Espagne: Rajoy se pose en garant de l'Etat providence face à la “démagogie”

(AFP)

Le 24 février 2015

Le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, s'est présenté mardi en garant de l'Etat providence face à la "démagogie", à moins d'un an de législatives lors desquelles le Parti populaire au pouvoir devra affronter la montée en force du mouvement antilibéral Podemos.

"Ce n'est pas avec de la démagogie qu'on maintient l'Etat providence", a déclaré M. Rajoy dans un discours sur l'Etat de la nation, dénonçant ceux qui "font des promesses en l'air", une allusion aux discours de Podemos, allié du Syriza grec, devenu le premier parti du pays.

"Si nous n'avions pas pu réduire de moitié les intérêts de la dette, nous aurions dû diviser par deux les prestations sociales", s'est emporté M. Rajoy, au pouvoir depuis fin décembre 2011.

"Il est très dangereux de penser (...) qu'une politique sociale qui ne soit pas soutenue par une solide politique économique est possible", a-t-il ajouté devant le Congrès des députés (chambre basse), soulignant que son pays avait retrouvé grâce à celle-ci, le chemin de la croissance (+1,4%) et de la création d'emplois, plus de 400.000 en 2014.

"Nous avons réussi ce que beaucoup croyaient impossible", s'est-il félicité, appelant chacun à se souvenir de la fin 2011, lorsque chaque jour 3.200 personnes se retrouvaient sans emploi.

Une vision qui n'est pas partagée par tous en Espagne, où le chômage touche encore 23,7% de la population active, soit le deuxième chiffre le plus élevé de l'Union européenne après la Grèce (25,8% en novembre).

Un discours "triomphaliste et euphorique", a d'ailleurs critiqué le porte-parole du Parti socialiste au Congrès, Antonio Hernando. "M. Rajoy a décrit un climat économique et social printanier et accueillant alors que la réalité des gens est tout autre", a-t-il ajouté.

- Sauvetage global évité -

"Il est très dangereux de penser que l'Etat providence peut se reposer sur des hypothèques ou aller de l'avant avec l'argent des autres", a insisté Mariano Rajoy, tentant de contrecarrer les critiques contre sa politique d'austérité, marquée par des coupes claires en matière de santé, d'éducation et de prestations sociales.

"La plus grande mesure de politique sociale de cette législature a été d'éviter le sauvetage" de l'économie espagnole auquel ont dû recourir la Grèce, l'Irlande et le Portugal, a assuré M. Rajoy qui a au passage salué l'accord entre Athènes et l'Eurogroupe.

L'Espagne n'a pas eu à proprement parler de sauvetage global mais bien un prêt de 41,4 milliards d'euros en 2012 pour sauver son secteur bancaire.

Il s'agissait du dernier discours sur l'Etat de la Nation de Mariano Rajoy avant une année électorale chargée - municipales, régionales et législatives - marquée par l'émergence de deux mouvements qui ne sont pas encore représentés au Parlement: l'antilibéral Podemos, en première ou deuxième position selon les sondages, et Ciudadanos, qui se situe au centre-droit.

Le premier dénonce la corruption et l'austérité. Le second dénonce, comme Podemos, la corruption touchant l'ensemble de l'establishment et le chômage.

Considérant que l'Espagne pouvait désormais se permettre davantage de dépenses sociales après avoir assaini ses finances, M. Rajoy a annoncé une série de mesures destinées à aider les classes moyennes. Parmi elles, figure la mise en place d'un mécanisme permettant à davantage de particuliers surendettés de restructurer leur dette, voire de l'effacer, en échange de la saisie de leurs biens, ce qui n'était pas possible jusque-là.

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Le 24 février 2015

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