Si la manifestation du 1^e mai 2013 avait déjà prouvé la capacité de mobilisation des troupes syndicales du vieux parti nationaliste, il semble que ce ne soit qu’un avant-goût de la prochaine édition. Pour ne pas rééditer les récents échecs des marches organisées par d’autres syndicats, les préparatifs au sein de l’UGTM vont bon train depuis plusieurs mois pour préparer un 1^e mai explosif.

C’est une préparationsans précédent qui a lieu pour la célébration de la fête du travail. Le rassemblement qui se prépare promet de battre le record des taux de participation précédents afin de mettre une pression accrue sur le gouvernement Benkirane.

Contacté par notre rédaction, le patron des travailleurs de l’UGTM, Mohamed Kaffi Cherrat affirme que le 1^e mai prochain devrait réserver de grandes surprises au gouvernement Benkirane.

Il poursuit que «l’appareil du parti a été mis à contribution pour mobiliser la venue de sympathisants de toutes les régions du Maroc». Il révèle que si l’année dernière, 900 bus avaient été affrétés par les organisateurs, cette année ce ne sont pas moins de 2.500 bus qui seront mis à disposition par les sections locales pour rameuter un maximum de manifestants et ratisser large».

Si en 2013, le syndicat s’était enorgueilli d’avoir réalisé un franc succès en rassemblant à lui seul près de 50.000 protestataires, il annonce tabler cette année sur la participation d’au moins 120.000 personnes.

Pour l’édition 2014, les troupes de l’UGTM ne défileront pas dans la rue comme ce fut toujours le cas depuis la création du syndicat. Le traditionnel défilé du 1^e mai qui arpentait les avenues de la capitale aura pour la 1^e fois de son histoire lieu à huis clos dans le stade de football Moulay Abdellah de Rabat.

Notre interlocuteur affirme que ce stade d’une capacité de plus de 100.000 personnes est plus pratique pour accueillir les manifestants qui viennent souvent de lointaines régions du Maroc et que le choix du stade répondrait à des impératifs d’efficacité.

Interrogé sur l’éventuel moindre retentissement de cette manifestation à portes fermées, Kaffi Cherrat assure que le but de l’endroit choisi est que la «démonstration de force se joue à guichet fermé afin de délivrer le message à qui de droit».

Rappelons que les dernières marches ou appels à la grève lancés par la fédération des boulangers ou le front syndical UMT-CDT-FDT n’ont pas battu des records d’affluence et n’ont pas frappé les esprits. Il apparaît que l’UGTM a retenu la leçon car pour reprendre l’expression du syndicaliste, «chat échaudé craint l’eau froide». Il affirme avoir appris des erreurs des autres syndicats et que cette fois, l’UGTM va «de manière festive prouver sa capacité de nuisance au gouvernement qui n’aura d’autre choix que de prendre au sérieux ses doléances».

A l’issue de la réunion du mardi 15 avril, Benkirane avait promis aux partenaires sociaux de délivrer une réponse satisfaisante à leurs revendications avant le 1^e mai. Interrogé sur le ton étonnamment indulgent de l’UGTM à l’issue de la réunion avec Benkirane, le patron de l’UGTM assure que la réunion a été l’occasion de baliser le terrain même s’il assure ne plus croire au père Noël depuis longtemps.

D’un ton taquin, Cherrat assure que si le chef du gouvernement a promis «une belle surprise» pour contenter les syndicats, l’UGTM tient aussi à lui réserver une surprise de taille pour la fête des travailleurs. Un échange de bons procédés pour montrer que le syndicat ne croit pas aux belles promesses et qu’il continuera de mettre la pression avant de voir venir.