La Turquie commémore la bataille de Gallipoli, dans l'ombre du génocide arménien

(AFP)

Le 24 avril 2015

La Turquie du président Recep Tayyip Erdogan a célébré vendredi le 100e anniversaire de la bataille de Gallipoli en délivrant un message de réconciliation toutefois polluée par la polémique sur l'autre centenaire du jour, celui du génocide arménien.

Entouré d'une vingtaine de dirigeants du monde entier réunis sur les rives du détroit des Dardanelles, le chef de l'Etat turc a honoré la mémoire des soldats de l'Empire ottoman et du corps expéditionnaire franco-britannique tombés pendant cet épisode meurtrier de la Première guerre mondiale, et a prêché pour la paix.

"Je veux redire à nouveau au nom de tous, devant la mémoire des centaines de milliers de jeunes qui reposent dans cette petite péninsule, notre détermination à assurer la paix et la prospérité dans le monde", a-t-il promis dans son discours.

"J'espère que Canakkale (Dardanelles) servira d'exemple au monde entier et à toutes les communautés pour transformer notre peine commune en un outil de promotion de la fraternité, de l'amour et de la paix", a-t-il insisté, "un remède contre le terrorisme, le racisme, l'islamophobie et la haine".

"Nous devons honorer l'héroïsme des combattants de Gallipoli dans les deux camps", a renchéri sur le même ton le prince Charles, héritier de la couronne britannique.

Malgré ce ton très oecuménique, le message délivré par l'homme fort de Turquie est resté largement brouillé par la polémique sur le génocide arménien.

D'autres chefs d'Etat et de gouvernement, dont les présidents russe Vladimir Poutine et français François Hollande, ont ainsi boudé l'invitation de Gallipoli et préféré rendre vendredi hommage à Erevan aux centaines de milliers d'Arméniens massacrés par l'Empire ottoman à partir du 24 avril 1915.

Ces derniers jours, les Turcs ont vigoureusement dénoncé toutes les déclarations, du pape François au président allemand Joachim Gauck, les pressant de reconnaître un "génocide" arménien, et ont dénoncé une "campagne de dénigrement".

Pour la première fois cependant, un ministre turc a assisté vendredi à Istanbul à une messe en l'honneur des victimes arméniennes de 1915.

- 'Coeurs ouverts' -

"Nos coeurs sont ouverts aux descendants des Arméniens ottomans de par le monde", a déclaré M. Erdogan dans un message lu pendant cet office en leur renouvelant ses condoléances. Mais le chef de l'Etat turc n'est pas allé plus loin.

Après la cérémonie internationale de Gallipoli, les anciens belligérants de 1915 ont commencé vendredi à honorer leurs morts dans des rendez-vous "nationaux".

Le plus célèbre, le fameux "service de l'aube" organisé par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, se déroulera samedi au petit matin, à l'heure précise du débarquement des premières troupes alliées sur les plages turques.

La bataille des Dardanelles a débuté en février 1915 par la tentative d'une flottille franco-britannique de forcer le détroit pour s'emparer d'Istanbul, capitale de l'Empire ottoman.

Repoussés, les Alliés ont débarqué le 25 avril à Gallipoli mais ont été contraints à une humiliante retraite après neuf fois d'une guerre de tranchées qui a fait plus de 400.000 morts ou blessés dans les deux camps.

Malgré la défaite, l'héroïsme des jeunes soldats australiens et néo-zélandais, dont c'était le baptême du feu, contribuera à former l'identité nationale des deux pays. "Leur persévérance, leur dévouement, leur courage et leur compassion nous a défini en tant que Nation", a déclaré le chef du gouvernement australien Tony Abbott.

Comme chaque année, de nombreux touristes ont fait le pèlerinage de Gallipoli depuis l'autre côté de la planète. "Il est très important de revenir ici pour leur rendre l'hommage qu'ils méritent", a déclaré Marjorie Stevens, 87 ans, venue d'Adelaïde (Australie).

L'Empire ottoman a fini la guerre dans le camp des perdants et démantelé. Mais la bataille de Gallipoli est devenue un symbole de la résistance qui a abouti à l'avènement de la République turque moderne en 1923. A la tête d'un régiment, son père-fondateur Mustafa Kemal y a forgé sa légende de héros national.

A un mois des élections législatives turques du 7 juin, M. Erdogan n'a pas manquer de faire vibrer la fibre patriotique nationale. "Nous avons payé un prix élevé pour la victoire de Gallipoli. Il ne faut pas oublier que nous devons à cet esprit et à cette persévérance notre indépendance d'aujourd'hui", a-t-il dit.

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Le 24 avril 2015

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