L’avortement, nouveau cheval de bataille de l’USFP ?

L’USFP ouvre le débat sur plusieurs choix de société comme l’interdiction de la polygamie, l’égalité hommes-femmes devant l’héritage et désormais l’avortement. Des débats en perspective dans la société marocaine.

L’avortement, nouveau cheval de bataille de l’USFP ?

Le 26 décembre 2013 à 17h43

Modifié 26 décembre 2013 à 17h43

L’USFP ouvre le débat sur plusieurs choix de société comme l’interdiction de la polygamie, l’égalité hommes-femmes devant l’héritage et désormais l’avortement. Des débats en perspective dans la société marocaine.

 Lors du 7ème congrès féminin, les socialistes se sont prononcées pour sa légalisation ce qui ne va pas manquer de faire grincer des dents chez les partis conservateurs.

Le parti de la rose prend les devants sur des sujets particulièrement sensibles et son nouveau cheval de bataille n’est autre que la légalisation de l’avortement au Maroc mais il reste cependant vague sur la nature de la mesure qu’il propose pour éviter les drames que peut engendrer l’interdiction. L’avortement demeure illégal au Maroc malgré l’augmentation constante des cas d’avortements illégaux et les seules exceptions tolérées sont l’avortement spontané (fausse couche) ou l’interruption de grossesse pour sauvegarder la vie de la mère.

Une loi aux antipodes de la réalité marocaine

L’article 449 du Code pénal punit de 1 à 5 ans de prison toute personne ayant provoqué un avortementet la peine est portée à 20 ans de réclusion en cas de décès. L’article 454 prévoit de punir de 6 mois à 2 ans toute femme s’étant livrée à l’avortement sur elle-même et l’article 455 punit de 2 mois à 2 ans les complices d’un avortement.

La loi en vigueur ne prévoit pas de remédier aux grossesses qui débouchent sur des malformations de bébés ou qui sont successives à des viols ou incestes. Cette négligence aboutit souvent à des abandons d’enfants ou pire encore à des infanticides. Au Maroc, près de 900 avortements quotidiens ont été recensés en 2012 dont 600 effectués par des gynécologues et le reste dans des conditions sanitaires catastrophiques, selon des estimations fiables. Un chiffre édifiant livré par l’OMS parle de 13% de décès du total des mères marocaines causé par les avortements clandestins.

Lors du 7ème congrès des femmes de l’USFP, Driss Lachgar a assuré que cette situation est due au fait que «le Maroc est otage des ses tabous et de lignes rouges». D’après lui, cet «entêtement provoquerait indirectement le décès de 600 femmes par an suite aux avortements clandestins».

Pour y remédier, le premier secrétaire  veut donc «ouvrir un débat sérieux sur cette question pour contrer ces phénomènes sociaux grâce à une réglementation inspirée de l’Etat civil et non de la religion». Il est vrai que sur cet acte d’avortement pèse un double interdit d’ordre légal et religieux.

Paroles de gauche

Le leader de l’USFP invite les autorités marocaines à «légaliser l’avortement» mais sans aller plus loin. Joints par téléphone, les dirigeants de l’USFP semblent ne pas assumer leur choix et se renvoient allègrement «cette patate chaude».

Ahmed Zaidi président du groupe parlementaire nous renvoie vers Driss Lachgar car ce serait lui seul qui a pris cette initiative. Le premier secrétaire nous renvoie à son tour vers la lecture des déclarations finales du congrès féminin. Ce communiqué laconique propose simplement d’ouvrir le débat sur le droit à l’avortement sans plus de détails et il est dès lors difficile de se faire une vraie idée des intentions de l’USFP. De quel avortement s’agit-il, de médical, de force majeure ou celui plus improbable de l’interruption volontaire à la française, la question reste posée.

Lors de son passage au ministère de la famille, Nouzha Skalli s’était essayée en vain à l’élaboration d’une réforme permettant un avortement partiel pour raisons médical ou éthique (viol et inceste). Contactée par Médias 24, elle assure que son parti a déposé une proposition de loi pour instaurer l’interruption médicale de grossesse (IMC) qui devrait être discutée à une date indéfinie. Mme Skalli parle tient à faire le distinguo avec l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui n’aurait pas lieu de cité au Maroc pour cause de considérations religieuses.

L’avortement et l’Islam

La question de l’avortement soulève des problèmes d’éthique religieuse qui vont sans doute provoquer des joutes politiques avec les conservateurs. Ces derniers considèrent ce sujet comme relevant du seul domaine religieux et non du politique.Il est vrai qu’au regard de l’Islam, l’avortement est interdit car considéré comme un crime contre l’humanité et la plupart des religieux refusent toute discussion sur la question.

Si le PJD se dit disposé à accepter l’aménagement d’exceptions en cas de viol ou d’inceste, il n’a pas suivi d’effets la voix tracée par l’ancienne ministre de la famille et ce malgré ses promesses antérieures. Pour se dédouaner, le parti de la lampe propose un référendum populaire tout en sachant pertinemment qu’il y a peu de chances que les Marocains se prononcent positivement pour l’avortement.

L’Istiqlal quant à lui ne veut pas s’aliéner sa base conservatrice car il est toujours aux abonnés absents sur cette question.

L’affrontement du civil avec le religieux semble être le nouveau crédo du parti de la rose qui a le mérite d’ouvrir le débat tout en sachant qu’il aura à faire à forte partie.

 

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