Ebola: inquiétude mondiale grandissante et craintes pour la malade espagnole

(AFP)

Le 9 octobre 2014

L'inquiétude face aux risques de propagation d'Ebola était de plus en plus forte jeudi, des spécialistes comparant l'épidémie au Sida, tandis qu'à Madrid, l'état de santé de la première personne contaminée hors Afrique s'était dégradée.

"Cela va être un long combat (...) Depuis trente ans que je travaille dans la santé publique, la seule chose comparable a été le sida", a déclaré le Dr Tom Frieden, directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) lors d'une table-ronde à Washington.

Un cri d'alarme relayé par le président de la Sierra Leone Ernest Bai Koroma, pour qui la "réponse internationale a été, pour le moment, plus lente que le rythme de transmission de la maladie".

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a lui estimé qu'il fallait multiplier "par 20" l'aide actuelle pour espérer enrayer la maladie qui a déjà tué 3.900 personnes. La directrice du FMI Christine Lagarde, a admis -chose rare- , qu'il faut "augmenter les déficits pour soigner les gens".

Sur le terrain, en Guinée, le centre de traitement de MSF (Médecins sans frontières) était proche de la "saturation", après une nouvelle flambée de cas dans le pays, selon un communiqué diffusé jeudi soir .

Outre-Atlantique, Washington et Ottawa ont annoncé le renforcement du contrôle des voyageurs en provenance des pays africains touchés par Ebola, qui a tué mercredi un patient au Texas. La méthode retenue est celle d'une prise de température des voyageurs à risque.

En Europe, le Royaume-Uni a prévu l'introduction "d'un dépistage renforcé dans un premier temps concernant les aéroports (londoniens NDLR) de Heathrow et Gatwick et les terminaux Eurostar" pour les personnes en provenance du Liberia, de Sierra Leone et Guinée, a annoncé Downing Street .

En France, la ministre de la Santé Marisol Touraine a déclaré qu'elle travaillait "avec les autorités des pays concernés pour voir dans quelles conditions nous pourrions renforcer les contrôles au départ".

Une réunion européenne est prévue le 17 octobre pour discuter d'un éventuel renforcement des contrôles des voyageurs en provenance des pays africains touchés par Ebola.

- 'Grave danger' pour la malade espagnole -

A Madrid, au sixième étage de l'hôpital Carlos III, dans le nord de la ville , la première personne infectée par Ebola hors d'Afrique, Teresa Romero, aide-soignante ayant assisté deux religieux malades rapatriés d'Afrique et décédés, était très mal en point.

"Nous voulons manifester notre soutien à la personne qui a été infectée par le virus Ebola, qui souffre en ces moments d'une très grave affection, et dont la vie est en grave danger", a a déclaré le président de la région de Madrid Ignacio Gonzalez.

"Elle a dû être intubée", a raconté avec angoisse à des journalistes Jose Ramon, son frère, alors que l'hôpital admettait que son état s'était "dégradé", tout en démentant cette intubation. Le frère a précisé que l'équipe médicale allait "essayer un autre médicament".

Dans la matinée, de nouvelles révélations sur l'impréparation espagnole ont renforcé les craintes sur la découverte de nouveaux cas.

Juan-Manuel Parra, un médecin urgentiste de 41 ans, a décrit par le menu dans un rapport révélé jeudi par la presse la journée infernale qu'il a vécue en portant assistance à l'aide-soignante, sans protection suffisante, renforçant l'idée que l'ensemble du système de prise en charge d'Ebola en Espagne est à revoir.

Par "précaution" vu son exposition directe au virus, il a été hospitalisé lui aussi mercredi soir à l'hôpital Carlos III de Madrid, qui accueille toutes les personnes pouvant être contaminées.

L'aide-soignante elle-même a cru se souvenir qu'elle avait pu toucher son visage avec des gants infectés accidentellement, alors qu'elle retirait sa combinaison après avoir pris des effets de la chambre d'un missionnaire qui a succombé à la fièvre hémorragique le 25 septembre.

Selon le docteur Juan Manuel Parra, lui et son équipe l'ont assistée pendant des heures avec des combinaisons de protection de base dans un hôpital voisin de son domicile.

Il utilise ensuite un équipement "de meilleur niveau de protection fourni par l'hôpital". A partir de 18H00, Juan Manuel Parra demande le transfert de la patiente à l'hôpital La Paz-Carlos III et décrit un état de santé "instable, avec un haut risque de complication et la nécessité d'une attention permanente avec des diarrhées, expectorations, vomissement et la présence de menstruation de la patiente". Selon lui, ce n'est qu'à minuit qu'arrivera enfin l'ambulance pour la transporter.

Jeudi à 14h00, sept personnes étaient encore hospitalisées, dont un seul cas était confirmé, celui de Teresa. L'hôpital a par ailleurs évacué un nouvel étage - les 6ème et 5ème étages étant déjà réservés au traitement de malades d'Ebola - pour faciliter le travail du personnel soignant.

La veille, par mesure de précaution, le chien de l'aide-soignante, Excalibur, a été euthanasié sur décision de la communauté de Madrid, estimant que l'animal présentait "un risque de transmission de la maladie à l'homme".

L'inquiétude avait aussi gagné le monde du football en Espagne, où des craintes au sein du Rayo Vallecano ont poussé Lass Bangoura, attaquant guinéen de ce club de Liga, à abandonner sa sélection en Afrique et à regagner Madrid en catastrophe.

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Le 9 octobre 2014

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