En ces temps où le débat sur la darija occupe le devant de la scène au Maroc, quoi de mieux que l’avis d’un intellectuel du calibre de Taha Hussein?  

Il y a une quarantaine d'années, le débat que nous connaissons sur la place usage du dialecte dans l’enseignement et la diglossie avait lieu en Egypte, de façon encore plus virulente.

Taha Hussein, l'un des plus grands écrivains arabes contemporains, était justement invité à en débattre. Globalement, sa position ressemble à s'y méprendre à celle adoptée tout récemment par Abdallah Laroui: Il se prononce en faveur d'une langue médiane, en insistant sur la nécessité de simplifier les règles d'enseignement de la langue arabe pour la rendre plus accessible, mais sans pour autant renoncer à l’arabe classique.

Taha Hussein n’a pas manqué de tacler en direct un autre écrivain, fervent défenseur de l’arabe classique, par ces mots :

«Vous-même, vous écrivez vos livres dans un langue médiane, qui mélange entre le dialecte parlée et l’arabe classique écrit, et pourtant, vous continuez de défendre farouchement de la Fus'ha ».

Plus tard, il a donné comme exemple celui d'Al-Jahiz (qui rappelons-le est mort il y a 1200 ans).

«Ce débat ne date pas d’hier. A son époque, Al-Jahiz avait proposé d’introduire des mots de la langue parlée dans l’arabe classique, il avait dit que cela pouvait se faire s’il y avait nécessité», avant d’ajouter que l’arabe classique est la seule langue capable d’unifier le monde arabe. «Si tu écris en arabe classique, le monde arabe dans sa globalité pourra te lire, mais si tu écris en Ammiya (dialecte égyptien), seuls les Egyptiens pourront comprendre». Mais grâce aux fictions égyptiennes (tv et cinéma), ce n'est plus totalement vrai. Tous les Arabes comprennent l'Egyptien.

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