Se réinsérer, principal défi pour les anciens détenus

Entre 30 et 40% des détenus récidivent, faute d’une réinsertion dans la société. Très peu d’entreprises marocaines acceptent d’embaucher des anciens prisonniers. L’Etat ne fait pas mieux. Radioscopie des obstacles à la réhabilitation.  

Se réinsérer, principal défi pour les anciens détenus

Le 26 novembre 2013 à 21h39

Modifié 26 novembre 2013 à 21h39

Entre 30 et 40% des détenus récidivent, faute d’une réinsertion dans la société. Très peu d’entreprises marocaines acceptent d’embaucher des anciens prisonniers. L’Etat ne fait pas mieux. Radioscopie des obstacles à la réhabilitation.  

Au Maroc, trouver un travail est devenu tache ardue. Que dire alors quand le candidat est un ancien détenu ? Dès lors, la mission relève presque du miracle. Et pour cause, un casier judiciaire vierge constitue le précieux sésame pour décrocher un boulot. La majorité des employeurs l’exigent, ils le considèrent comme un gage de confiance.  Ne parlons pas de l’Etat qui le pose comme  condition sine qua non dans toutes ses annonces.

Au sein de la délégation de l’administration pénitentiaire, le constat va  dans le même sens. Et même si elle essaierait de se voiler la face, les chiffres sont là pour rappeler la triste réalité.

Quelques exemples : entre 30 et 40% des détenus récidivent, faute d’une réinsertion dans la société.  Faute d’un emploi. Selon les données communiquées par la Fondation Mohamed VI pour la réinsertion, ce chiffre est de 3% parmi les personnes qu’elle a accompagnées. Mais combien cette entité arrive-t-elle à toucher dans la grande famille des anciens prisonniers ? Faisons un calcul.

Plus de 80% écartés des dispositifs de formation

Il faut savoir que 40,56% de la population carcérale ont des peines privatives de liberté d’une durée inférieure à un an. « Leur principale préoccupation est la date de leur sortie de prison. Ils n’accordent pas d’importance aux programmes éducatifs », de l’avis du SG de la délégation pénitentiaire, s’exprimant devant la commission parlementaire de la Justice.

« Il faut savoir aussi que les modules de formation dépassent dans la plupart des cas un an, soit une durée supérieure à la durée de leur emprisonnement », ajoute la même source.

La catégorie des détenus en préventive est elle aussi exclue d’office des programmes de réinsertion. «Ils n’ont aucune visibilité sur la durée de leur incarcération effective, voire sur la date de leur libération. Ils n’adhèrent pas aux programmes de réhabilitation », explique-t-on au sein de l’administration pénitentiaire. Une population non négligeable puisqu’elle représente à elle seule 42% du total des détenus.

Résultats : les deux catégories précitées constituent 82% du total des détenus. La partie visée ne dépasse donc pas les 20 à 25% du total des prisonniers. « C’est d’ailleurs l’équivalent des inscrits actuellement, soit 14.353 personnes », souligne la même source.

Effacer le casier judiciaire. Pourquoi pas ?

Pour faciliter la réhabilitation des anciens détenus, l’administration pénitentiaire propose de mettre en place un nouveau système d’effacement du casier judiciaire. Les délais requis pour pouvoir formuler une demande d’obtention de casier judiciaire vierge sont jugés trop longs. Elle fait ainsi cause commune avec la société civile qui appelle à une révision de cette disposition du code pénal.

« C’est le premier obstacle que rencontrent les anciens détenus », explique le SG de la délégation pénitentiaire. «Passer outre ces délais permettra à ces détenus de renouer avec une vie normale. Ils paient trop longtemps le prix de leurs antécédents », conclue la même source.

La formation : ce parent pauvre en milieu carcéral

Prenons d’abord le budget alloué à la formation des incarcérés.  Il est de 20,8 MDH, soit l’équivalent de 1.450 DH par personne.

Petit comparatif qui a son importance : ce budget est de 7.000 DH pour les étudiants de l’OFPPT, 6.000 pour les étudiants dans les cycles techniques et 5.000 pour les étudiants universitaires.

Il faut savoir que le budget formation représente à peine 4,1% de l’enveloppe totale réservée à la prise en charge des détenus.

Ce chiffre est d’autant plus inquiétant que le besoin en formation est plus que pressant : 50,85% des incarcérés ont un niveau scolaire primaire, 25,43% sont analphabètes, 21,69% ont un niveau secondaire et seuls 2,03% on un niveau universitaire.

Pire encore. Pour cette dernière catégorie, il est très difficile de pouvoir aspirer à obtenir un master vu que la présence est obligatoire pour ce type de formation.

Une nouvelle stratégie en perspective

L’administration pénitentiaire est en train d’élaborer une nouvelle stratégie visant à mettre le privé à contribution. L’idée est de mettre en place des unités de production à l’intérieur des prisons. Elles serviront à former et employer les détenus en contrepartie d’un revenu quotidien.

Le gain est double. Ce nouveau plan est censé permettre à l’administration pénitentiaire de gagner en autonomie financière. Les profits dégagés serviront à couvrir une partie des dépenses de fonctionnement et alléger la pression sur le budget général de l’Etat.

Le projet pilote sera évalué par une commission ministérielle pluripartite avant sa généralisation progressive au niveau de quelques nouvelles prisons.

 

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