Sahara. Algérie, Minurso, conférence des donateurs: un entretien avec Omar Hilale

EXCLUSIF. Première interview du représentant permanent du Royaume du Maroc aux Nations-Unies après le vote de la résolution renouvelant le mandat de la Minurso , intervenu le 29 avril.

Sahara. Algérie, Minurso, conférence des donateurs: un entretien avec Omar Hilale

Le 3 mai 2016 à 16h39

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

EXCLUSIF. Première interview du représentant permanent du Royaume du Maroc aux Nations-Unies après le vote de la résolution renouvelant le mandat de la Minurso , intervenu le 29 avril.

Omar Hilale est la figure du Maroc aux Nations-Unies. Avant d’être le représentant permanent du Royaume à New York, il avait été en poste à Genève, toujours auprès de l’organisation onusienne.

A Genève comme à New York, Omar Hilale s’était distingué par sa capacité à faire front aux adversaires du Maroc et à leur porter la contradiction. Sa connaissance du droit international et ses capacités au débat l’ont fait connaître du grand public marocain, qui apprécie son style souriant dans la forme et ferme dans le fond.

Dans cette première interview à un journal marocain après l’adoption de la résolution onusienne sur la Minurso, intervenue le vendredi 29 avril, M. Hilale nous apporte un éclairage et des informations.

Surtout, il confirme le changement de posture de l’Algérie, qui semble en train de franchir un nouveau palier, en assumant clairement son hostilité au Maroc, comme une politique d’Etat, publiquement affichée.

L’Algérie est en train de faire évoluer sa position vers une hostilité plus assumée à la marocanité du Sahara et à l’égard du Maroc. C’est l’une des conclusions qui ressortent des événements des deux derniers mois.

Jusqu’aux dernières années, l’Algérie affirmait ne pas être partie prenante au conflit en répétant qu’elle opposait le Maroc aux “Sahraouis“.

En 2013, l’Algérie avait franchi un premier palier. A l’époque, des articles de presse et des organismes internationaux appelaient à une réouverture des frontières entre les deux pays. L’Algérie avait fini par poser trois conditions, dont l’une était tout à fait nouvelle: la résolution de la question du Sahara était désormais un préalable avant toute normalisation avec le Maroc.

Dans le lexique des responsables algériens, lorsque l’on évoque une résolution de la question du Sahara, on doit comprendre simplement l’indépendance du territoire et donc la scission avec le Maroc.

C’est un fait nouveau pour un pays qui nie être partie au conflit. Cela signifie que pour l’Algérie, le Sahara passe avant le bon voisinage ou la construction de l’UMA.

Début mars et après la tournée du secrétaire général dans la région et son attitude dans les camps et à Bir Lahlou, l’Algérie a franchi un second palier: une réunion de responsables de premier plan, civils et militaires, algériens et du polisario, se tient à Alger et les photos sont transmises à la presse. C’est une première. Pas la réunion, mais la communication autour.

Enfin, après le vote de la résolution de l’ONU le vendredi 29 avril, le représentant algérien donne sa propre conférence de presse et introduit auprès des journalistes le représentant du polisario. Du jamais vu de la part d’un pays qui affirme ne pas être partie au conflit.

C’est peut-être, avec la position américaine, le principal changement de ce début 2016.

Médias 24: Qu'avez-vous ressenti lorsque la résolution a été votée et que le plan initial anti-marocain a été mis en échec?

Omar Hilale: Une grande satisfaction, bien que la résolution ne corresponde pas totalement à nos attentes. Nos adversaires voulaient une résolution qui condamne le Maroc, qui change les paramètres de négociation, qui place notre pays sur la défensive, qui remette le référendum au centre du processus, mais grâce à nos amis et à l’action diplomatique du Maroc, nous avons pu neutraliser et mettre en échec ces tentatives.

-Vendredi 29 avril, après le vote de la résolution, vous avez donné un point de presse. Et juste après, le représentant algérien a fait de même, amenant d’ailleurs dans ses bagages un représentant du polisario…

-C’est la première fois qu’il le fait et cela montre bien un changement d’attitude de la part de l’Algérie, qui se met en avant beaucoup plus que par le passé. Elle le faisait plus discrètement.

Ce jour-là, le représentant algérien s’est certainement senti piqué par mes échanges avec les journalistes présents. Il était fait référence au financement du polisario par l’Algérie et à la responsabilité historique et politique de l’Algérie dans le conflit. Ses propos qui voulaient effacer les miens, n’ont rien apporté ni de nouveau, ni de convaincant. Il a été mis en mauvaise posture par les questions des journalistes. Il s’est senti obligé à la fin d’introduire un représentant du polisario, sans obtenir plus de succès.

Après la visite de Ban Ki-moon à Bir Lahlou, il y a eu une réunion entre des responsables civils et militaires algériens et polisariens. Ce n’est pas la première réunion du genre, mais c’est la première fois qu’elle est affichée, assumée, photos à l’appui. Avant, ce genre de réunions se déroulait dans le secret.

Comme on le voit en Algérie ou à New York, sans l’Algérie, le polisario n’existerait pas. Il est totalement pris en charge, passeports des polisariens, salaires, frais, achats massifs d’armes, etc…

-Est-ce que les contacts avec le Secrétaire Général de l’ONU ont repris, au sujet de l’application de la résolution?

-Pas encore. Il faut prendre le temps d’étudier le texte de la résolution. Et il n’y a pas que le Secrétariat Général, il y a aussi des contacts avec d’autres pays qui étaient révoltés par les propos et l’attitude du Secrétaire Général et qui, en pleine crise, ont déployé des efforts pour une sortie par le haut.

-La conférence des donateurs au profit des réfugiés de Tindouf a-t-elle été convoquée?

-Il n’y a pas encore de convocation, mais elle aura en principe lieu fin juin ou début juillet.

-Vous confirmez la participation du Maroc?

-Le Maroc sera présent. Une partie des personnes qui séjournent dans les camps sont des citoyens marocains. Je dis une partie, parce qu’aucun recensement n’a été fait, malgré les demandes de la communauté internationale et de l’ONU.

Il faut que ce forum, la Conférence des donateurs, soit une occasion pour regarder les choses en face et dire la vérité.

Il y a des armes qui sont achetées et cela coûte très cher. Il y a des dépenses énormes qui sont faites pour du lobbying et des pressions diplomatiques et économiques. Mais il n’y a pas d’argent pour les réfugiés. On leur achète des armes, mais on n’a pas d’argent pour les nourrir, les loger, les soigner, etc.

Il y a également les résolutions des instances internationales au sujet du détournement de l’aide. Il y a le recensement, car si la communauté internationale doit donner de l’argent, elle doit savoir à qui elle le donne, qui est présent dans les camps, combien de personnes, de quelles origines, etc.

Les citoyens des pays qui donnent de l’argent doivent avoir des explications.

-Après le vote du vendredi 29 avril, avez-vous pris contact avec la délégation américaine pour demander des éclaircissements au sujet de la position américaine?

-Les contacts n’ont jamais cessé avec la délégation américaine. Mais il n’y a pas eu de contacts spécifiques après le vote.

-Comment voyez-vous l’année 2016?

-Elle sera intense, comme elle l’a été pendant ses quatre premiers mois. Nous serons vigilants et prêts à toute éventualité.

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