Agrumes: jamais autant produits, jamais si peu exportés

En 5 ans, la production agrumicole du Maroc a presque doublé, avec 2,2 millions de tonnes. A contrario, les exportations ont fortement chuté. En clair, le Maroc n’a jamais autant produit d’agrumes, et jamais aussi peu exporté. Par quel paradoxe ?  

Agrumes: jamais autant produits, jamais si peu exportés

Le 21 mars 2014 à 14h31

Modifié 21 mars 2014 à 14h31

En 5 ans, la production agrumicole du Maroc a presque doublé, avec 2,2 millions de tonnes. A contrario, les exportations ont fortement chuté. En clair, le Maroc n’a jamais autant produit d’agrumes, et jamais aussi peu exporté. Par quel paradoxe ?  

Dès les années 90, l’agrumiculture s’est imposée comme le fleuron des exportations agricoles marocaines. Mais depuis quelques années, les exportations marocaines d’agrumes font grise mine, et la part exportable par rapport au volume produit est en forte régression, avec près de 30% contre 40%, il y a tout juste cinq ans.

Paradoxalement, la production n’a jamais été aussi prolifique: le Maroc a produit 2,2 millions de tonnes d’agrumes en 2013-2014, contre 1,5 millions de tonnes une année auparavant. Une production à fort tonnage qui s’explique en partie par “l’entrée en production de nouvelles plantations, sachant que l’arbre arrive à pleine production au bout de 5 ans“, nous explique Ahmed Darrab, secrétaire général de l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM). Niveau exportations, et c’est là que le bât blesse, le Maroc a exporté seulement 390.000 tonnes l’année dernière, et devrait atteindre les 600.000 cette année.

Et pour cause, une demande intérieure en pleine croissance et des consommateurs moins regardants en termes de qualité. Surtout, le marché mondial des agrumes est devenu plus compétitif, avec l’arrivée de nouveaux acteurs tels que la Turquie et l’Egypte qui ont su se faire une place sur le marché européen.

Une demande intérieure en pleine croissance

Les exportations étant timides à cause d’une concurrence de plus en plus rude, les producteurs se sont orientés vers le marché local, car il présente deux avantages majeurs: les liquidités sont immédiates et le paiement se fait sur place.

En somme, un marché local friand d’agrumes, bien que les prix ne soient pas particulièrement bas, la faute à une multiplicité d’intervenants. «Le fond du problème réside dans le fait que la plus grande plus-value est captée par des intermédiaires, par exemple des semi-grossistes et autres courtiers de l’orange. Quand le consommateur paye 5 DH pour un kg d’orange, le producteur n’aura touché que 1,50 ou 1,60 DH (...). La multiplicité des intervenants entre le producteur et le consommateur constitue l’un des trois problèmes de ce marché», explique M. Darrab.

La désorganisation des circuits de distribution, le manque de transparence,  les fuites et les magouilles en tout genre constituent le second point noir du secteur. 

Surtout, les marchés de gros prélèvent 7% sur les transactions sans aucune contrepartie. Les textes imposent en effet de passer par les marchés de gros et de payer cette taxe, sans qu’il n’y ait un service en retour qui pourrait la justifier. D’ailleurs, cette taxe renfloue injustement les caisses des municipalités et des communes urbaines, alors qu’elle devrait en toute logique profiter au milieu rural, car après tout, c’est de là que les produits proviennent.

Afin de mettre un peu d’ordre dans le marché local, l’ASPAM demande à ce que les pouvoirs publics lèvent l’obligation de passer par le marché de gros pour permettre aux producteurs de vendre directement leurs produits. L’association demande aussi à ce qu’il y ait plus d’organisation et de transparence dans les circuits de distribution.

Qu’en est-il des exportations ?

Globalement, ce marché présente aujourd'hui une concurrence accrue en provenance de la Turquie, de l'Égypte, de l’Espagne et de l’Afrique du Sud.

La structure des exportations marocaines est également en pleine mutation: depuis le début des années 90, la part des oranges est en constante baisse.

Le Maroc est ainsi passé d’une moyenne de 400.000 tonnes d’oranges exportées à moins de 150.000 tonnes en 2012. Parallèlement, les petits fruits sont passés de 200.000 à 350.000 tonnes. L'export des petits fruits tels que les clémentines conserve donc une certaine longueur d'avance. 

Pour ce qui est des principaux marchés, l'essentiel des exportations nationales des agrumes se fait à destination de la Russie, qui est devenue par là même le premier client du Maroc pour les agrumes avec 50 à 55% du volume exporté. Elle est suivie de l’Union Européenne avec un volume exporté qui varie entre 25 et 30%. L'Amérique du Nord a absorbé entre 13 à 15%. «Le lobby américain est puissant, les circuits de distribution complexes et la législation assez sévère. Mais nous arrivons à la respecter», souligne M. Darrab.

Le peu qui reste est destiné aux pays du Golfe, à l’Europe de l’Est, aux pays scandinaves et à la Suisse. Des marchés qui pourraient constituer une issue pour les agrumes du Maroc.

A noter en définitive que le Maroc exporte très peu en Afrique, en raison des problèmes de transport, de distribution et de pouvoir d’achat.

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