La crise Covid racontée par le patron de la Caisse centrale de garantie

INTERVIEW. La crise de la Covid-19 a mis la Caisse centrale de garantie au-devant de la scène économique. Durant cette pandémie, l’institution publique a joué le rôle d’urgentiste, pour permettre aux entreprises de se maintenir en vie. Son patron Hicham Serghini nous raconte cette année de crise et comment son institution a pu gérer cette spectaculaire montée en charge.

La crise Covid racontée par le patron de la Caisse centrale de garantie

Le 5 février 2021 à 18h15

Modifié 10 avril 2021 à 23h18

INTERVIEW. La crise de la Covid-19 a mis la Caisse centrale de garantie au-devant de la scène économique. Durant cette pandémie, l’institution publique a joué le rôle d’urgentiste, pour permettre aux entreprises de se maintenir en vie. Son patron Hicham Serghini nous raconte cette année de crise et comment son institution a pu gérer cette spectaculaire montée en charge.

La crise de la Covid-19 constitue un véritable virage dans la vie de la CCG. Peu connue du grand public il y a tout juste un an, l’institution est devenue depuis le déclenchement de la crise le principal levier étatique pour le sauvetage de l’économie, par le biais des crédits garantis servis aux entreprises.

En 2019, la CCG gérait des engagements ne dépassant pas la vingtaine de milliards de dirhams. En 2020, rien que sur les produits Oxygène et Relance, elle a distribué des engagements pour plus de 55 milliards de dirhams de crédits, garantissant des financements pour plus de 66 000 entreprises. Soit près du triple de l’activité d’une année normale.

Comment la CCG a-t-elle géré cette subite montée en charge ? Comment son patron, son management, ses équipes ont pu s’adapter à l’urgence et à ce nouveau statut qui en a fait en un court laps de temps le principal pompier de l’économie ?

Dans cet entretien, son DG Hicham Serghini nous fait le récit de cette année si particulière, nous donne les détails des financements débloqués, par secteur et taille d’entreprise, et nous parle des chantiers qui attendent l’institution, que ce soit dans la gestion de la crise qui n’est pas encore derrière nous ou dans la gestion de la transformation de la CCG en banque de développement.

- Médias24 : La CCG a été jusque-là une institution pas très visible, pas très connue du grand public. Mais avec la Crise de la Covid, vous avez fait une montée spectaculaire en devenant le principal levier de l’Etat pour la gestion de la crise et le sauvetage de l’économie à travers les crédits garantis comme Oxygène et Relance. Comment avez-vous vécu cette année de crise, cette montée en charge de l’activité ?

- Hicham Serghini : C’est une grosse montée en charge en effet. Mais il faut dire qu’on avait un rythme très intense aussi ces dernières années. On a fait une progression très importante entre 2010 et 2019. On est passé de près de 1.000 entreprises en 2010 à près de 25.000 entreprises financées en 2019. Et d’un volume de 1,5 milliard de dirhams à une vingtaine de milliards à fin 2019.

Nous récoltons ainsi les fruits de tout le travail qui a été fait au cours des dix dernières années. Nous avons revu tout le système, toute la chaîne de valeur, notamment celle de la garantie, de l’octroi à la mise en jeu jusqu’à l’indemnisation. Et nous avons pu construire un système solide et surtout une confiance vis-à-vis de nos partenaires, les banques.

On bâtit trois systèmes d’octroi de la garantie qui nous ont beaucoup servi à gérer la montée en charge de 2020.

Le premier, c’est la réception directe des demandes qui nous sont transférées par les banques. Ces demandes sont traitées par nos analystes et passent par les différents comités, selon la taille de chaque dossier.

Certains opérateurs ne nous ont pas facilité la tâche

Pour la masse, on savait très bien que si on restait sur ce mode, ce serait difficile d’accompagner une accélération de la demande. Nous avons donc mis en place une dématérialisation des process avec les banques. Les dossiers sont reçus sous une forme digitale, et c’est le système qui dit oui ou non sur la base de critères préétablis. Ce traitement concerne les dossiers qui ne sont pas complexes, qui concernent surtout les particuliers, le logement, les étudiants…

L’autre système, c’est la délégation donnée aux banques. On s’est mis d’accord avec les banques sur les critères d’octroi de la garantie de la CCG, et on leur a donné une délégation pour octroyer la garantie pour chaque dossier qui correspond à ces critères. 

