Ahmed Faouzi

Ancien ambassadeur. Chercheur en relations internationales.

La presse française : aux urnes citoyens !

Le 11 juin 2024 à 15h46

Modifié 11 juin 2024 à 15h46

La presse française comme les journalistes français ont été pris au dépourvu par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron dimanche dernier. Aucun média ne semblait être au courant de cette initiative risquée, dont on n’est pas encore sûr des conséquences sur le pays d’abord, puis sur l’ensemble des pays européens ensuite. Aujourd’hui, mardi 11 juin, une simple lecture de la presse hexagonale donne l’impression que toute la classe politique française est sonnée par cette décision, consciente de la nécessité de resserrer les rangs face à cette échéance.

Une brève lecture de deux journaux opposés que sont L’Humanité, journal communiste d’une part, et Le Figaro, libéral et proche du patronat d’autre part, nous enseigne sur l’état d’esprit qui règne en France. De gauche comme de droite, quasiment tous les médias ont été pris au dépourvu par l’initiative présidentielle. Le pire, c’est que personne ne sait plus où se dirige le pays dirigé, selon cette même presse, par des inexpérimentés dans une Europe et un monde en pleine recomposition.

L’Humanité

Ce journal fondé par Jean Jaurès a mis aujourd’hui à sa Une : "Le cri du peuple de gauche". Il écrit que beaucoup de Français appréhendaient le jour où l’extrême droite se hissera aux portes du pouvoir. Ce moment tant redouté est arrivé, d’après le journal. Après le choc du score de l’extrême droite au scrutin européen et la stupéfaction suscitée par Emmanuel Macron avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, l’heure maintenant est à l’action.

Le journal écrit que c’est le sens de l’appel lancé par 350 personnalités du monde politique et intellectuels, pour qui les partis politiques ne doivent pas rester seuls. Il faut que les citoyens s’en mêlent pour qu’une dynamique de mobilisation voie le jour, peut-on lire. Devant le constat d’échec de la gauche, celle-ci sait que lorsqu’elle est désunie, elle ne pèse guerre dans la balance politique. La société civile doit donc faire bloc contre le danger qui risque d’arriver. Pour L’Humanité, l’extrême droite arrive toujours au pouvoir quand la gauche est divisée.

Sous la plume de Fabien Gay, celui-ci traduit dans son éditorial que l’heure est à la résistance et à l’offensive. Vingt jours nous séparent désormais du premier tour des élections législatives, qu’il qualifie d’élections improvisées. Il continue : à l’image de la "Start-up nation" dont il se fait le promoteur, ce président de la République décide de frapper fort et vite. Nous aurions tort de penser qu’il s’agit uniquement d’un coup de poker. Le capital veut poursuivre la structuration de la vie politique de façon binaire, autour d’un duel entre un pôle libéral et un pôle réactionnaire.

Le Figaro

C’est une autre grille de lecture que proposent les colonnes du journal de droite et ouvertement libéral Le Figaro qui, lui aussi, reste critique vis-à-vis de Macron. Le titre de son édition de ce jour est : "Le pari de Macron déroute la majorité". Pour ce quotidien, les députés de la majorité sont sous le choc après la décision présidentielle.

Sous la plume de son éditorialiste Yves Thréard, ce journaliste se pose la question : qu’espère Macron de cette initiative ? Puis de donner lui-même la réponse en affirmant qu’il est peu probable que les Français changent radicalement d’opinion en un mois d’intervalle. Il argumente que sur 101 départements, 96 ont placé le Rassemblement National en tête aux élections européennes. Le chef de l’État compterait il sur les abstentionnistes pour renverser la tendance aux législatives des 30 juin et 7 juillet ?, se demande-t-il.

L’éditorialiste du Figaro ajoute qu’en prononçant la dissolution de l’Assemblée, le président a affirmé vouloir écrire l’histoire plutôt que la subir. La phrase prononcée par Macron lors de son discours, "j’ai entendu votre message et vos préoccupations", le journaliste la qualifie de paroles et de promesses. Les Français ne sont pas dupes, ils ne l’écoutent plus tout simplement. Et pourquoi serait-il subitement aujourd’hui plus lucide alors que depuis sept ans il s’obstine à improviser une politique du "en même temps" souvent incompréhensible et inefficace.

La critique du journaliste est encore plus acerbe quand il qualifie Macron, qui s’est érigé au début comme un rempart contre le Rassemblement National, de promoteur de l’extrême droite. Faute d’avoir agi clairement et rapidement contre l’immigration, la délinquance et le délitement de l’autorité, Macron a mené la France à la situation dans laquelle elle se trouve maintenant. Ce n’est pas en échafaudant un front républicain, en bricolant des alliances de dernière minute et en tirant des cordes sans laisse, un coup à gauche un coup à droite, que le camp présidentiel sauvera la face, selon l’éditorialiste.

Puis Yves Thréard de tourner l’initiative de Macron en dérision. En encourageant les Français à se rendre à des élections législatives comme à une session de rattrapage, le président semble leur dire : j’ai confiance en vous pour changer d’avis. Mais les Français ont-ils encore confiance en lui ? Puis de conclure qu’à trois ans de la fin de son mandat, Macron prend un risque immense. Plus dure sera la chute, lui prédit l’éditorialiste.

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