Hicham Lasri, icône de la contreculture cinématographique

C’est eux les chiens, du réalisateur Hicham Lasri, a remporté le Grand prix du Festival du film transsaharien de Zagora. Il révèle la personnalité et le potentiel cinématographique de ce réalisateur atypique.  

Hicham Lasri, icône de la contreculture cinématographique

Le 27 novembre 2013 à 8h09

Modifié 27 novembre 2013 à 8h09

C’est eux les chiens, du réalisateur Hicham Lasri, a remporté le Grand prix du Festival du film transsaharien de Zagora. Il révèle la personnalité et le potentiel cinématographique de ce réalisateur atypique.  

A seulement 36 ans, Hicham Lasri a tout appris sur le tas et il faut peut être y voir la raison pour laquelle il est tellement différent et apporte un vrai vent de fraîcheur à l’industrie cinématographique marocaine.

Il est sans nul doute le seul représentant marocain du film underground expérimental et son esprit caustique à contre courant des productions traditionnelles fait de lui un cinéaste qui casse tous les codes et les genres. Son cinéma résolument trash est en totale rupture avec les conventions et le bon goût, comme en témoigne plusieurs scènes de ses films.

Selon ses propres termes, il n’est « ni un homme en colère ni un contestataire de l’ordre établi », mais il tient simplement à narrer à sa manière certaines absurdités qui caractérisent notre pays.

Son choix assumé de « ne pas faire des films qui plaisent à tout le monde » lui donne un cachet particulier qui ravit les amateurs de contes pour adultes baignant dans un univers violent et noir. Ecrivain avant d’être cinéaste, il aime raconter des histoires originales teintées de réalisme qui montrent un Maroc pays des contrastes extraordinaires pour le meilleur comme pour le pire.

Entre drôlerie et tragédie, les thèmes abordés dans ses œuvres brossent souvent les tares qui caractérisent notre société. Il faut noter que les sujets tragiques qu’il traite acquièrent comme par enchantement un potentiel comique lors de leur passage à l’écran.

Tout comme Stanley Kubrick, toutes proportions gardées,  il s’attèle à privilégier le climat malsain et dérangeant de ses histoires qui au final pose de bonnes questions sur notre modèle de société. Sa culture cinématographique qui va de Robert Bresson à Antonioni et jusqu’à John Waters est édifiante pour comprendre aussi bien ses influences que sa touche personnelle.

Son premier long métrage intitulé « The End » tourné en noir et blanc et sans bande-son pourrait aisément illustrer la chanson composée par les Doors. S’il est depuis plus de 10 ans, un réalisateur de courts métrages reconnu et respecté par ses pairs, il faut souligner que c’est cette épopée post-punk qui a signé la vraie naissance de Lasri au grand écran et qui a donné toute la mesure de tout son talent.

Dans « C’est eux les chiens », le réalisateur navigue entre fiction et références à l’histoire politique du Maroc en mettant brillamment en scène la renaissance d’un pauvre hère victime d’un emprisonnement injuste pendant les années de plomb.

Ses scénarios nous emmènent souvent dans des situations ahurissantes voire burlesques mais bien marocaines qui signent une vraie rupture avec le cinéma marocain conventionnel. Le discours est souvent virulent et la meilleure réussite du style Lasry est qu’il sait utiliser ces mêmes conventions pour mieux les détourner en apportant ainsi une vraie valeur ajoutée à la narration.

Pour caricaturer sa vision des choses, « c’est plus l’énorme trou sur nos belles autoroutes qui lui parlera plutôt que le long ruban d’asphalte ». On l’aura compris, Lasry aime mettre en scène nos contradictions et pour cela il soigne la narration visuelle de ses films.

Il considère que les dialogues dans un film sont certes un « accessoire » nécessaire mais que, l’atmosphère optique d’un film a plus de valeur. C’est pourquoi, il prend un malin plaisir à soigner l’ambiance de ses films tout en privilégiant la profondeur des thèmes traités.

Sa touche anti-conventionnelle caractérise son travail aussi bien dans le choix de ses acteurs que dans l’humour noir et décalé que certains ne manqueront pas d’appeler mauvais goût.

S’il n’a plus à faire ses preuves, il tient cependant à rendre hommage à Nabil Ayouch producteur de la plupart de ses courts et longs métrages. Il le considère comme un grand frère qui lui a donné sa chance et n’hésite pas à dire qu’il préfère continuer à « travailler avec le « meilleur de la place ». Son dernier opus a d’ailleurs été produit par ce dernier qui, contacté par Médias24 est tout aussi dithyrambique à son égard.

Nous ne vous en dirons pas plus sur le pitch de son deuxième long métrage qui accumule déjà les prix de Cordoue à Zagora en passant par Cannes sans parler de ceux qu’il pourrait remporter dans les nombreux festivals internationaux où il sera projeté prochainement de Buenos Aires à Dubaï.

La sortie en salles marocaines est prévue pour le 5 février et au vu des critiques internationales, c’est assurément un film à ne pas manquer et surtout un réalisateur à suivre.

 

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