Ce système nous a permis d’éviter les aller-retours et d’accélérer le traitement des dossiers. La seule chose qu’on demande, c’est qu’au bout du cycle, la banque partage avec nous l’information, via notre système d’information. Ce qui nous permet d’avoir à tout moment le niveau de nos engagements.

Ceci nous a permis d’être prêts et agiles au moment de la crise, puisqu’on a retouché simplement certains critères, notamment pour la délégation aux banques, pour accélérer le processus de traitement de la demande.

- La délégation est montée à 2 millions de dirhams, c’est bien cela ? Elle était de combien avant ?

Avant, c’était pour les dossiers inférieurs à 1 MDH. Avec la crise, la délégation est montée à 2 MDH pour Oxygène et 5 MDH pour Relance.

- Ça a dû alléger énormément la charge sur la CCG…

Oui, mais ça ne veut pas dire qu’on n’avait pas de travail. Pour les dossiers qui dépassent les 5 MDH, nous tenons 2 à 4 comités tous les jours. Des comités qui se tiennent les week-ends, des fois jusqu’à 23h…  Il y a eu toute une mobilisation des équipes de la CCG. Pas seulement dans le traitement des demandes, mais aussi dans le montage des produits, l’établissement des critères d’octroi, les négociations avec les différents partenaires... Tout le monde était sur le pont. On était attendu, il fallait qu’on soit là.

- Est-ce qu’il y a des moments spécialement durs ?

La seule période qui était dure, c’était le démarrage de Relance après le déconfinement. En une seule journée, on a reçu 8 milliards de DH de demandes de crédits, soit le niveau de 6 mois de production en temps normal. Il faut dire que certains opérateurs ne nous ont pas facilité la tâche. 

En fait, il a été convenu que chaque entreprise devait choisir une seule banque pour demander son crédit Relance. Or, nous nous sommes retrouvés parfois et en l’espace de quelques jours avec 3, voire 4 demandes provenant de banques différentes pour une seule et même entreprise, avec parfois des montants, voire des conditions et des informations différentes. Ceci a engendré beaucoup d’aller-retours avec les banques. Heureusement, dès la mi-juillet les choses sont rentrées dans l’ordre.

- Des frictions, il y en avait beaucoup on l’imagine, si l’on se fie au récit de certains opérateurs du secteur privé... 

Il s’agit des fois de problèmes qui sont liés simplement à une mauvaise circulation de l’information. En dehors d’Oxygène ou de Relance, des chefs entreprises nous contactent par exemple pour demander le déblocage de la garantie pour des dossiers Intelaka ou Damane Express. Sachant que pour ces deux mécanismes, ce n’est pas la CCG qui octroie la garantie, puisque c’est entièrement délégué aux banques. Idem pour les dossiers Relance de moins de 5 MDH. 

La digitalisation qu’on a enclenchée il y a quelques années nous a beaucoup aidés à faire face à la montée de la demande

La CCG n’intervient pas à ce niveau. Les banques ont toute latitude pour traiter les dossiers, de l’octroi de la garantie à la production du crédit.

Maintenant, il ne faut pas oublier qu’il n’y avait pas que ces produits. La CCG a maintenu son activité normale sur les autres produits comme le renouvellement des lignes Tassyir, Damane Istithmar pour les crédits d’investissement... Il y avait aussi cette production à faire.

- Vous avez recruté du monde pour gérer cette montée en charge ou vous avez tourné avec le même effectif ?

Dans le recrutement, il faut avoir une vision à long terme. Je ne pense pas qu’on va devoir gérer la même chose chaque année. Ça ne sert à rien de prendre des gens aujourd’hui pour se retrouver demain en sureffectif. Il y a eu une mobilisation des équipes et les outils que nous avons mis en place ces dernières années nous ont permis de répondre à diverses situations.

La digitalisation qu’on a enclenchée il y a quelques années nous a beaucoup aidés à faire face à la montée de la demande. Le secteur financier est en train de changer également, ce qui nous a permis à tous de gérer l’énorme flux de cette année.

Maintenant, la CCG est en cours de transformation. Il y aura donc certainement des recrutements qui vont se faire.

- Vous êtes montés à combien d’engagements sur l’année 2020 ?

Les chiffres globaux doivent être vus d’abord par nos instances de gouvernance. Mais sur Oxygène et Relance, on a fait au 31 décembre plus de 86 000 crédits. Sur tout le dispositif Covid, on est à 55 milliards de dirhams. Et à 53 milliards hors établissements publics.

Ces 86 000 crédits ont été servis pour à peu près 66 200 entreprises, entre celles qui ont eu Oxygène, celles qui n’ont eu que Relance et celles qui ont eu les deux.

