Ilyas Elomari: “La crise de confiance est grande”

Lancé le 17 octobre 2015, "le plan Manarat Al Moutawassit d’Al Hoceima n’a reçu aucun dirham en 2016". C’est par cette phrase qu’Elomari explique en grande partie les retards pris et la crise de confiance qui frappe la région. Mercredi soir, des manifestations de soutien au Hirak se sont tenues à Al Hoceima, Tétouan, Martil et Madrid notamment.  

Ilyas Elomari: “La crise de confiance est grande”

Le 1 juin 2017 à 11h43

Modifié 1 juin 2017 à 11h43

Lancé le 17 octobre 2015, "le plan Manarat Al Moutawassit d’Al Hoceima n’a reçu aucun dirham en 2016". C’est par cette phrase qu’Elomari explique en grande partie les retards pris et la crise de confiance qui frappe la région. Mercredi soir, des manifestations de soutien au Hirak se sont tenues à Al Hoceima, Tétouan, Martil et Madrid notamment.  

Sachant qu’aucun dirham n’a été dépensé en 2016 dans le cadre du plan de développement d’Al Hoceima, lancé 11 ans après le séisme de 2004, et que le budget 2017 est partiellement débloqué depuis le début de cette année, peu de choses semblent en fait avoir été accomplies au cours des 18 derniers mois. C’est ce que révèle Ilyas El Omari dans une rencontre avec Médias24.

Usant d’un langage franc et "cash", dans le même ordre d’idées, Ilyas Elomari dénonce le cas de la double voie Al Hoceima-Taza qui devait être livrée en 2017 et qui est maintenant promise pour … 2019; ou le centre d’oncologie pour lequel la région a versé 12 millions de DH au ministère de la Santé pour l’achat des équipements de radiothérapie, sans que cet argent ne soit finalement dépensé à cette fin … au point d’avoir été restitué à la région il y a quelques semaines.

Manarat Al Hoceima: retard à l’allumage

Outre ce problème de financement d’un plan annoncé pour la période 2015-2019 et doté d’un budget de 6,5 milliards de DH, Elomari cite la loi sur la "régionalisation avancée" pour laquelle "il manque à ce jour 27 décrets d’application sur un total de 35".

Pour Elomari, "une grande partie de la crise de confiance actuelle entre la population locale et les autorités centrales réside dans l’absence de concrétisation des promesses".

Au sujet des manifestations qui scandent la vie quotidienne à Al Hoceima et ses environs depuis l’automne dernier, Elomari relativise la gravité de la crise en soulignant que "les médias se sont focalisés sur Al Hoceima alors que la même chose se passe à Tinghir, Ouarzazate, Béni Mellal ou Nador".

"Les partis politiques avant les élections, étaient d’accord sur ce constat", insiste-t-il. "Sur le chômage, la dette publique, le développement, nous étions tous d’accord que celà devait constituer les priorités du gouvernement à venir".

"A Al Hoceima, la différence avec les autres régions du pays, précise le natif de la région, outre les aspects historique et géographique, est qu’un plan a été signé en octobre 2015 et le travail devait commencer avec le budget 2016. Pas un seul département gouvernemental n’a dépensé un seul dirham en 2016 dans le cadre du plan Manarat Al Hoceima". "Lorsqu’il y a eu le drame touchant Mohsine Fikri, ce fut l’étincelle qui a tout allumé", juge Elomari.

Interrogé ce qu’il convenait de faire aujourd’hui après sept mois de manifestations, les arréstations et l’ouverture des premiers procès, Elomari juge que "le crédit de confiance a commencé à être dilapidé jusqu’à peut-être ses dernières gouttes à présent".

"Pour moi, en tant qu’acteur politique, ajoute Elomari, à Al Hoceima et ailleurs, nous devons mettre de côté nos égos et nos égoïsmes partisans, d’élus, d’administrateurs territoriaux ou de sécuritaires pour travailler collectivement au retour de la confiance".

Sur son évaluation de la gestion politique de crise d’Al Hoceima, Elomari la juge "négative" par l’administration et le gouvernement qui "ont pris les choses à la légère". "Les gens protestaient contre le chômage et pour l’investissement dans les services publics, un hôpital ici, une université là, pas pour plus de sécurité ou contre la criminalité", juge Elomari qui critique indirectement le renforcement sécuritaire visible sur la région.

