Nouveau gouvernement : des réactions et des critiques

La nomination du nouveau gouvernement, sa composition, ne cessent d’alimenter les débats et de susciter des réactions. Si, du côté du patronat, le préjugé est favorable, du côté des universitaires les avis sont partagés.

Nouveau gouvernement : des réactions et des critiques

Le 11 octobre 2013 à 18h26

Modifié 11 octobre 2013 à 18h26

La nomination du nouveau gouvernement, sa composition, ne cessent d’alimenter les débats et de susciter des réactions. Si, du côté du patronat, le préjugé est favorable, du côté des universitaires les avis sont partagés.

Aziz Chahir, politologue : une option technocratisante

« C’est le retour des technocrates. Cela s’inscrit dans une action de verrouillage du système vers le haut. A qui profite cette recomposition politique en termes de conséquences ? » s’interroge-t-il.

La première conséquence: «les managers sont aux commandes, une option technocratisante basée sur le savoir-faire. Qu’il faut remettre dans un contexte. Celui de 1999 et la priorité donnée par la monarchie au développement socio-économique, ce qui s’inscrit dans la continuité d’un projet de société», explique Aziz Chahir, politologue et enseignant à l’Université internationale de Rabat.

«La banalisation du politique et de l’idéologie représente la deuxième conséquence. Elle n’est pas en conformité avec la légitimité des urnes et la volonté du peuple», précise-t-il. Il donne comme exemple  «le parachutage de ministres, qui n’ont pas de passif de militantisme, ni l’expérience du métier de politicien».

Troisième conséquence : «la perte de la coloration et de la consistance islamiste de l’Exécutif. Ce qui amène vers la quatrième conséquence celle de la «dé-crédibilisation des politiques au profit des technocrates ». Et d’ajouter : «il y a un ancrage historique. En 2002, la nomination de Driss Jettou au poste de premier ministre à la place de Abderrahmane Youssoufi, alors que l’USFP avait remporté les élections».

Autre point que Aziz Chahir tient à souligner : «la démission des intellectuels, des producteurs de sens, devant donner de la visibilité, de l’aiguillage».

Mehdi Lahlou, économiste : un replâtrage

 «Finalement, un parti politique en a remplacé un autre. Nous avons assisté à un record mondial : nous avons du attendre trois mois pour changer six ministres. Et vu la conjoncture, cela a paralysé le pays. Dans une démocratie normale, le premier ministre dispose au maximum de trois semaines pour finaliser les tractations. En cas d’échec, il remet sa démission».

« Nous avons l’impression que Abdelillah Benkirane veut à tout prix garder son poste de chef du gouvernement. Des concessions majeures ont été opérées. On imagine mal  assis autour d’une même table, les ministres du PJD et ceux du RNI. Après toutes les accusations qui ont été portées contre Mézouar, actuellement ministre des Affaires étrangères. Quelle sera la crédibilité des décisions qui seront prises?».

Il relève également certaines contradictions. « El Ouafa récupère un portefeuille. Le ministère de l’Intérieur redevient un ministère de souveraineté. Le retour de Belmokhtar au département de l’Education nationale, sachant que par son passage dans ce ministère, il a aussi contribué à la crise que connaît le secteur», illustre-t-il ses propos.

Et de conclure : « un replâtrage fondé sur une recomposition des départements

Hana Messaoudi, universitaire marocaine en Italie

«Le Maroc vit une séquence historique inédite et extrêmement intéressante à analyser. Le Roi a choisi un rôle d’arbitre et a pris de la distance par rapport à la scène politique et à la gestion des affaires courantes.

«Rappelez-vous son refus d’interférer dans la querelle Chabat-Benkirane.

«Parallèlement, il y a un changement de ton depuis le discours du 20 août. Le Chef de l’Etat est au-dessus de l’arène et des acteurs. Il corrige les trajectoires, coache les uns, tance les autres, le ton est plus direct, plus ferme. Le discours prononcé vendredi 11 octobre à l’ouverture de la session parlementaire est de la même veine.

«Le Roi assume le rôle de garant et d’arbitre. Ceci vaut pour la politique, pour le développement, comme pour l’unité du pays ou son indépendance.

«Parallèlement et concomitamment, des domaines essentiels échappent à l’exécutif qui lui, est le reflet d’une élection démocratique. Parmi ces domaines, la religion, l’enseignement et la justice. L’argument du Roi est très intéressant et absolument recevable : il faut mettre ces domaines stratégiques à l’abri des querelles politiciennes.

«On peut penser que la multiplication des instances est une manière de réduire le pouvoir de l’Exécutif et une manière de renforcer le pouvoir du Roi. Mais on peut également estimer, comme moi, que le Roi a raison d’agir ainsi et que cela ne présente aucune contradiction avec la volonté affichée de mener à son terme la transition démocratique. Si les pays européens, que je connais bien, pouvaient en faire de même, ils n’hésiteraient pas.

«En tous les cas, nous sommes dans une séquence historique intéressante à étudier ; je dirais même passionnante. La démocratie n’est pas uniquement la liberté d’expression ni le mode de sélection des élus, c’est bien plus complexe.

« La situation est difficile à analyser parce qu’il y a deux niveaux : celui de la séquence dont je viens de parler et celui du jeu politique partisan, traditionnel, qui est désormais ouvert.

« Sur ce second plan, il va sans dire que la composition du gouvernement, y compris l’appel aux technocrates, reflète l’échec du PJD en matière de gouvernance et rien d’autre, et donc son affaiblissement dans les contextes national et international. L’islamisme, en tant que choix politique, est en train d’être démystifié».

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