- Peut-on avoir une idée générale sur la typologie des entreprises qui ont bénéficié de ces crédits, leur taille, leur secteur d’activité ?

Sur les 86 000 crédits, 84% concernent les TPE, 15% ont été servis à des PME. Le reste est allé aux grandes entreprises.

Par secteurs, en volume de crédits, le commerce & la distribution ainsi que l’industrie ont des parts de 29% chacun, soit un total de 58%. Les deux secteurs sont à égalité. Il y a le BTP avec 15% des engagements et les services à hauteur de 8%. Et le reste pour les divers autres secteurs.

Cette répartition reflète en fait la typologie des entreprises marocaines. L’industrie, c’est très capitalistique. Les acteurs du commerce et de la distribution sont très nombreux. D’ailleurs en termes de nombre de bénéficiaires, le commerce et la distribution est le premier secteur avec une part de 37%. Et l’industrie, en nombre, c’est à peine 14%.

- Ces crédits ont permis de sauver des milliers d’entreprises de la faillite. Les derniers chiffres des défaillances montrent d’ailleurs que la mortalité des entreprises a baissé de 22% en 2020. Ce qui est un fait exceptionnel…

Le Maroc a permis en effet à son secteur productif de traverser la crise. Ces injections d’argent ont permis de maintenir les entreprises en vie.

L’idée, c’était de faire de ces financements une sorte de compensation de la baisse du chiffre d’affaires et des pertes réalisées par les entreprises. Tout en leur permettant de lisser sur le temps le remboursement des crédits et des pertes.

- Le crédit Oxygène a été accordé avec la possibilité d’être converti en crédit à moyen et long terme. Les entreprises ont-elles pu le rembourser ou ont-elles recouru massivement à la conversion ?

On doit faire le point avec les banques sur ce point, car il faut leur donner du temps pour signer les avenants et consolider le tout. Une fois ce processus verrouillé au niveau de chaque banque, on aura un chiffre sur les reconversions.

- La majorité des entreprises va convertir selon des banquiers que nous avons sondés …

Ça dépend. Il y a certaines entreprises qui vont rembourser. D’autres qui ne vont pas demander le différé ou la reconversion. Car si une entreprise choisit le différé, elle ne peut pas distribuer de dividendes. C’est la condition qui a été mise dès le départ. Donc certaines entreprises voudront peut-être rembourser pour pouvoir distribuer des dividendes en 2021.

- La reconversion est aussi conditionnée par la non-distribution de dividendes ?

Non. Cette condition ne concerne que l’année de différé. Si une entreprise prend l’option du différé pour ne commencer à payer qu’à partir de 2022, elle ne peut pas distribuer de dividendes.

- En Janvier, il y a eu une prolongation du mécanisme Relance pour trois mois supplémentaires avec certains assouplissements. Cette prorogation a été déjà programmée ou a-t-elle été décidée à la dernière minute, au vu de la situation et de la conjoncture économique ?

Le CVE suit la situation. Il y a l’opération de vaccination qui a commencé. Et donc, l’idée était de donner le temps aux entreprises qui n’ont pas bénéficié en 2020 de Relance d’en bénéficier cette année. Ça a donc été prolongé de trois mois supplémentaires.

Le déroulement des premiers mois de l’outil nous ont permis également de collecter énormément d’informations sur certains cas particuliers, qu’il fallait corriger. Comme le BTP par exemple. Les entreprises de ce secteur ont un leverage ratio très important (EBE/Endettement). Ils ont un certain nombre de financements qui sont en réalité des droits constatés, et qui au fond ne sont pas des dettes à proprement parler puisque cet argent va rentrer rapidement. On a essayé de faire un retraitement de ce ratio pour leur permettre de se financer.

La reprise est certes attendue pour la fin de ce semestre, mais c’est maintenant qu’il faut préparer les choses.

Il y a également le secteur financier, qui n’était pas inclus au départ. Dans le secteur financier, il y a beaucoup de TPE : les courtiers d’assurances, les bureaux de change, les sociétés de transfert de fonds… Ce sont des petites entreprises qui étaient impactées, mais comme elles faisaient partie du secteur financier, elles n’avaient pas accès au crédit Relance. On leur a donc ouvert la possibilité de le prendre.

Il y a des ajustements aussi sur l’immobilier, pour des entreprises qui ont commencé à financer des programmes avec de l’autofinancement. L’idée c’est de leur permettre de financer jusqu’à 50% de leur programme à travers des crédits de promotion immobilière.

