Lettre à mon ami Francis Gouin. Prêtre à la paroisse de Nador
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Le 29 juillet 2016 à 14h28
Modifié 11 avril 2021 à 2h38
Cher Francis Gouin
Paroisse de Nador - Maroc
Je suis profondément triste et troublé. Le crime de Rouen, l'assassinat abject du père Jacques Hamel, m'a profondément bouleversé. Ce n'est pas que ce crime ait été plus atroce que les autres. Il y a tellement de visages martyrisés que la toile virtuelle nous révèle chaque jour, que nous sommes obligés de relever le niveau de la lie et de bien tenir le calice. Sans faiblir. Mais ça se passe tellement vite que nous sommes obligés de passer de l'un à l'autre visage, sans en avoir complètement fait le deuil.
Le crime abject dont a été victime un enfant égorgé en direct en Syrie, par les mêmes hordes il y a quelques jours seulement, m'avait, laissé sans voix.
Pourtant quand j'ai vu le visage du père Jacques, je ne sais pas pourquoi j'ai immédiatement pensé à toi, à ce que tu as été et ce que tu es dans ma vie.
Quand je t'ai retrouvé il y a quelques mois après plusieurs années, quand j'ai su que tu avais tout fait pour me retrouver, je t'ai pris longtemps dans mes bras et les larmes sont venues toutes seules.
Je sais ce qui tu es et ce que tu vaux. C'est également auprès de toi et de tes amis, dans les années difficiles, que j'ai trouvé le soutien indéfectible et sans calcul, le réconfort, l'humilité, l'honnêteté et le courage moral.
Quand tu m'avais traduit mon texte "Lettre ouverte à mon tortionnaire" en 1998, alors que le Maroc que tu aimes tant, était encore entre chien et loup, non seulement tu avais refusé toute contrepartie, mais tu avais insisté pour que ton nom apparaisse au bas du texte traduit alors que ça t'exposait à des risques certains.
Quand j'ai su que Père Jacques Hamel avait financé la construction d'une mosquée dans le voisinage à Rouen, je me suis conforté encore une fois dans l'intime conviction qui est la mienne depuis que j'ai pris conscience du monde: celle de la nécessaire coexistence de tous en société, le spirituel et le religieux devant rester la liberté de chacun.
Je suis persuadé que le geste du père Jacques appartient a cette galaxie d'hommes et femmes de lumière. Ce n'est certainement pas un hasard si ses dernières paroles étaient pour les meilleurs conditions d'assurer "le vivre-ensemble"...
Mes sincères condoléances cher ami, à toi et tous tes compagnons. Nous sommes tous Père Jacques Hamel.
Crois en ma profonde commisération, Père Francis, mon frère...
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