L’Europe doit redéfinir la réussite

Le 30 septembre 2013 à 9h30

Modifié 10 avril 2021 à 4h05

  C'est vraiment pathétique de voir les dirigeants européens se faisant valoir après un seul trimestre de croissance positive au taux annuel palpitant de 1,2%. Juste pour dire l'évidence: quand un pays connaît un immense succès au niveau de la production et de l'emploi, il est censé avoir une longue période de croissance rapide pour remonter la pente. Sinon, c’est donner une définition trop facile du succès.  

Voici une comparaison qui pourrait bien illustrer mon propos. C'est entre la Lettonie - qui se présente comme un exemple réussi en matière d’austérité budgétaire, car elle a connu une croissance rapide, même si le pays est encore loin en dessous des niveaux d'avant la crise - et un autre pays, qui n'est pas la Lettonie.

Deux grandes réussites n’est-ce pas ? Mais quel est donc cet autre pays qui n’est pas la Lettonie ?

Eh bien, il s’agit des États-Unis, de 1929 à 1935 ; les données proviennent de l'édition du millénaire des Statistiques historiques des États-Unis (les données sur la Lettonie proviennent du Fonds monétaire international). Chose étrange, la plupart d'entre-nous pensent que l'Amérique se portait bien lors de la Grande dépression de 1935.

Je sais, je sais : les Lettons affirment que du fait que le boom qui a précédé la croissance ne pouvait pas perdurer, qu'ils se retrouvent aujourd’hui, proche du plein emploi. Nous aborderons tout cela dans le prochain Panel de Brookings. Je veux juste faire remarquer qu’un peu de croissance après une récession profonde - et il s’agit pour l'Europe dans son ensemble, seulement de peu de croissance - n'est pas définitive.

Le Singapour, un nouveau Chili

Souvenez-vous du débat sur ??la sécurité sociale aux États-Unis en 2005 ! Le président George W. Bush venait d'être réélu, et sa campagne était axée sur la sécurité nationale et les questions sociales - comme j'aime à le dire, il s'est présenté comme le défenseur de l'Amérique contre les terroristes et le mariage des homosexuels - mais une fois les résultats obtenus, il a déclaré qu'il était mandaté pour ... privatiser la sécurité sociale.

Pendant la guerre des idées qui a suivi, les conservateurs ont souligné à plusieurs reprises l'exemple du régime de retraite privatisé du Chili, présenté comme un modèle brillant, que l'Amérique devait  suivre.

Néanmoins il se trouve que, les électeurs américains, n’apprécient pas vraiment l'idée qu’on joue avec la sécurité sociale et la campagne de Bush n’a pas fait long feu.

Et puis, il s’est passé une drôle de chose : en 2008, les Chiliens ont montré qu’ils n'ont pas aimé leur système et il a été massivement réformé. Selon un rapport publié cette année par le bureau de l’administration de la sécurité sociale, de l’invalidité et de la retraite : «La pierre angulaire de la nouvelle loi met en place un régime universel de base comme complément au système des comptes individuels.»

En d'autres termes, le Chili a réorienté son système de façon substantielle vers, euh… la sécurité sociale.

Dans les débats actuels sur la réforme des soins de santé aux États-Unis, le modèle singapourien prend la relève sur celui des conservateurs chiliens, en matière de sécurité sociale. Une fois de plus, un lointain petit pays dont nous ne savons rien, dispose d’un soi-disant merveilleux système de soins de santé, basé sur les principes du marché libre. Comme l’a récemment démontré Aaron Carroll, professeur à l'École de médecine de l'université de l'Indiana, il se trouve que le système de Singapour correspond beaucoup moins à un marché libre, et qu’il implique l'intervention du gouvernement beaucoup plus, que la légende ne le veuille.

Quoi qu’il en soit cependant, devinez quoi : il s'avère aujourd’hui que les Singapouriens ne sont pas contents du système. Ils l’ont récemment réformé de manière à le rendre beaucoup plus conforme à ... l’«Obamacare» (le système de soins d’Obama).

Paul Krugman

© 2013 The New York Times

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