Tarik El Malki

Membre de l'USFP et directeur du département développement et recherche scientifique au groupe ISCAE.

Plaidoyer

Le 25 septembre 2016 à 18h49

Modifié 9 avril 2021 à 20h42

Deux semaines seulement nous séparent du scrutin du 07 octobre prochain. Celui-ci, le second depuis l’adoption de la Constitution de 2011, revêt un aspect particulier dans la mesure où, pour la première fois de notre histoire contemporaine, les électeurs seront amenés à effectuer un choix de société qui conditionnera l’avenir du pays pour les cinq, voire dix années à venir.

Les citoyens auront le choix entre deux modèles de société diamétralement opposés.

Le premier, conservateur, rétrograde, vise progressivement à “islamiser“ la société marocaine en imposant des us et coutumes qui sont totalement étrangers à notre culture. Nous avons eu, ces 5 dernières années, un avant-goût de ce qui nous attend si le parti majoritaire aujourd’hui au pouvoir rempile pour un second mandat.

Les libertés individuelles sont menacées, ainsi que la liberté de la presse. Les droits des femmes sont également en recul, les libertés syndicales sont bafouées avec une menace contre le droit de grève. Aucune négociation et concertation ne sont menées avec les syndicats ni avec aucune partie en ce qui concerne le dialogue social.

C’est inédit à tel point que, pour la première fois de l’histoire du syndicalisme contemporain marocain, une centrale syndicale et non des moindres (l’UMT) décide de sortir de sa neutralité politique et appelle à voter contre le PJD.

C’est dire à quel point le malaise est grand! Plus grave encore, ce parti gouvernemental joue de la menace et de l’intimidation, invoque pour justifier l’injustifiable, des théologiens douteux adeptes de l’idéologie wahhabite quand le Maroc a toujours reconnu et pratiqué un islam tolérant et ouvert, basé sur le rite malékite.

Ce parti, au nom d’une idéologie religieuse rétrograde qui ne dit pas son nom, trace des lignes de démarcation, au nom de la morale, entre ce que doivent être les «bons citoyens» de notre pays et les autres.

Cette culture nous est totalement étrangère. C’est la raison pour laquelle je considère et ai la certitude que le PJD prépare véritablement un Coup d’Etat contre les institutions de notre pays.

Le véritable projet de ce parti n’est pas de gouverner cinq années mais de mettre en place, à terme, un Etat religieux avec tout ce que cela implique en matière de changements institutionnels, sociétaux et surtout culturels. Le terreau à ce projet inique est propice et favorable, à cause notamment d’un faible degré de conscience politique de la population, d’un niveau d’instruction extrêmement faible, et d’un système de valeurs en perdition.

Mais il faut que nos concitoyens sachent que ce parti, à mon sens, n’appartient pas au Maroc que nous connaissons. Il joue sur les frustrations, les fantasmes réels ou supposés de certaines catégories de la population, sur des rancœurs anciennes, les peurs légitimes ou pas de certaines catégories de notre société.

C’est un cas d’école typique de ce que le fascisme européen a toujours engendré depuis un siècle. Au nom d’une idéologie, hier national-socialiste, aujourd’hui islamo-fasciste, le «paumé» d’hier deviendra prince demain! C’est un classique en politique.

Ce type de partis politiques ont un réel talent à écrire un récit imaginaire dans lequel se retrouvent nombre de laissés pour compte des sociétés. Mais Il ne faut pas être dupe de la tartuferie et de l’imposture.

Il faut savoir que ce parti n’a aucun projet d’avenir pour le Maroc. Rien en ce qui concerne l’Education nationale, l’emploi des jeunes, la croissance économique, la justice etc. Non, car le véritable et inavouable projet de ce parti, qui fonctionne plus comme une secte, n’est pas économique mais bel et bien politique, institutionnel et sociétal.

Imposer des mœurs qui incarnent une rupture profonde en termes de tout ce qui a fait et incarné le vivre ensemble du Maroc depuis la nuit des temps.

Nous avons déjà des exemples probants à ce sujet: des lynchages de foule savamment organisées contre tel ou tel corps considéré comme «impur», des individus proposés comme têtes de liste au niveau des élections législatives et qui appellent sciemment au meurtre d’une catégorie de leurs concitoyens juifs notamment, la victimisation systématique comme mode de gouvernance, etc.

Non ces gens n’aiment ni le Maroc, ni ce que représente le Maroc en termes de d’histoire, de valeurs, de culture. Leur dessein est de fabriquer un Maroc intolérant, divisé, liberticide, uniforme, sectaire, replié sur lui-même quand notre histoire s’est faite sur le mélange des races et des peuples, sur l’ouverture aux autres et la tolérance comme valeurs phares. Le temps des palabres et de la discussion est terminé. 
De ce fait, nous devons nous mobiliser pour défendre un autre projet de société, progressiste et moderniste, dont l’objectif est de mettre le Maroc sur les rails de l’émergence durable.

A ce titre, l’Union Socialiste des Forces Populaires incarne naturellement ce modèle de par son histoire, ses principes, son expérience gouvernementale entre 1998 et 2002 notamment lorsque Abderrahmane Youssoufi a conduit le gouvernement d’alternance.

Notre parti, aujourd’hui conscient plus que jamais du danger qui guette notre pays, propose un modèle de développement global, intégré, multidimensionnel qui englobe les volets institutionnel, politique, économique, social, culturel et religieux notamment.

Un modèle qui vise à émanciper le citoyen de toute forme de tutelle, qui vise à raffermir, renforcer et développer toute forme de liberté individuelle et collective, à renforcer le processus démocratique à travers la mise en œuvre de la Constitution votée en 2011, à mettre en œuvre un modèle de croissance ambitieux à même de placer le Maroc sur le sentier de l’émergence à travers l’exploitation de nouveaux gisements de croissance
A ce titre, j’ai eu l’occasion et l’immense honneur d’être reçu, à ma demande, il y a quelques jours par l’ancien Premier Ministre et figure tutélaire de la gauche marocaine, Me Abderrahmane Youssoufi.

L'émotion était grande de mon côté. Je souhaitais lui présenter les ouvrages que j’ai publiés ces dernières années sur des thématiques qui lui sont chères, mais également lui présenter les idées forces d’un nouvel ouvrage que je rédige actuellement sur ma conception de l’avenir du Maroc.

L’initiative a été accueillie très positivement. Bien évidemment, la discussion s’est rapidement placée sur le terrain politique.

Cet homme qui a su incarner une partie de l’Histoire de notre pays, et qui reste d’une simplicité extrême, d’une exigence morale impressionnante, et d’une vivacité intellectuelle hors pair, m’a dit la chose suivante: «La situation actuelle est d’une complexité extrême et votre génération a un rôle déterminant à jouer afin de participer à l’avènement de ce Maroc démocratique pour lequel nous avons tant combattu». Je lui ai répondu, simplement, que ma génération est consciente de cela et que notre mission de ce qui nous reste comme temps est de militer, combattre, mobiliser et convaincre notre jeunesse notamment de la nécessité de s’impliquer et s’engager en politique afin de défendre notre modèle sociétal, particulier, unique et pluriel, contre toute tentative de nous enfermer dans des modèles sociétaux, dogmatiques, archaïques et d’un autre âge.

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