FMI : les messages clés de Christine Lagarde pour le Maroc

Devant les membres du Conseil économique et social, la DG du FMI a donné ses recommandations. Le Maroc doit faire plus pour lutter contre le chômage des jeunes, l’Etat doit affirmer son rôle de régulateur, appuyer les PME et promouvoir le travail des femmes.  

FMI : les messages clés de Christine Lagarde pour le Maroc

Le 8 mai 2014 à 17h46

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Devant les membres du Conseil économique et social, la DG du FMI a donné ses recommandations. Le Maroc doit faire plus pour lutter contre le chômage des jeunes, l’Etat doit affirmer son rôle de régulateur, appuyer les PME et promouvoir le travail des femmes.  

La DG du FMI a présenté à Rabat jeudi 8 mai, en avant-première devant les membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE), les résultats de l’étude Construire l’avenir : emplois, croissance et équité dans le monde arabe. Cette étude sera ensuite présentée à la Conférence régionale d’Amman en Jordanie dans quelques jours. A cette occasion, elle a délivré quelques messages forts pour l’économie marocaine.

Selon Christine Lagarde, le programme entre le Maroc et le FMI est un signal envoyé aux marchés que le pays s’est engagé dans la voie des réformes et qu’il est un débiteur fiable. C’est un gage de confiance. Le FMI est prêt à continuer à appuyer le Maroc dans cette voie.

L’intégration régionale est à privilégier pour le développement de la région

Comme l’a rappelé Nizar Baraka, Président du CESE, Christine Lagarde a appelé plusieurs fois à privilégier l’intégration régionale comme piste pour le développement du pays et a exhorté les pays à conclure un accord régional sur l’investissement. Interpelée par le CESE sur la position stratégique du Maroc plus proche de l’Afrique que du Moyen-Orient, Christine Lagarde a assuré que cette caractéristique serait désormais mieux prise en compte dans les analyses du FMI.

Il faut combattre le chômage, en particulier celui des jeunes

Les pays de la région, dont le Maroc, connaissent une crise de l’emploi d’autant plus dévastatrice qu’elle touche surtout les jeunes, dont le taux de chômage est près de 2 fois supérieur à la moyenne nationale. Au Maroc, il est de 20,2% contre 10,2% pour la moyenne nationale, selon les derniers chiffres du HCP. Ce problème est d’autant plus grave que les jeunes représentent une part importante de la population dans la région MENA.

Mais loin d’être un poids mort, cette jeunesse est un « dividende démographique fort qui peut être un atout pour la région ». Pour cela, il faut créer une économie dynamique capable de créer les emplois nécessaires et pour ce faire, le taux de croissance doit être doublé.

L’Etat est un pilier central du développement…

L’Etat a deux rôles essentiels à jouer :

Sur le plan économique, il doit être un soutien des TPE et PME qui sont « l’épine dorsale d’une économie saine ». La région Mena en général, et le Maroc en particulier, sont en retard dans ce domaine, le nombre de TPE/PME pour 1.000 habitants étant en moyenne 2 fois moins important qu’en Europe Centrale ou en Asie Centrale, avec un poids important du secteur informel. L’Etat doit donc assurer la cohérence de ses politiques économiques pour favoriser l’émergence de ce tissu de TPE/PME et instaurer un dialogue de compétitivité avec les entrepreneurs, tout en favorisant la transition de l’informel vers le formel.

Sur le plan social, l’Etat doit œuvrer au renforcement de la classe moyenne : au Maroc, comme dans d’autres pays de la région, la situation de la classe moyenne ne s’est pas améliorée depuis les années 1990, alors que la croissance était plus forte qu’aujourd’hui. Les fruits de la croissance n’ont donc pas été partagés. Or une classe moyenne solide renforce la cohésion sociale et est souvent le vivier de l’entrepreneuriat.

…mais doit être plus un régulateur que le premier employeur du pays

L’Etat a pris trop de place dans certains secteurs, notamment le secteur productif, et doit savoir s’en retirer pour s’investir davantage dans d’autres, tels que l’éducation ou la santé. « Si le secteur public se retire, le secteur privé aura l’espace pour croître ». Le vrai rôle de l’Etat est celui de régulateur impartial et intègre.

Les domaines à privilégier pour une intervention publique efficiente

Les politiques publiques doivent être orientées de façon à privilégier l’accès de tous au marché du travail. Dans cette perspective, les investissements dans les infrastructures, l’éducation, la santé et les systèmes de protection sociale ciblée sont des choix bien plus pertinents que le financement de systèmes de subventions généralisés qui ont des effets pervers tant sur les finances publiques que sur l’environnement.

Le renforcement du rôle de l’Etat comme pilier central du développement passe également par une lutte contre les situations de rentes et la promotion d’une économie plus participative. Et pour cela, la bataille se joue sur 3 fronts :

La mise en place d’un environnement propice au secteur privé qui passe notamment par une amélioration de l’accès et des conditions de financement des entreprises, mais aussi par la levée des barrières tarifaires et non tarifaires ;

La création d’emplois pour les jeunes et la promotion de la participation des femmes au marché du travail : l’écart de participation hommes/femmes dans la région MENA est 3 fois plus élevé que dans les autres pays émergents et en développement ;

L’application impartiale des règles, la transparence et la bonne gouvernance étant les garants de l’équilibre du rôle de l’Etat. « Quand la gouvernance est fragile, la confiance est fragilisée » a rappelé Christine Lagarde.

La visite marathon de Christine Lagarde s’est ensuite poursuivie par un déjeuner avec Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib. Il y a fort à parier que la question de la fixité du taux de change, évoqué un peu plus tôt comme un levier important de la politique commerciale, aura été au menu.

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