Il y a également le cas d’entreprises qui avaient distribué des dividendes avant le 30 juin 2020 et qui étaient donc exclues du mécanisme Relance. On a reconsidéré ce critère, en disant que les dividendes distribués avant le 30 juin ne sont pas pris en compte, car le produit Relance n’a été lancé que fin juin.

Ces assouplissements ont permis à un certain nombre d’opérateurs d’accéder à Relance.

- Est-ce qu’il y aura une nouvelle prolongation du mécanisme Relance pour le deuxième trimestre vu que le rebond économique n’est prévu qu’à partir du troisième trimestre ?

Il a été décidé par le CVE que l’opération soit prolongée jusqu’en mars 2021. L’évaluation sera faite, le moment venu, pour décider de la reconduction de l’opération si nécessaire, ou encore de la mise en place de nouveaux mécanismes si la conjoncture l’exige. La décision est prise au niveau du CVE.

- Comment se comporte la demande sur Relance en ce début d’année ?

Le rythme continue comme en 2020. Il y a toujours de la demande. On fera le point fin mars.

- Au-delà de Relance, est ce qu’il y a de nouveaux produits qui seront lancés pour 2021 ? Le ministre des Finances a parlé récemment du lancement de mécanismes de renforcement des fonds propres par des dettes mezzanines ou des quasi-fonds propres. La CCG est-elle impliquée dans ce processus ?

Je ne peux pas vous dire pour l'instant si la CCG sera impliquée dans ces mécanismes ou pas. Mais ce que je peux vous dire, c’est que jusque-là, on a injecté beaucoup d’argent dans le BFR, ce qui a permis à beaucoup d’entreprises de faire face à des charges naturelles.

Maintenant, si on doit parler de la relance, il faut injecter l’argent dans l’investissement. La reprise est certes attendue pour la fin de ce semestre, mais c’est maintenant qu’il faut préparer les choses. On doit passer à une autre manière d’aborder la relance : l’investissement. C’est le moment d’investir, et pour ce faire, il y aura des réponses en termes de financement.

Intelaka : 12 500 entreprises ont bénéficié de près de 15 000 crédits bancaires pour un montant de 2,5 milliards de crédits

La CCG a déjà une boîte à outils pour le financement de l’investissement. Nous voyons cette étape comme une continuité pour les entreprises qui ont eu Oxygène ou Relance. On va pouvoir continuer à les accompagner sur d’autres outils, que ce soit pour les lignes d’exploitation, pour la restructuration ou pour l’investissement.

La relance ne se résume pas non plus à financer les entreprises existantes. Il faut penser aussi à la création. Et pour cela, il y a Intelaka, qui malgré la crise, a réalisé de bons chiffres en 2020. Près de 12 500 entreprises ont bénéficié de près de 15 000 crédits bancaires pour un montant de 2,5 milliards de crédits.

- Ce sont de nouvelles créations ou des entreprises déjà existantes ?

Il y a de tout. Intelaka n’a pas été fait pour augmenter le nombre de certificats négatifs. Ce programme est fait pour permettre aux entreprises qui ont moins de 5 ans d’accéder au financement. Quand vous regardez les chiffres de l’OMPIC, il y a beaucoup d’entreprises qui se créent, mais peu déclarent une activité. Parce qu’ils ne font pas de chiffres. Ils créent leurs entreprises, mais se retrouvent généralement dès le départ asphyxiés car ils n’ont pas accès au financement. C’est comme ça qu'on aborde la problématique.

Pour ceux qui ont bénéficié d’Intelaka en 2020, il y a des entreprises qui ont ainsi moins d’un an. D’autres 2 ans. Pour ceux qui ont eu des lignes d’exploitation, la majorité sont par exemple des primo-accédants, qui accèdent au crédit pour la première fois.

- Le ministère des Finances a lancé le chantier de transformation de la CCG en la dotant d’une nouvelle loi, de nouveaux statuts, pour en faire une banque de développement. La CCG deviendra-t-elle une banque comme les autres ?

Le nouveau texte a apporté un nouveau statut à la CCG. Le texte qui régissait la CCG jusque-là date des années 1990, et ne correspond plus à l’institution telle qu’elle est devenue aujourd’hui.

Et comme toute institution qui se développe, il fallait revoir son cadre institutionnel. La première des choses, c’est qu’on va passer en SA pour avoir une gouvernance normée.

