Turquie: Erdogan veut en finir vite avec le dernier carré de manifestants d'Istanbul

Le Premier ministre turc a lancé jeudi un "dernier avertissement" au dernier carré des manifestants pour évacuer rapidement leur bastion du parc Gezi à Istanbul.  

Turquie: Erdogan veut en finir vite avec le dernier carré de manifestants d'Istanbul

Le 13 juin 2013 à 16h28

Modifié 13 juin 2013 à 16h28

Le Premier ministre turc a lancé jeudi un "dernier avertissement" au dernier carré des manifestants pour évacuer rapidement leur bastion du parc Gezi à Istanbul.  

Après avoir agité la veille la «carotte» d'un référendum pour trancher publiquement le sort du parc à l'origine de la crise, le chef du gouvernement a une nouvelle fois manié le «bâton» en priant les centaines de personnes qui continuent à l'occuper nuit et jour de quitter les lieux sur le champ. «Nous avons gardé notre patience jusqu'à présent mais la patience touche à sa fin. Je lance mon dernier avertissement: mères, pères, s'il vous plaît, retirez vos enfants de là», a-t-il lancé lors d'un discours à Ankara. «Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps parce que le parc Gezi n'appartient pas aux forces qui l'occupent. Il appartient à tout le monde», a plaidé M. Erdogan.

La place Taksim sous contrôle

Depuis vingt-quatre heures, le gouvernement a fait monter la pression sur le dernier carré des protestataires, épargné par l'opération des forces de police qui ont repris mardi le contrôle de la place Taksim. Mercredi soir, le Premier ministre a fait un geste en proposant, lors d'une réunion avec une dizaine de «représentants»du mouvement choisis par les autorités, un référendum municipal sur le projet d'aménagement de la place et l'avenir du parc. Mais le vice-Premier ministre Huseyin Celik, qui a rendu compte de la rencontre, a immédiatement suggéré que cette offre ne pourrait se concrétiser sans l'évacuation des occupants, qui défient toujours l'autorité du gouvernement. «Je crois qu'après ce geste de bonne volonté, les jeunes vont décider de quitter le parc Gezi», a lancé M. Celik. «Nous ne pouvons pas accepter, bien sûr, que ces manifestations se poursuivent éternellement». Jeudi matin, son collègue de l'Intérieur Muammer Güler a répété la même mise en garde. «Tout ceci doit s'arrêter», a-t-il insisté. Dans les rangs des manifestants, l'idée du référendum a été fraîchement accueillie et les injonctions du gouvernement balayées d'un revers de main. «Il y a déjà une décision de justice, qui a imposé l'arrêt des travaux d'aménagement du parc Gezi. Dans ces conditions, il n'est pas légal d'envisager une consultation populaire pour décider du sort du parc», a déclaré à l'AFP Tayfun Kahraman, de la principale coordination des occupants du parc, Solidarité Taksim.

Suspension des travaux de reconstruction d’une caserne

Le 31 mai, un tribunal administratif d'Istanbul avait ordonné la suspension des travaux de reconstruction d'une caserne de l'époque ottomane à la place du parc, dans l'attente d'un jugement sur le fond concernant la légalité du projet du gouvernement. «On n'est pas d'accord (avec le référendum), on ne fait pas confiance au gouvernement», a tranché de son côté un manifestant, Iskender Sisman, 29 ans. «Tayyip doit s'excuser pour tout ce qu'il a fait, pour le parc, pour les gaz lacrymogènes». Greenpeace a aussi pointé du doigt les difficultés juridiques d'un référendum, mais s'est réjouie de la «transparence» de la méthode. «Aucun référendum significatif ne peut avoir lieu dans le climat actuel de peur et de répression policière», a-t-elle toutefois jugé. M. Erdogan a écarté jeudi toute objection juridique et confirmé sa volonté d'en appeler aux habitants de la mégapole turque. «Il n'y a pas d'empêchement légal», a-t-il assuré. Retranchés sous «leurs» platanes, les irréductibles du parc Gezi ont reçu tard mercredi soir le soutien de plusieurs milliers de personnes qui ont réinvesti la place Taksim malgré la présence de centaines de policiers, avant de quitter les lieux dans la nuit sans incident.

Des interventions brutales de la police turque

Dans la capitale Ankara, par contre, la police antiémeute a lancé des gaz lacrymogènes mercredi soir pour disperser quelque 2.000 manifestants. Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le Premier ministre a adopté, depuis le début de la crise, un ton très ferme contre les manifestants, qui dénoncent sa dérive autoritaire et l'accusent de vouloir «islamiser» la société turque. Son intransigeance lui a valu de nombreuses critiques et a écorné son image à l'étranger. Jeudi, le Parlement européen a exprimé sa «profonde inquiétude» face à «l'intervention brutale de la police» contre les manifestants. Piqué au vif, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a jugé «inacceptable» la résolution européenne, répétant que son pays était une «démocratie de toute première classe». «Vous vous prenez pour qui ?», a lancé aux Européens M. Erdogan. Selon le dernier bilan publié mardi par le syndicat des médecins turcs, les manifestations ont fait quatre morts, trois manifestants et un policier, et près de 5.000 blessés, dont plusieurs dizaines grièvement.


 

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