L'Emprunt national sera coté en bourse

| Le 27/7/2021 à 16:42
L'emprunt national est programmé après les élections qui se tiendront en septembre prochain. Il sera coté en bourse et ne cible pas un montant précis. Voici les confidences du ministre de l'économie et des finances sur cet événement tant attendu.

Le grand emprunt national, qui vise la mobilisation de l’épargne des particuliers afin de financer l’effort étatique pour faire face à la crise du Covid-19, est un évènement important et très attendu.

Le ministre de l'économie, des finances et de la réforme de l'administration, Mohammed Benchaaboun, a accepté de répondre aux questions de Médias24 sur cet évènement dont la date n'est pas précisé mais qui se fera au cours 2021, après les élections qui débuteront en septembre 2021. Mohammed Benchaâboun nous confie que cet emprunt sera coté en bourse.

L'emprunt sera coté en bourse

"Nous avons décidé que cet emprunt national sera coté à la Bourse de Casablanca et ce, essentiellement pour deux raisons principales. La première est de garantir une liquidité aux détenteurs des titres dudit emprunt, c’est-à-dire que si ces détenteurs veulent, pour une raison ou une autre, récupérer leur argent avant la maturité finale de l’emprunt, ils pourront vendre la totalité ou une partie de leurs titres au niveau de la Bourse de Casablanca".

"Inversement, les personnes qui voudront acheter des titres après la période de souscription pourront également le faire au niveau de la Bourse de Casablanca. La liquidité de ces titres sera assurée par un système de market-making qui sera animé par les banques intermédiaires en valeurs du Trésor", précise-t-il.

La deuxième raison est "d’assurer la transparence des opérations de vente et d’achat à la Bourse de Casablanca car ces opérations auront lieu aux prix qui seront affichés à la Bourse de Casablanca le jour de l’achat ou de la vente".

"L’éventualité de réaliser l’emprunt national selon deux tranches de maturités différentes est envisageable. Notre objectif est de répondre aux besoins de placement des différentes catégories de souscripteurs qui peuvent être soit dans une stratégie de placement court-termiste ou à la recherche de placement à moyen terme", ajoute le ministre.

S'agissant du montant à mobiliser, le marché se fait l'écho d'un objectif de 10 milliards de DH. Le ministre, lui, préfère ne pas fixer de montant. "De prime abord, je tiens à vous préciser que l’objectif de cet emprunt national va au-delà du montant à mobiliser. Au fait, l’objectif est de donner aux citoyens la possibilité de participer à l’effort de financement des grands chantiers initiés par Sa Majesté le Roi, dont notamment le chantier de la généralisation de la couverture sociale à tous les Marocains et le chantier de la relance économique post Covid-19", explique Benchaâboun.

"A travers le lancement de cet emprunt national, nous cherchons également à renforcer l’inclusion financière par la promotion de l’éducation financière de la population cible et partant de stimuler la mobilisation de l’épargne nationale pour qu’elle contribue de manière plus importante au financement de l’économie".

"Par conséquent, nous n’avons pas fixé de taille cible pour ledit emprunt national. Cette taille dépendra bien évidemment de la demande et de l’engouement de la population cible pour ce nouveau produit au moment de son lancement.

Au sujet des craintes d'une cannibalisation des dépôts et de l'épargne bancaires

Dès l'annonce de l'emprunt national, le secteur bancaire a exprimé certaines craintes voir cet emprunt défiscalisé venir cannibaliser les dépôts et l’épargne bancaires et créer un effet contre-productif. Des appréhensions que le ministre balaie d'un revers de la main et tient à rassurer en expliquant "que l'objectif n’est, bien évidemment, pas de cannibaliser les dépôts bancaires mais de capter une épargne additionnelle en mettant en place un produit, complémentaire plutôt que concurrentiel, à même de contribuer au financement du développement socio-économique de notre pays".

"D’ailleurs, ce point a été discuté lors des consultations menées avec les principaux acteurs et autorités de marché dans le cadre de la réflexion lancée sur l’émission d’un emprunt national et leurs préoccupations ont été prises en compte lors de la structuration de l’emprunt national". 

D’un autre côté, le ministre explique que "les dépôts bancaires des particuliers représentent un montant de près de 731 milliards de dirhams par rapport à un encours de l’épargne globale qui a franchi le seuil du trillion de dirhams. De ce fait, il est clair que quel que soit le montant qui sera mobilisé auprès des personnes physiques à travers cet instrument financier, son impact sera très limité au vu du volume des dépôts des particuliers qui est beaucoup plus important que le montant qui pourrait être mobilisé au titre de l’emprunt national".

"Plus encore, il faut savoir que la durée de la majorité des dépôts n’excède pas 2 ans alors que les maturités cibles pour cet emprunt sont des maturités de 2 ans et plus", ajoute-t-il.

