Baromètre de conjoncture de la CGEM: Mauvais trimestre pour l’entreprise marocaine
Les témoignages des 600 patrons marocains qui ont participé à l’enquête traduisent la morosité ambiante. 42% d’entre eux considèrent que la situation économique actuelle est mauvaise. La moitié n’investira pas dans les 3 prochains mois.
Baromètre de conjoncture de la CGEM: Mauvais trimestre pour l’entreprise marocaine
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Nabila Fathi
Le 6 mai 2014 à 14h05
Modifié 6 mai 2014 à 14h05Les témoignages des 600 patrons marocains qui ont participé à l’enquête traduisent la morosité ambiante. 42% d’entre eux considèrent que la situation économique actuelle est mauvaise. La moitié n’investira pas dans les 3 prochains mois.
Menée auprès de 600 dirigeants d’entreprises de divers horizons et toutes tailles confondues, cette enquête a sondé au cours du premier trimestre 2014, du 10 février au 21 mars exactement, les patrons sur l’activité économique du pays, le climat des affaires, la problématique de la trésorerie…
Mauvaise perception de la situation économique
Le ton est donné dès les premières pages du rapport. 42% de l’échantillon considèrent la situation actuelle mauvaise. Seuls 14% la jugent bonne. Les 44% restant ont un avis mitigé.
Les conditions ne font donc que se détériorer par rapport au trimestre précédent. Les statistiques le confirment. Ainsi, 34% des dirigeants interviewés notent une dégradation de la situation économique en général. Ils sont 14% à faire preuve d’optimisme en déclarant une amélioration à ce sujet. Un optimisme qui gagne du terrain quant aux perspectives d’évolution dans les trois mois à venir. 43% de l’échantillon pensent que les choses iront mieux, contre 16% qui s’attendent à un plus grand affaiblissement de l’économie nationale. Le cabinet de sondage note ainsi un gain de confiance de 6 points comparativement au précédent trimestre.
Perception sectorielle : le statuquo règne
La tendance est la même aussi bien en termes de perception sectorielle que générale. Pour 45% des personnes consultées, leur secteur est en mauvaise passe. 16% seulement en sont satisfaits. 55% des dirigeants notent un statuquo par rapport au quatrième trimestre 2013, quand 33% perçoivent une dégradation de la situation et 11% une amélioration.
2 dirigeants sur 5 s’attendent toutefois à une reprise dès le prochain trimestre.
L’entreprise mieux positionnée que son secteur d’activité
Sur une plus petite échelle, celle de l’entreprise, les avis sont plus modérés. 48% des questionnés estiment que la situation n’est ni bonne, ni mauvaise. Elle est mauvaise pour 31%, bonne pour 22%. La perception est donc plus positive que celle exprimée à l’égard de la situation économique sectorielle et globale.
Comparée au précédent trimestre, la situation est restée la même pour 61% de l’échantillon, s’est détériorée pour 26% et s’est améliorée pour 13%.
L’espoir en une reprise au titre du prochain trimestre est grand. En tout cas, 8 points sont gagnés à ce sujet. Dans les détails, 46% des sondés ont un pressentiment positif. 42% ne s’attendent à aucun changement. 12% craignent le pire.
Trésorerie : talon d’Achille de l’entreprise marocaine
Sans grande surprise, l’un des indicateurs les plus affectés par la morosité économique ambiante est celui de la trésorerie. Son état est tout simplement mauvais pour 46% des dirigeants, en perte de vitesse par rapport à la fin 2013. La situation est mitigée pour 38% et bonne pour seulement 15%. Détail qui a son importance : il s’agit de la seule rubrique où aucun dirigeant ne juge la situation très bonne !
Mais en gros, tous les indicateurs, qu’ils soient relatifs aux exportations, stocks, carnets de commandes, capacités de production, rentabilités, chiffres d’affaires… font l’objet d’une perception négative, en net recul par rapport au quatrième trimestre 2013.
Dans le lot, certains profils d’entreprises ont des perceptions significativement différentes de la moyenne. Exemple : « Les opérateurs BTP évaluent plus négativement la rentabilité de leur entreprise. Les unités de plus de 200 employés évaluent, quant à elles, plus positivement la situation de leur carnet de commande », peut-on lire dans le rapport.
Seule note positive : la confiance en l’avenir et ce pour l’ensemble les indicateurs, y compris la trésorerie. Au moins 38% y croient.
Autre petite distinction, cette fois-ci géographique : Les entreprises basées dans la région casablancaise sont les plus optimistes contrairement aux rbaties plus méfiantes quant à ce que peut réserver l’avenir à court terme.
Pertes d’emplois : les entreprises du BTP sont les plus touchées
On ne peut pas dire que c’est la période des recrutements en masse. Pour plus de 60% des dirigeants, il n’y a pas eu de changement et il n’y en aura pas lors du prochain trimestre. L’effectif sera appelé à augmenter pour 24% et à diminuer pour 16%. Les unités du BTP sont celles qui ont le plus réduit le nombre de leurs employés. 39% d’entre elles ont subi des pertes sèches d’emplois. Celles comptant plus de 200 salariés ont à contrario étoffé leurs équipes. 23% d’entre elles y ont procédé.
Investissement : pas pour le moment !
Seules 28% des entreprises ont investi durant les 3 derniers mois. En baisse par rapport au 4ème trimestre de 2013. Précisons aussi que 49% des entreprises qui ont le plus investi au cours des trois derniers mois ont un capital majoritairement étranger.
La situation s’arrangera relativement au cours deuxième trimestre 2014. 50% des entreprises restent catégoriques : elles n’investiront pas. 40% investiront, ou pensent le faire probablement.
Climat des affaires : la fiscalité, premier handicap
7 points de recul par rapport à la fin 2013 ! La perception est loin d’être positive pour 38% des interviewés. Le facteur le plus décrié est sans conteste l’accès au financement, jugé difficile pour 60% des dirigeants. La fiscalité vient en deuxième lieu, suivie du système judicaire, du manque de compétitivité des entreprises marocaines et du mauvais climat social.
Gouvernement : peut mieux faire
L’action du gouvernement est jugée insatisfaisante à tous points de vue. Son bilan quant à l’indexation des prix du carburant ; la réforme du système des agréments, la loi sur les délais de paiements ou encore la loi de finances qui est en deçà des attentes. Les insatisfaits dépassent en moyenne les 50%.
L’équipe au pouvoir devra faire de l’éducation, la justice, la santé et la fiscalité ses principaux chantiers prioritaires, selon les résultats du baromètre.
Crise économique et concurrence déloyale préoccupent les dirigeants
A la question de savoir quels sont les facteurs qui pourront menacer l’entreprise au cours des trois prochains mois, 17% des personnes sondées ont identifié la crise économique en premier lieu. 16% ont fait référence aux créances impayées. Le manque de compétitivité à l’international ainsi que la crise sociale ont été cités respectivement pour 7% des sondés.
Cependant, la principale préoccupation a trait à la concurrence déloyale. L’accès au financement, la disponibilité des ressources humaines qualifiées, l’environnement réglementaire et normatif ou encore le climat social ne sont cités qu’après comme source de préoccupation.