Sur chaque 100 dirhams de crédit donné, on a derrière 10 dirhams de fonds propres mobilisés pour nous permettre de faire face au risque.

La seconde chose, c’est que nous sommes aujourd’hui un établissement de crédit soumis à la supervision bancaire. L’ancienne loi séparait l’activité garantie de l’autre activité que nous avons qui est la gestion de fonds. Avec la nouvelle loi, les deux activités seront portées dans le bilan global. Ce qui va permettre à l’Etat et au superviseur (Bank Al-Maghrib) d’avoir une idée globale et claire sur nos engagements et l’adéquation des risques pris avec nos ressources. Ce qui est excellent pour la transparence et pour la gestion du risque que nous portons.

Cela dit, nous ne serons pas une banque ou un établissement de crédit qui viendrait concurrencer les autres. Nous sommes un outil de l’Etat pour l'accompagnement des entreprises et des individus dans l’accès au financement.

La CCG n’est pas non plus un outil de remontée de dividendes pour l’Etat. La loi est claire là-dessus. Tout ce que nous pouvons dégager comme bénéfices va renforcer nos fonds propres.

- Mais la CCG accorde déjà des financements. Et le fera davantage après sa transformation. Ce ne serait pas une forme de concurrence aux banques ?

Nous avons en effet une activité de dette. Mais cette activité, nous allons la faire avec nos partenaires qui sont les banques. L’objectif est de maximiser l’impact de notre intervention et non de concurrencer le secteur bancaire.

D’ailleurs, les dettes que nous accordons aujourd’hui passent toujours par les banques. C’est le cas des crédits pour la rénovation hôtelière, l’industrie, les mécanismes pour l’export... Ce qu’on apporte, c’est un taux d’intérêt très bas. Mais on y va toujours avec le secteur bancaire.

Quant à la garantie, ce n’est pas un instrument de concurrence, mais un outil qui permet d’ouvrir l’accès au financement aux entreprises ou une catégorie de la population. Mais le retour sur investissement, on l’a sur l’activité économique et non sur la réalisation de bénéfices et la distribution de dividendes.

- En termes des ressources, la CCG dépend aujourd’hui des dotations de l’Etat qui a d’ailleurs injecté 5 milliards de dirhams dans vos fonds propres pour vous permettre de suivre le rythme de la demande et couvrir les risques pris. Est-ce que vous serez autorisés à collecter des dépôts avec ce nouveau statut ?

Non, on est un établissement de crédit, et l’idée n’est pas de devenir une banque universelle. Notre originalité en tant qu’établissement de crédit, c’est l’effet de levier qu’on apporte.

Notre sinistralité entre 2010 et 2019 a été divisée par trois. On part d’un taux assez bas. Mais avec la crise, ce taux va augmenter. A quel niveau ? C’est très difficile de donner un chiffre aujourd’hui

Sur chaque 100 dirhams de crédit donné, on a derrière 10 dirhams de fonds propres mobilisés pour nous permettre de faire face au risque.

Il ne faut pas voir en la CCG un concurrent des banques ou des autres établissements de crédit. Si l’Etat nous apporte des ressources, ce n’est pas pour venir concurrencer les banques, mais pour les pousser là où l’Etat veut qu’elles interviennent et aller au-delà de ce qu’elles font. 

- La crise apporte aussi du risque. Avez-vous une projection sur le risque d'impayés que vous encourez à travers les crédits Oxygène et Relance ?

Pour Oxygène, on ne peut pas mesurer la sinistralité dès maintenant. Car il y a un an de différé pour le remboursement, et la possibilité de le convertir en CMT. Pour Relance, c’est 2 ans de différé, avec un échéancier de remboursement de 7 ans. On ne peut pas prédire donc la sinistralité dès aujourd’hui.

Nous travaillons en plus dans un environnement très incertain. Ceci dit, nous avons plusieurs scénarios, du plus optimiste au plus pessimiste.

Notre sinistralité entre 2010 et 2019 a été divisée par trois. On part d’un taux assez bas. Mais avec la crise, ce taux va augmenter. A quel niveau ? C’est très difficile de donner un chiffre aujourd’hui car la situation change de mois en mois. Tant qu’il y a la crise sanitaire, il est difficile de se prononcer.

Et pour couvrir ce risque, nous avons plusieurs matelas qui ont été introduits notamment dans la nouvelle loi. Le premier est le niveau des fonds propres. Le second est notre fonds de réserve. Et puis, il y a en troisième lieu l'État à qui on peut faire appel pour mobiliser des ressources.

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