Grève des boulangers: c'est le flop!
L’appel à la grève du pain, lancé aujourd’hui pour 48 heures, a été peu suivi par les professionnels. Selon toute vraisemblance, le mouvement n’a pas fait l’unanimité au sein des 13.000 adhérents de la Fédération nationale des boulangers et des pâtissiers du Maroc.
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Samir El Ouardighi
Le 27 mars 2014 à 10h28
Modifié 27 mars 2014 à 10h28L’appel à la grève du pain, lancé aujourd’hui pour 48 heures, a été peu suivi par les professionnels. Selon toute vraisemblance, le mouvement n’a pas fait l’unanimité au sein des 13.000 adhérents de la Fédération nationale des boulangers et des pâtissiers du Maroc.
La mobilisation décrétée par la Fédération nationale des boulangers et des pâtissiers du Maroc (FNBPM) n’aura finalement pas eu le succès escompté pour faire entendre les revendications des professionnels du pain.
Si la FNBPM annonce un taux de participation nationale à la grève de 80%, il semble flagrant que peu de boulangers aient suivi le mouvement de protestation. D’après nos constatations, les boulangers n’ont pas présenté un front uni dans le bras de fer qui les oppose et qui s’éternise avec le gouvernement même si la FNBPM crie victoire.
« Sans réponse du gouvernement, nous augmenterons le prix du pain »
Le président de la FNBPM, Houcine Hazaz assure à Médias 24 que cette grève a eu plus de succès que la dernière de 2003 car nombre de boulangers traditionnels (fours) se sont joints à leur mouvement.
Il affirme que la balle est désormais dans le camp du gouvernement et que sans réaction positive de sa part, la fédération est déterminée à augmenter de manière unilatérale le prix du pain de 10 à 30 centimes. Il nous déclare aussi que ses affiliés n’ont peur de personne et encore moins du gouvernement et que soit ce dernier leur offre des compensations pour remédier à leur manque à gagner, soit la hausse des prix sera inéluctable.
Assurant que la liberté des prix est valable aussi pour le commerce du pain, il remet en cause la récente déclaration du ministre des Affaires générales et de la gouvernance Mohamed El Ouafa. Ce dernier avait affirmé lundi 24 mars « qu’aucune augmentation ne touchera le prix du pain rond, baguette ou couronne, à base de farine de blé tendre subventionné et que toute augmentation pour ce produit sera sanctionnée. »
La grève : pourquoi ?
Cet appel à la grève nationale veut obliger le gouvernement à appliquer un contrat-programme négocié avec le gouvernement Abass El Fassi en 2011 qui tarderait à être appliqué par le gouvernement actuel.
Les revendications principales des membres de cette fédération sont l’augmentation du prix du pain, la modernisation du secteur, la création d’une école pour la boulangerie, un tarif préférentiel du prix de l’électricité, une réforme de la fiscalité relative au secteur, et enfin une protection contre le secteur informel.
Selon la FNBPM, 105 millions d'unités sont consommées chaque jour et le prix unitaire du pain dit de base est fixé à 1,20 dirham grâce notamment aux subventions de deux milliards de dirhams par an de l’Etat. Notons que le prix de cette denrée est vital car la moyenne nationale de consommation est de trois pains par habitant et de cinq pour la seule ville de Casablanca.
Ce prix qui n’a pas connu d’augmentation depuis 2004 est dénoncé par les boulangers qui assurent que les prix des matières premières (farine, levure, carburant…) ont connu des augmentations successives. Pour prouver leur assertion, ils assurent qu’une étude effectuée avec la présence de 5 ministères dans 5 régions du Maroc, a conclu que le vrai prix du pain coûtait entre 1,42 et 1,67 DH.
Si les revendications des boulangers peuvent apparaître légitimes, le gouvernement se veut le défenseur de l’ordre public face à une vérité des prix pouvant menacer la paix sociale.
Selon toute vraisemblance, la paralysie en approvisionnement du pain souhaitée par la FNBPM pour défendre les intérêts de ses adhérents n’aura pas eu lieu et pour le gouvernement, cela reste du pain béni.