"Le résultat, assène Elomari, est qu’à force de dire aux gens nous allons faire, nous allons faire, nous allons faire et que vous ne faites rien, les gens finissent par penser que lorsque vous leur parlez, vous leur mentez en fait".

Retour de la confiance et compétences régionales

"Le retour de la confiance va se faire en essayant de réunir tout le monde autour de la même table et en faisant le ménage dans le vocabulaire du côté des protestataires et du gouvernement", assène Elomari.

"Parler de trahisons et d’officines politiques doit cesser. Du côté du gouvernement, personne n’a le droit d’accuser personne. Il existe la présomption d’innocence. Un ministre ou un membre gouvernement ne peut pas venir devant un micro et dire toi tu es un criminel ou tu es un traître; ça c’est le travail de la justice", souligne Elomari.

Elomari indique qu’il n’a pas souvent abordé le point des compétences des collectivités locales car après avoir écrit aux ministères de l’Intérieur et de la Pêche après le décès de Mohsine Fikri, on lui a répondu que "cela n’est pas de tes compétences et que l’affaire est devant la justice", rapporte-t-il. Il a abordé le point des compétences des collectivités locales lorsque le chef du gouvernement actuel Saâdeddine El Otmani s’est demandé où étaient passés les élus locaux durant la crise et que "le PAM contrôle 23 conseils" dans la province d’Al Hoceima.

"C’est à ce moment-là souligne Elomari que j’ai rappelé l’absence de 27 décrets d’application sur les 35 attendus dans le cadre de la mise en œuvre de la loi sur la régionalisation".

D’ici fin juin, le président la région prépare l’organisation d’une grande conférence sur la crise sociale à Al Hoceima et dans le Rif. Les préparatifs sont en cours et une date doit être fixée cette semaine.

Elomari souhaite y inviter "des acteurs de la société civile, des élus, des patrons, des chômeurs, des militants et des familles de jeunes arrêtés au cours de ces derniers jours pour tout se dire et reconstruire la confiance".

Pour Elomari, la région et le pays souffrent d’un problème de gouvernance. "Mais si nous ne trouvons pas de solution au niveau national, nous aurons du mal à le faire au niveau régional et local".

Rassemblements et Laftit attendu au Parlement

En attendant la tenue de la conférence sur le Rif par le Conseil régional de Tanger-Tétouane-Al Hoceima, les manifestations de soutien au Hirak se poursuivent.

A Al Hoceima, des milliers de manifestants sont sortis dans la rue pour réclamer la libération des militants emprisonnés et un "desserrement de l’étau sécuritaire". A Tétouan, El Jadida et Meknès, des rassemblements de soutien ont été dispersés et des blessés sont à déplorer.

Des images de manifestants blessés et ensanglantés circulent sur les réseaux sociaux. Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger avaient vu la dispersion violente de rassemblements en soutien au Hirak et appelant à la libération inconditionnelle des militants et manifestants emprisonnés. A Mrit enfin, dans le Moyen-Atlas, des dizaines de jeunes sont sortis manifester en soutien au Hirak d’Al Hoceima en scandant des slogans.

A l’étranger, la fameuse place Puerta del Sol de Madrid a réuni plusieurs dizaines de manifestants tandis que le Hirak Espagne annonce une manifestation devant le siège des Affaires étrangères espagnol pour ce vendredi 2 juin.

Sur le plan judiciaire, des procès affectant une trentaine de militants de Hirak, plus de 600 avocats ont jusqu’à présent rejoint le collectif de défense.

Sur le plan politique, les six partis de la majorité maintiennent leur exigence d’une comparution du ministre de l’Intérieur. Ils ont à nouveau hier par la voix du député Idrissi Azami (président du groupe PJD à la Chambre des représentants) exigé des explications du ministre Abdelouafi Laftit sur la situation à Al Hoceima devant la commission de l’intérieur et des collectivités locales et devant les élus de la Chambre des représentants.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Aradei Capital: Rachat des Participations des Minoritaires de Akdital Immo

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.