Kamal Daoud: L‘obscurantisme a la peau dure

Le 29 décembre 2014 à 14h55

Modifié 10 avril 2021 à 4h26

Kamal Daoud est un journaliste blogueur algérien. Son premier roman a raté de peu le prix Goncourt. C’est un roman original qui fait le contre pied à «L’Etranger» d’Albert Camus en donnant un nom à l’arabe assassiné dans le roman du prix Nobel de littérature.  

Une fatwa vient de le condamner à mort en Algérie, non pas pour le contenu, mais pour les déclarations lors d’une émission télé en France.

Il se trouve que j’ai suivi cette émission où son intervention constituait un temps fort. Il a d’abord considéré que «l’arabité lui appartient et [qu’il] n’appartient pas à l’arabité» celle-ci n’étant qu’une culture. Il est donc algérien avec une identité plurielle.

Il a ensuite expliqué qu’il a commencé par être islamiste, «parce qu’ils proposent une réponse globale qui n’existe pas chez les autres», mais qu’aujourd’hui, il est toujours croyant mais il pense que «pour arriver à la démocratie, la modernité il faut débarrasser l’espace public de la religion», tout ce qu’il a dit est défendu par les intellectuels de la région depuis plusieurs décennies: Feu Mimouni, en Algérie,  Mohamed Talbi en Tunisie, ont passé leur vie à plaider pour la sécularisation de la religion… Eux aussi ont eu droit aux appels au meurtre.

L’obscurantisme a étendu ses frontières. N’est plus apostat celui qui renie la foi, s’attaque à un verset coranique ou à la vie du prophète. Kamal Daoud a fait référence à son identité plurielle, à son algérianité. Il ne fait que constater une réalité historique, celle d’Etat-nations constitués, ce qui fait du concept du Monde Arabe un espace culturel et non pas une chimérique entité politique.

Or, l’idée de nation est incompatible avec la Oumma, cette nébuleuse qui au nom de la religion voudrait gommer tous les autres référents identitaires, c’est pour cela que l’islamisme politique combat les courants nationalistes même quand ceux-ci se réclament de l’Islam.

Il a pris position pour la laïcité. C’est une position politique parce que cela consterne l’organisation de la vie publique dans le respect des croyances de tout un chacun, lui-même se considérant musulman. Mais pour eux, c’est l’abjection absolue. L’Islam selon eux, doit tout organiser dans la vie sans aucune liberté individuelle.

Il ne faut ni surévaluer ces fatwas, ni les sous-estimer. Ce discours, cette pensée existent dans tous les pays de la sphère sous des formes différentes. De l’Islam politique le plus modéré aux muftis de la haine, il y’a une matrice unique fondamentalement opposée à l’émergence de l’individu; or sans celle-ci, je suis là aussi d’accord avec Kamal Daoud, il n’y aura pas de modernité. Ce combat là n’est pas celui d’une compagne électorale mais d’une lutte idéologique et politique de longue.

Sami Nair disait, à propos de la guerre antiterroriste en Algérie: «Les islamistes en violentant les sociétés baliseront le chemin vers la laïcité». J’y crois fermement.

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