Présidentielle au Brésil: Rousseff à l'attaque contre la menace Silva

(AFP)

Le 3 septembre 2014

Sa réélection en péril, la présidente brésilienne Dilma Rousseff est passée à l'offensive frontale contre sa rivale écologiste Marina Silva, qui l'a détrônée en deux semaines de son statut de favorite à la présidentielle d'octobre.

L'objectif de cette nouvelle stratégie offensive tous azimuts: démontrer les "incohérences" et l'incapacité à forger une majorité parlementaire de Marina Silva, qui surfe habilement sur la vague de la fronde sociale anti-système de juin 2013, incarnant une "nouvelle politique" en rupture avec les partis traditionnels qui dirigent le Brésil depuis 20 ans.

Malgré l'usure de 10 ans de pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche), les manifestations monstres de l'an dernier, les scandales et une gestion économique très critiquée, Dilma Rousseff était encore donnée largement favorite il y a un mois, face à deux grands rivaux sans relief, le social-démocrate Aecio Neves (PSDB) et le socialiste Eduardo Campos (PSB).

Marina Silva avait fait alliance avec ce dernier, faute d'avoir enregistré à temps son parti pour se présenter.

Mais la mort d'Eduardo Campos dans un accident d'avion le 13 août, a propulsé la populaire Marina Silva candidate du PSB. Et son ascension fulgurante dans les sondages a bouleversé la campagne.

- 'Sauveurs de la patrie' -

Le camp présidentiel a d'abord été désarçonné par la montée en flèche de cette ancienne militante PT et ministre de l'Environnement de l'ex-président Lula, devenue un électron libre et atypique du monde politique brésilien depuis son entrée en dissidence en 2009.

Mais le dernier sondage de vendredi, donnant les deux femmes à égalité au premier tour et Mme Silva victorieuse avec dix points d'avance au second, a sonné l'heure de la contre-attaque.

Dilma Rousseff multiplie depuis le début de la semaine les attaques frontales contre sa rivale, qui rend coup pour coup.

Lundi soir, lors du deuxième débat télévisé de la campagne, elle a sommé son adversaire d'expliquer comment elle comptait financer les 46 milliards d'euros de dépenses correspondant à ses promesses, comme celle d'attribuer 10% du PIB à l'Education.

Réponse? En mettant fin à la "mauvaise gestion" et au gaspillage des dépenses publiques qui ont plongé le géant émergent d'Amérique latine dans la récession au premier semestre sur fond d'inflation en surchauffe, a rétorqué Marina Silva.

Mardi, Dilma Rousseff a visé le talon d?Achille de Marina Silva, qui promet de gouverner avec "les meilleurs", au-dessus de la mêlée des partis.

"Dans une démocratie, personne ne gouverne sans parti", a souligné Mme Rousseff. "La base de soutien de Marina Silva compte aujourd'hui 33 députés (ceux du PSB, NDLR). "Sait-elle combien il lui en faudra pour approuver un simple projet de loi? 129. Et une réforme constitutionnelle? 308. A-t-elle le tact pour négocier?", a mis en doute la présidente-candidate.

Certains veulent voir en Marina Silva une "Lula en jupons", en raison de ses origines modestes communes avec l'ancien leader syndical devenu président et de leur parcours atypique.

Mme Rousseff l'a elle comparée aux deux seuls présidents du Brésil qui furent élus sans l'appui de solides coalition fortes et qui n'allèrent pas au bout de leurs mandats, le fantasque Janio da Silva (1961-61) et Fernando Collor de Mello (1990-92).

- Le visage des manifestations -

"Deux fois dans notre histoire, le Brésil a élu des sauveurs de la patrie, les chefs du parti +Moi tout seul+. Et nous savons bien comme cela a fini", a-t-elle mis en garde.

D'abord jugée trop risquée par les stratèges du PT en raison de la popularité de Marina Silva, la stratégie de l'affrontement est devenue inévitable, souligne Andre Cesar, analyste politique du consultant Prospectiva.

"Dilma va attaquer et s'exposer, car c'est la seule chance qui lui reste de la battre. Mais cela peut se retourner contre elle comme un boomerang. En un mois de campagne, tout est encore possible", déclare-t-il à l'AFP.

Pour l'heure, la géographie électorale des sondages est défavorable à la présidente sortante. Mme Rousseff est en avance dans le Nord-Est pauvre du pays, où les populations bénéficient à plein des programmes sociaux lancés par Lula.

Mais Marina Silva mène "et gagne du terrain" dans le Sud-Est industrialisé des mégapoles de Sao Paulo et Rio de Janeiro, qui furent l'épicentre des manifestations de juin 2013 des jeunes de la classe moyenne contre la corruption et l'indigence des services publics.

"Elle y est vue comme une alternative. Elle a le visage des manifestations", souligne encore M. Cesar.

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Le 3 septembre 2014

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