la tête de grands offices, y compris des offices stratégiques". Pour elle, la tradition et l’éducation marocaines ont inculqué dans nos esprits une connotation assez particulière de la femme. "Je suis passée par plusieurs expériences et milieux professionnels, mon constat aujourd’hui est qu’au Maroc on est moins misogyne qu’ailleurs."

Du CDER à l’Aderee

Acteur principal de la stratégie nationale d’efficacité énergétique, l’Aderee a lancé plusieurs programmes et chantiers. Une des plus grandes réalisations de l’Agence depuis sa création, est la stratégie territoriale en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique Jihatinou (ma région en arabe et en amazigh). Primée parmi les 100 innovations africaines pour le développement durable, Jihatinou place les citoyens et leurs élus locaux au cœur des objectifs énergétiques du Maroc.

Il y a également le programme Shemsi, programme national des chauffe-eaux solaires qui vise l’installation de 1,35 millions de m2 de chauffe-eaux solaires à l’horizon 2020, le Ceeb, programme du code d’efficacité énergétique dans le bâtiment et le PEEI, programme d’efficacité énergétique dans l’industrie.

Les perspectives de carrière

Pour notre ingénieur, le plus beau est à venir. Professionnellement parlant, le chemin de sa carrière est encore à ses débuts et ses ambitions sont encore plus grandes. Quelles sont ses ambitions ? Le sourire, en guise de réponse. Sans les dévoiler, il est évident que Sonia trace son avenir dans le secteur public, au service de son pays.

Toutefois, en termes de priorité, sa carrière vient en troisième position : santé et famille d’abord. "J’ai besoin de mon travail mais je suis aussi très présente à la maison. Sans être un micro manager ici ou là-bas, je sais ce qui se passe dans mon jardin, je fais mes courses, je fais mon menu, je reçois mes invités… ", assure-t-elle.

"Quand on a un poste de responsabilité, on doit fournir un effort très dense au départ. Les deux premières années à la tête de l’Aderee étaient des plus chargées et plus dures. Il fallait redresser l’institution le plus vite possible : tout se jouait au début. C’est une règle d’or pour tous les managers. Mon travail avait certes pris le pas sur ma vie. Je travaillais à des heures tardives le soir. Mais c’était un mal nécessaire. Et, c’est grâce à toute l’équipe que nous avons réussi cette restructuration", se félicite Mme Mezzour.

Au témoignage de l’un de ses collaborateurs, des plus anciens fonctionnaires de l’Agence, Sonia Mezzour est parmi les rares dirigeants qui connaissent personnellement tous ses collaborateurs. De sa secrétaire au chauffeur, elle sait tout sur la vie des 150 fonctionnaires sous sa direction: leurs problèmes bancaires, de santé, leur situation familiale, les naissances et les décès ! C’est certainement une des clés de la transformation totale de cette institution : la gestion de toute entreprise passe par son capital humain.

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