Grâce aux mesures mises en place, le Maroc a réussi à reprendre le chemin de la croissance (Jihad Azour, FMI)
Malgré une reprise incertaine et inégale dans la région, le FMI estime que le Maroc fait partie des pays qui ont su le mieux s’adapter à la crise. Le pays a su orienter sa politique monétaire et sanitaire pour limiter les répercussions de la pandémie et assurer une bonne reprise de la croissance en 2021.
Le Fonds Monétaire International (FMI) a tenu, le 11 avril, une conférence de presse au sujet des perspectives économiques régionales au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Asie Centrale.
Le directeur du département MENA et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, ancien ministre des finances libanais, a donné sa lecture de la situation.
Il a précisé que la région a connu un bon rattrapage économique à partir du troisième trimestre 2020. « La région Moyent Orient et Asie Centrale a réagi rapidement et avec détermination pour limiter la propagation de la pandémie et ses répercussions économiques » explique-t-il.
Une reprise régionale inégale et une hausse de la dette publique
Néanmoins, il a rappelé que le chemin vers la croissance économique sera encore long et incertain. Il dépend en effet de plusieurs facteurs, notamment l’avancement inégal de la campagne de vaccination.
En 2021, Jihad Azour estime que la croissance dans la région MENA sera de 4%. Le FMI a rappelé que les pays les plus avancés dans la vaccination, qui comprennent les pays du Golfe riches en pétrole, le Kazakhstan et le Maroc, atteindront les niveaux de produit intérieur brut de 2019 dès 2022. La reprise à ces niveaux dans les autres pays de la région devrait prendre une année de plus.
Pour le FMI, une préoccupation particulière à l’avenir est l’accroissement de la dette publique et les pressions financières qui se sont aggravées sur la dernière année pour les pays de la région. « Cela entravera certainement les nouvelles mesures de politiques économiques » note Jihad Azour. En 2021–22, le Fonds signale que « les besoins de financements publics bruts devraient rester élevés dans la majorité des pays émergents de la zone avec des risques de détérioration de la situation en cas de resserrement des conditions financières mondiales ou si les rééquilibrages budgétaires tardent en raison d’une reprise moins vigoureuse que prévu ».
Malgré les contraintes budgétaires et la hausse de la dette publique observée dans les pays de la zone, « ils doivent considérer 2021 comme l’année de mise en place de politique de sortie de crise » explique Jihad Azour. L’accès au vaccin et le renforcement des systèmes de santé seront primordiaux pour assurer la reprise. « Accélérer la vaccination pourrait doper le PIB de 1 point d’ici 2022 » poursuit-il.
La résilience et le dynamisme du Maroc salués
Jihad Azour a également abordé le cas du Maroc. Dans ses explications, il a noté la capacité d’adaptation du pays face à ce qu’il nomme une ‘double crise’. Pour lui, le Maroc a fait face, non seulement à la crise sanitaire et à ses répercussions, mais également à une année de sécheresse qui a provoqué une contraction de l’économie nationale. « Cette année, grâce aux mesures mises en place sur le plan sanitaire mais aussi fiscal et monétaire, le Maroc a réussi à reprendre le chemin de la croissance » note Jihad Azour.
Le directeur du département MENA et Asie centrale du FMI note que l’économie marocaine a été une des plus réactives de la région face aux contraintes et opportunités apportées par la crise du Covid-19. « Nous avons vu tant sur la production, qu’au niveau social et bancaire, un certain nombre d’innovations qui ont permis d’améliorer la protection sociale en transférant à plus de 5 millions de familles à travers les applications bancaires, le support du gouvernement » explique Jihad Azour.
Il rappelle également l’avancement important du Maroc dans la campagne de vaccination. « Le Maroc reste également le plus avancé sur la vaccination sur le territoire africain et dans la région Mena, si l’on exclut les pays du Golfe » précise-t-il.
Pour le FMI, le Maroc a tiré deux enseignements essentiels de la crise. « Premièrement, l’importance du social. Dans ce sens, le gouvernement a lancé un chantier de la réforme du système de protection sociale. En parallèle, la gestion de la politique monétaire et la politique de change par la Banque Centrale a permis de renforcer cette stabilité. C’est ce qui a permis au Maroc, après avoir tiré sur sa ligne de précaution et de liquidité avec le FMI, d’aller sur les marchés internationaux et de lever un montant très positif et un soutien élevé des investisseurs » conclut Jihad Azour.
>>> Lire aussi : Jihad Azour, FMI: Le Maroc doit investir davantage dans le social et le capital humain
Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!