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2015, l'année de tous les dangers pour l'Europe

Le 26 décembre 2014 à 12h58

Modifié 10 avril 2021 à 4h26

BERLIN – On nous dit que la crise de l'euro est derrière nous. Les marchés financiers ont retrouvé le calme, tandis que les autorités européennes, notamment la BCE, assurent que l'union monétaire est sauvée. Mais les pays du sud de l'Europe restent en dépression, la zone euro dans son ensemble souffre d'une croissance atone, elle est soumise à des pressions déflationnistes et dans les pays en crise, le chômage reste à un niveau insupportable.  

Etant donné l'incapacité manifeste des autorités européennes à mettre fin au malaise, beaucoup de pays membres ne supportent plus l'austérité. Certains d'entre eux sont confrontés à un soulèvement politique.

Une nouvelle crise pourrait être déclenchée (comme pour la crise de l'euro) par la Grèce où a lieu une élection présidentielle qui ne parviendra peut-être pas à faire émerger un gagnant. Si le Parlement grec n'élit pas un président avec une majorité des deux-tiers lors du troisième et dernier tour cette semaine, il sera dissout et il y aura des élections anticipées. Le risque est de voir Syriza, un parti socialiste d'extrême-gauche, arriver au pouvoir.

Pour gagner, Syriza doit soit induire ses électeurs en erreur quant à ce qu'il pourra faire, soit insister sur sa volonté de renégocier les conditions du remboursement de la dette grecque imposées par la Troïka (la Commission européenne, la BCE et le FMI) tout en menant une action unilatérale au cas où la renégociation échoue. Mais toute renégociation qui suivrait une victoire de Syriza provoquerait dans le sud de l'UE un tremblement de terre politique qui balayerait l'austérité et relancerait à pleine force la crise de la zone euro.

La Grèce en elle-même est un pays trop petit pour que ses problèmes constituent un véritable danger pour la zone euro. Mais le résultat de l'élection à Athènes pourrait provoquer la panique sur les marchés financiers et engendrer ainsi une crise qui pourrait s'étendre à l'Italie, la troisième économie de la zone euro, et par la suite à la France, la deuxième économie de la zone.

Un miracle pourrait survenir

Un nouveau président pourrait être élu la semaine prochaine à Athènes, ou bien le parti Syriza pourrait ne pas remporter les prochaines élections législatives. Malheureusement, cela ne ferait que retarder la crise politique au sein de l'UE. En Italie aussi on voit les signes annonciateurs d'une tempête - une crise qui mettrait à mal l'austérité, mais semble-t-il de plus en plus, l'euro lui-même. Et après avoir frappé l'Italie, la tempête pourrait s'abattre sur la France.

Le conflit lié à l'austérité est devenu politiquement explosif parce qu'il s'installe entre l'Allemagne et l'Italie - et pire encore, entre l'Allemagne et la France, le tandem qui a mené l'intégration européenne pendant 60 ans. Et cela au moment où les forces nationalistes anti-européennes prennent racine au Bundestag en Allemagne ainsi que dans les parlements des Landers - et dans la rue - ce qui limite la marge de manœuvre de la chancelière Angela Merkel pour parvenir à un compromis.

La crise de la zone euro et le refus au niveau européen de toute réelle mesure de relance de la croissance a contribué (de manière significative mais non exclusive) à la renaissance des nationalismes au sein de l'UE. Leur renaissance est devenue manifeste en mai 2014, avec le bon résultat des populistes anti-européens lors des élections au Parlement européen. Depuis ils se développent de plus belle.

L'absurdité de la xénophobie nationaliste

Cela peut sembler bizarre. Tous les problèmes auxquels l'Europe est ou se trouvera confrontée peuvent être résolus plus facilement au niveau européen dans le cadre d'une communauté politique supranationale que par un pays à lui tout seul. La xénophobie nationaliste est particulièrement absurde au vu de la réalité démographique : une Europe vieillissante a un besoin urgent de davantage d'immigrés !

Il est frappant que l'Europe ait si peu réagi à l'aide russe aux nationalistes au sein de l'UE (qu'ils soient récents ou anciens). Ainsi le gouvernement de Poutine a contribué à financer le Front national français avec un prêt de plusieurs millions d'euros accordé par une banque russe. Apparemment l'autoritarisme et le nationalisme (auxquels on peut ajouter une bonne dose d'anti-américanisme) engendrent des solidarités.

Le nationalisme réactionnaire menace aujourd'hui l'UE tant de l'intérieur que de l'extérieur, c'est pourquoi la prochaine crise de la zone euro sera politique. Dans ces conditions, pourquoi Berlin, Bruxelles et les autres capitales de l'UE ne veulent-elles pas changer de politique, alors que celle qu'elles ont menée jusqu'à présent a aggravé la situation ? Observer l'UE de l'extérieur c'est un peu comme voir un train au ralenti qui va droit vers une collision - un accident annoncé.

Il faut aussi évoquer le Royaume-Uni qui se rapproche résolument de la sortie de l'UE. Le danger va au-delà de 2015 et c'est un élément important de l'image d'ensemble de la crise qui menace l'UE. Que le Royaume-Uni se sépare politiquement ou pas du continent, 2015 sera un tournant pour l'Europe.

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz

© Project Syndicate 1995–2014

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