Paiement mobile: plus de 381.000 m-wallets émis, la solution décolle lentement
Un volume de wallets considéré comme faible selon des observateurs, qui lient la lenteur du développement à plusieurs facteurs, dont principalement le retard du démarrage des établissements de paiement et de l'enrôlement des commerçants.
Ce sont plus de 381.000 m-wallets qui ont été émis jusqu’au 7 octobre dernier, indiquent des sources familières avec la solution du paiement mobile à LeBoursier ; soit un peu plus que les 360.000 wallets annoncés par le gouverneur de la Banque Centrale Abdellatif Jouahri en septembre dernier.
Ces wallets ont été émis par 18 établissements, dont 8 banques et 10 établissements de paiement, parmi les 15 établissements de paiement déjà agréés par Bank Al-Maghrib pour exercer cette activité.
Un volume de wallets faible selon des observateurs qui constatent que cette lenteur est principalement liée au non-démarrage effectif des établissements de paiement agréés qui finalisent encore leurs structures (SI, moyens humains, réseau d’agents, tarification, offre, etc.). Des établissements qui devront apporter une véritable dynamique pour le paiement mobile en recrutant les clients non bancarisés, alors que les wallets bancaires restent de simples moyens de paiement pour les banques destinés à une clientèle déjà bancarisée.
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De même et jusqu’à présent, l’interopérabilité qui devrait assurer les transactions entre wallets de différentes institutions, est encore dans une phase d'ambigüité. Bank Al-Maghrib affirme que cette technologie est opérationnelle depuis le 31 décembre 2018, mais nos sources apportent un léger éclaircissement à ce sujet : seuls les wallets qui se sont faits homologuer par le switch et qui répondent aux exigences de conformité de leur m-wallet avec le cadre réglementaire édicté par la Banque centrale sont interopérables, des exigences d’ailleurs nécessaires au lancement de toute offre de paiement mobile sur le marché.
Dans ce sens, certains établissements ont été recadrés par la Banque centrale pour avoir communiqué sur leurs offres sans que celles-ci ne soient entièrement prêtes, induisant le consommateur en erreur. Mais il faut dire que pour l’instant, le flou persiste encore quant à l’interopérabilité des transactions passant par m-wallets, et aucun opérateur, ni même la Banque centrale, n’a clairement communiqué là-dessus.
Le décollage attendu avec l'enrôlement des commerçants
D’une autre part, il faut dire que la solution du paiement mobile ne décollera réellement qu’avec l’enrôlement des commerçants à cette solution. A présent, cet enrôlement reste extrêmement faible selon nos interlocuteurs, alors que les petits commerces restent réticents face à l’offre du paiement mobile, freinant ainsi son développement.
Car au-delà de l’acceptation du paiement mobile en tant que moyen de paiement, les petits commerces représentent un maillon important de la capillarité de la solution, grâce au système des agents. En effet, dans le schéma de la solution nationale de paiement mobile, les petits commerçants, notamment les épiciers, portent également la casquette d'agents détaillants auprès desquels des comptes de paiement de type 1 (plafonnés à 200 dirhams) peuvent être ouverts; et permettront aux usagers de réaliser leurs opérations dans un nombre important de points de contact.
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Au-delà des incitations gouvernementales qui sont à l’étude pour encourager les commerçants à utiliser le paiement mobile, divers groupes de commerçants ont été sensibilisés par les établissements de paiement eux-mêmes dans le cadre de focus groups quant aux avantages du paiement mobile face aux différents risques liés à l’utilisation du cash (pertes, vols, etc.).
Par ailleurs, un des arguments majeurs présenté par les établissements de paiement est que pour contrer les éventuelles charges liées à l’utilisation des m-wallets, des études ont montré que le panier moyen des achats augmente avec les moyens de paiement scripturaux; alors qu'il reste limité parle cash.
Des incitations sont également à l’étude avec les fournisseurs de produits de grande consommation pour travailler sur des systèmes de rabais et de fidélisation à mettre en œuvre en faveur des commerçants qui utilisent les paiements mobiles dans leurs transactions avec ces entreprises.
Pour sa part, Bank Al-Maghrib travaille sur une campagne de communication institutionnelle visant à vulgariser la solution mais également à rassurer aussi bien les commerçants que les particuliers quant à son utilisation, tout en mettant en avant son arsenal juridique pour la protection des usagers en cas de fraude ou pour la gestion des réclamations, des incidents et des litiges.
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