Un sondage auprès des Marocains personnes physiques et étrangers résidents au Maroc

Le ministre nous confie, par ailleurs, les coulisses de la préparation: "Pour préparer cette opération, deux banques conseil ont été mandatées au mois de mai dernier afin d’accompagner le Ministère dans la préparation et la réalisation de cet emprunt".

"Depuis cette date, plusieurs tâches ont été réalisées. Je citerai principalement, l’identification des prérequis réglementaires, fiscaux, comptables et procéduraux de l’emprunt", nous explique-t-il.

Par ailleurs et pour mieux calibrer ce nouveau produit, "des concertations très larges ont été effectuées avec les différentes parties prenantes que ce soit les autorités de marché (Bank Al Maghrib et l’AMMC), les infrastructures de marché (Bourse de Casablanca et Maroclear) et les principaux acteurs du marché telles que les banques et les sociétés de gestion".

Il nous confie qu'un sondage auprès de la population ciblée par cet emprunt, c’est à dire les Marocains personnes physiques et les étrangers résidents au Maroc, a été conduit par un cabinet spécialisé afin de connaître les besoins et les attentes de cette population cible ainsi que ses préférences en matière de caractéristiques de l’emprunt.

"Ces travaux préparatoires nous ont permis d’établir un projet de structuration dudit emprunt qui devrait répondre au mieux aux attentes de la population cible" assure le ministre.

"Nous avons même mandaté une agence de communication qui a déjà entamé les préparatifs de la campagne de promotion autour de ce produit dont le lancement était prévu pour le milieu du mois de juin dernier", poursuit-il.

Alors, quand sera-t-il lancé ? "Avec l’avènement de la période estivale et également les fêtes de l’Aïd Al Adha, périodes qui connaissent généralement beaucoup de déplacement de la population, nous avons, en concertation avec nos banques conseil, jugé plus opportun de programmer la période de lancement de cet emprunt au-delà de l’été et certainement au-delà des élections prévues au mois de septembre afin d’assurer la mobilisation nécessaire de la population cible autour de cette opération et donc maximiser les chances de son succès", répond le ministre confirmant une information précédemment annoncée par Médias24. 

Pas de sortie à l'international en 2021

Le Maroc envisage-t-il une nouvelle sortie à l’international en 2021 ? La réponse du ministre est catégorique. "Le Trésor n’envisage pas de sortie à l’international cette année dans la mesure où (i) le besoin de financement global du Trésor reste conforme aux prévisions initiales, (ii) les conditions de financement du Trésor sur le marché intérieur demeurent toujours favorables à l’instar de l’année passée et (iii) les réserves de change se maintiennent à un niveau confortable", nous explique-t-il.

"De plus, je rappelle que les fonds mobilisés en décembre 2020 à travers l’émission des obligations internationales portant sur un volume de 3 milliards US$ ont servi à préfinancer une partie du besoin de l’année 2021 en plus de financer une partie des besoins du Trésor de l’année 2020",  poursuit-il.

En somme, l’exécution de la loi des finances 2021 s’opère de manière "plutôt normale" et "tout laisse à présager que le besoin de financement de l’année en cours devrait rester en ligne avec les prévisions initiales, contrairement à l’année 2020 où une loi des finances rectificative avait été votée pour intégrer les impacts financiers de la pandémie sur les finances publiques".

Ceci étant et dans le cadre de sa politique de financement, le Trésor continuera, comme à l’accoutumée, sa veille sur les conditions de financement sur le marché financier international pour saisir éventuellement des opportunités de financement favorables sur ce marché si les conditions macroéconomiques l’exigent.

Pour rappel, le Maroc a enregistré en 2020, une année exceptionnelle en raison de la pandémie de la Covid19, deux sorties à l'international.

"Le manque de visibilité quant à l’ampleur et l’issue de la crise liée à la pandémie nous a poussés, dans une approche proactive, à augmenter la part des financements extérieurs dans le total des financements afin de prévenir une éventuelle dégradation du niveau de nos réserves de change", explique le ministre.

"C’est dans ce cadre que rentrent les deux sorties que notre pays a réussi à réaliser en 2020 sur le marché financier international pour lever respectivement 1 milliard d’euro en septembre 2020 et 3 milliards de dollars en décembre 2020, ce qui nous a permis de doubler les ressources extérieures mobilisées en 2020 pour les porter à 62,9 milliards de DH contre 31 milliards de DH prévus initialement".

La mobilisation de la ligne de liquidité et de précaution (LPL) qui était mise à sa disposition par le FMI pour un montant de près de 3 milliards de dollars entre également dans ce cadre, "quoique ce montant était, rappelons-le, mis à la disposition de Bank Al-Maghrib pour soutenir la balance des paiements et n’a pas été utilisé pour financer le déficit budgétaire", précise le ministre.

Le marché attend toujours le lancement officiel du grand emprunt national

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