Attentats en Europe: les commentaires de Abdelhak khaiame

EXCLUSIF. Nice, Rouen, l'Allemagne... La multiplication des attentats en Europe suscite l'inquiétude et le désarroi. Abdelkhak Khiame, patron du BCIJ marocain, répond aux questions de Médias 24: Da'ech, les loups solitaires, les conditions de succès de la lutte anti-terroriste, la situation au Maroc...

Attentats en Europe: les commentaires de Abdelhak khaiame

Le 27 juillet 2016 à 9h28

Modifié 27 juillet 2016 à 9h28

EXCLUSIF. Nice, Rouen, l'Allemagne... La multiplication des attentats en Europe suscite l'inquiétude et le désarroi. Abdelkhak Khiame, patron du BCIJ marocain, répond aux questions de Médias 24: Da'ech, les loups solitaires, les conditions de succès de la lutte anti-terroriste, la situation au Maroc...

Médias24: Avez-vous été surpris par ce qui se passe en Europe?

Abdelhak Khaïame: Tout d’abord, je présente mes condoléances aux peuples français et allemand, qui sont des peuples amis.

Ce qui se passe, cela fait très mal.

Cela étant dit, on ne s’y attendait pas, mais on ne l’excluait pas.

Après le resserrement de l’étau sur ces organisations terroristes dans les foyers de tension comme la Syrie et l’Irak, elles cherchent à activer leurs cellules dormantes en Europe et ailleurs, pour montrer qu’elles existent encore.

Je sais que les services en Europe sont professionnels et vigilants. Mais là, il s’agit de loups solitaires, très difficiles à identifier.

Cette idéologie de la terreur est maintenant installée. Elle n’a plus besoin de Aymen Zawahiri ou de Ben Laden, qui va faire un long discours sur une vidéo, avec éventuellement des messages codés. Elle est bien installée, tout est disponible sur le net, un coup de tête et cela donne un attentat.

-La radicalisation peut donc être très rapide?

-Oui, à travers le net. C’est l’exemple à Nice, par exemple. L’auteur de l’attaque meurtrière menait une vie dissolue, peu de temps auparavant. On peut aujourd’hui se radicaliser et passer à l’acte en quelques jours.

-Quel est le profil des gens qui peuvent se radicaliser le plus facilement?

-Personne ne peut répondre avec précision à cette question.

Les choses se passent sur le net, on ne peut pas tout surveiller et il n’y a pas de profil type suffisamment précis au point que les polices puissent exercer une surveillance efficace et des actions de prévention.

Avant, il y avait des signes extérieurs, tels que le changement d’apparence vestimentaire et de comportement.

Aujourd’hui, surtout la nouvelle génération en Europe, les choses sont individuelles, invisibles, rapides. On peut gérer un bar puis commettre un attentat soi-disant au nom de l’islam peu de temps après.

-La radicalisation ou le passage à l’acte sont donc une manière de se purifier, de se faire pardonner?

-En quelque sorte, oui. Les gens qui mènent ce genre de vie dissolue sont des cibles faciles pour Da’ech et les autres, surtout en Europe, où les nouvelles générations manquent de repères.

Au Maroc, c’est différent, chacun connaît l’islam du juste milieu, il y a la culture, la société…

En Europe, malgré la présence familiale, on ne connaît pas le vrai islam, on leur raconte n’importe quoi et ils y croient. On leur dit que pour la rédemption, pour la purification, il faut aller au “jihad“,  qu’ils sont à deux pas du paradis, alors qu’ils étaient voués à l’enfer. Et faute de repères, il y en a qui gobent facilement tout ce qu’on leur dit.

-Avez eu des alertes avant les derniers attentats en Europe, avez-vous perçu des signes précis?

-Non. Nous savons simplement que le terrorisme a pris une grande ampleur, le monde entier est sur ses gardes.

Ici au Maroc, nous sommes toujours vigilants, avec une politique proactive, on intervient dès qu’on a des infos, sous la supervision du parquet. Nous avons un texte permettant de les interpeller et de les présenter à la justice.

Ceci n’existe pas dans tous les pays. Les services de sécurité dans certains pays ont les mains liées, il y a un vide juridique, l’arsenal juridique permettant de faire face, de prévenir le terrorisme, n’existe pas partout.

-Que va-t-il se passer maintenant? De nouveaux attentats?

-On ne peut malheureusement pas les exclure. D’autres loups solitaires peuvent apparaître après s’être radicalisés rapidement et à l’insu de tout le monde, même de leurs familles.

-Da’ech va-t-il être défait?

-Da’ech peut être éradiqué, mais la guerre va durer longtemps. Le terrorisme, et cette idéologie meurtrière, vont rester longtemps. C’est une idéologie qui n’a rien à voir avec un groupe terroriste précis.

C’est une guerre qui doit être continue, maintenue, et qui n’est pas seulement sécuritaire.

Au Maroc, il n’y a pas uniquement la dimension sécuritaire. C’est un combat de la société tout entière, société civile, intellectuels, penseurs, sociologues, oulémas…
De plus, les pays occidentaux ont besoin d’une politique économique et sociale plus inclusive. On peut se sentir marginalisé alors qu’on est né là-bas. Sans oublier la méconnaissance de l’islam.

-Que va-t-il se passer dans le monde selon vous? Une nouvelle extension du terrorisme?

-Personne ne l’espère. La vigilance doit être de rigueur partout, il faut multiplier la coordination entre tous les services de renseignement, les échanges d’informations. Même les textes juridiques devraient être harmonisés d’un pays à l’autre, pour une lutte commune efficace.

-Au Maroc, quelle est la situation, quelle est la menace terroriste?

-Il y a une vigilance permanente, ni plus ni moins qu’avant, un état d’alerte permanent.

Les actions préventives vont continuer. La situation n’est ni inquiétante ni alarmante.

Nos points forts sont connus: l’adhésion de la population à la lutte anti-terroriste, le citoyen sensibilisé, notre culture, l’islam du juste milieu, Imarat Al Mouminine [la commanderie des croyants, exercée par le Roi], le travail du conseil supérieur des oulémas….

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