Les Exagérations économiques en Europe

Le 21 février 2014 à 11h23

Modifié 10 avril 2021 à 4h12

Selon le Financial Times, les proches collaborateurs du Premier ministre britannique ont bien raillé ces derniers temps le président français pour n’avoir pas réussi à relancer une économie restée au point mort, probablement en contraste avec le «triomphe» réalisé par la Grande-Bretagne.  

Comment cela se traduit-il en termes de, vous savez.., de chiffres réels ?

En consultant le tableau (ci-dessous) et en observant le PIB réel du Royaume-Uni et celui de France, depuis le début de la crise économique, on peut dire qu’aucune économie ne s'est couverte de gloire, mais aussi qu’il n’est aucunement question de triomphe britannique.
OK, mais peut-être que nous ne devrions regarder l'évolution, que depuis que le gouvernement de coalition de la Grande-Bretagne a pris le pouvoir en 2010. C'est en fait une mauvaise idée – parce que les économies ont, toutes, tendance à rebondir des récessions profondes et l’on doit s’attendre à une croissance plus rapide en Grande-Bretagne, qui justement avait la crise la plus profonde.

Pourtant, pour ce qu’elle vaut, (voir le tableau), la performance britannique qui a légèrement augmenté pendant les deux derniers trimestres, est pire que celle française. Encore une fois, pas vraiment le genre de résultat qui justifierait la vantardise.

Il est vraiment stupéfiant de voir qu’une si brève et peu impressionnante croissance cyclique, se vendre comme un gigantesque triomphe politique. Mais je suppose que c'est politique.

L’euthanasie du rentier

Dans un récent commentaire, un lecteur a cité John Maynard Keynes : « Les défauts remarquables de la société économique dans laquelle nous vivons, sont son incapacité à fournir le plein emploi et sa répartition arbitraire et inéquitable des richesses et des revenus. »

C’est, bien sûr, une citation parfaite pour notre temps. Le texte provient du dernier chapitre de la « Théorie générale » - un chapitre qui mérite d’être relu à la lumière des débats actuels.
Ce que Keynes décrit dans ce chapitre est, à peu près, un état ​​de stagnation séculaire - la persistance des faibles rendements sur les investissements, combinée à un excédent d'épargne chronique.

Il était convaincu, en 1936, que ce serait la situation des décennies à venir et il avait bien sûr tort. Mais il avait vu juste quant à ​​la possibilité d'un tel état de choses et comme il a été constaté il y a quelques temps, l'ancien secrétaire au Trésor américain, Larry Summers, était un stagnationniste. L’idée que nous pourrions très bien se retrouver dans cette situation est devenue une réalité aujourd’hui.

Ce qui m'a frappé, en lisant Keynes, ce sont ses remarques sur les taux d'intérêt et le rendement du capital : les taux d'intérêt bas, disait-il, «signifieraient l'euthanasie du rentier et, par conséquent, l'euthanasie du pouvoir oppressif cumulatif du capitaliste, d'exploiter la rareté - valeur du capital». Au moins les bénéfices demeurent élevés pour l'instant, mais les rendements obligataires sont très faibles.

Ce que Keynes n'a pas dit, mais qui semble aujourd’hui évident, c'est que les rentiers sont peu susceptibles d'accepter leur euthanasie gracieusement. Et c'est là, je dirais, où se trouve l'explication ultime de la réclamation persistante d'un resserrement monétaire, en dépit de la faiblesse des économies et de l’inflation.

J'ai décrit à plusieurs reprises comment les défenseurs du resserrement monétaire changeaient constamment leurs arguments - Il est question d'inflation ; non, il s’agit du bon fonctionnement du marché, non, c’est plutôt la stabilité financière - mais toujours en gardant la même ligne directrice : les taux doivent augmenter maintenant, maintenant, maintenant…

Eh bien, je pense que ce que nous entendons sont les voix des rentiers – ceux-là même qui, explicitement ou implicitement, travaillent pour eux-mêmes – qui revendiquent leur droit de réaliser de bons rendements, même si la ressource qu'ils contrôlent n'est pas plus vraiment rare.

Ils ne sont pas prêts à aller doucement dans leur euthanasie.

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