Biadillah: “la sagesse est la qualité essentielle d'un président de la Chambre des conseillers”

EXCLUSIF. Au terme de son mandat à la tête de la chambre haute, Mohamed Cheikh Biadillah confie à Médias 24 son bilan et sa vision de la nouvelle chambre des conseillers. 

Biadillah: “la sagesse est la qualité essentielle d'un président de la Chambre des conseillers”

Le 12 octobre 2015 à 16h43

Modifié 12 octobre 2015 à 16h43

EXCLUSIF. Au terme de son mandat à la tête de la chambre haute, Mohamed Cheikh Biadillah confie à Médias 24 son bilan et sa vision de la nouvelle chambre des conseillers. 

Ancien ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah a été le premier secrétaire général du PAM avant de devenir, en octobre 2009, le cinquième président de l’histoire de la chambre haute marocaine.

Contacté par notre rédaction, Abdelouahed Khouja, secrétaire général de la deuxième chambre, est revenu sur la dimension humaine de son ancien supérieur à la Chambre des conseillers.

"Un monsieur très simple qui a toujours pris les choses avec philosophie. Un véritable chirurgien doté d’un regard large et d’un sens du détail obsessionnel dans tous les actes de sa vie."

"Quand il s’agit de prendre des décisions stratégiques, il devient dirigiste mais pas dans le sens péjoratif. Il ne laisse jamais rien au hasard et veut connaître tous les détails avant de trancher. Nous n’avons jamais eu de conflit car quand il ouvre un dossier, c’est pour trouver des solutions de concert. C’est un perfectionniste capable de lire un courrier dix fois et de le modifier vingt fois avant envoi."

"Hormis ses rapports humains, le président Biadillah a eu le courage de s’attaquer à de grands chantiers et dysfonctionnements comme l’absentéisme qui était son cheval de bataille. Il restera dans l’histoire comme le premier président ayant osé couper aux absents une partie de leurs indemnités."

"Il a aussi été le premier président autorisé à décorer des personnalités étrangères au nom de Sa Majesté. Grâce à lui, quatre présidents de parlement issus de pays membres du Conseil de sécurité (Chine, Angleterre, Russie et France) se sont pour la première fois rendus au Maroc en visite officielle."

"Sur le volet de la diplomatie parlementaire, Cheikh Biadillah a toujours su se faire convaincant grâce à sa grande connaissance du conflit du Sahara. Il était capable de citer à ses interlocuteurs tous les détails y compris les noms des antagonistes de chaque tribu."

"Je tiens aussi à rappeler que ce monsieur est quelqu’un de propre qui ne traîne aucune casserole."

"Pendant longtemps, j’ai eu la hantise d’arriver en retard au bureau car la première question au téléphone de ce bosseur matinal était toujours la même: Où êtes-vous monsieur Khouja?"

Joint par téléphone, Cheikh Biadillah est revenu pour Médias 24 sur son mandat d’ancien président et sur l’avenir de cette chambre qui est parfois décriée par certains de ses détracteurs.

Médias24: Partez-vous avec le sentiment du devoir accompli?

Cheikh Biadillah: Absolument car le mandat de l’équipe de la chambre a réalisé de grandes choses.

Ma plus grande satisfaction aura été de représenter le Maroc à l’international et d’avoir été porteur de messages de Sa Majesté le Roi Mohamed VI à l’intention de plusieurs pays d’Amérique centrale et des Caraïbes.

Nous avons innové en dotant cette chambre d’outils performants en collaboration avec la Chambre des Représentants. Elle dispose notamment d’un site informatique efficient au diapason de la modernité et les nouveaux conseillers ont désormais les moyens de travailler sans support papier.

Au niveau logistique, nous avons complètement réformé l’organisation de notre organigramme. Nos ressources humaines sont désormais à l’abri du besoin et disposent d’une vision claire de leur avenir.

Cette professionnalisation a permis d’établir des ponts importants sur le plan international en boostant les circuits de la diplomatie parlementaire. Cela a été le cas avec des alliés traditionnels comme l’Union Européenne mais aussi avec la Chine, la Fédération de Russie et des pays de l’est.

Cette diplomatie parallèle a permis de renforcer nos relations diplomatiques avec de nombreux pays d’Amérique latine et d’Afrique subsaharienne dans le sillage des visites royales.

L’économie n’a pas été en reste car hormis les délégations parlementaires, nous avons reçu de nombreux hommes d’affaires étrangers qui ont signé des conventions et des contrats avec le Maroc.

Pour conclure sur le travail engagé lors des 6 dernières années, je dois rappeler que le président de la chambre des conseillers est le président de la chambre des parlementaires de toute la Méditerranée.

-La chambre des conseillers est-elle vraiment utile et  indispensable au travail législatif?

-Je pense que notre système bicaméral est positif car il élargit l’assiette de participation grâce à l’émanation électorale des régions.

Notre chambre travaille en bonne entente avec tous les organes de gouvernance comme le Conseil économique, social et environnemental (CESE) souvent saisi pour consultation sur plusieurs chantiers (banques islamiques …).

Nous avons, à maintes reprises, consulté la Cour constitutionnelle (CC) pour rétablir la navette entre les deux chambres.

Après avoir calculé le temps législatif de ces 6 dernières années, il n’y a pas eu de conciliabules inutiles car les textes ont été sans cesse fignolés et même le gouvernement y a apporté ses amendements.

-Certains remettent en cause la légitimité et le processus électoral du dernier scrutin.

-Je suis soumis à un devoir de réserve mais ce que je peux dire c’est que s’il y a eu des brebis galeuses mal-élues, la justice tranchera tout en respectant dans l’intervalle la présomption d’innocence.

Même s’il y a des condamnations, la légitimité de cette chambre ne saurait être remise en cause.

-Qu’est-ce qui manque à la cette chambre pour être plus efficace et mieux acceptée?

-A mon humble avis, il faudrait que la Chambre des conseillers comporte un quota de sénateurs choisis directement par le Chef de l’Etat à l’instar de ce qui se fait en Angleterre ou en Belgique.

Elle doit être composée d’anciens chefs du gouvernement, d’ex patrons du renseignement et de scientifiques qui pourront apporter leur expertise.

Ni le gouvernement ni le parlement ne sont outillés pour trancher sur certaines questions comme la bioéthique, les nanotechnologies ou le clonage nécessitant l’expertise de personne de haute facture.

Nous devrons  amender la Constitution pour que les grandes mutations scientifiques et sociétales disposent au sein de la chambre haute d’un réceptacle d’experts en mesure de les analyser.

-Quelles sont d’après vous les qualités requises pour présider la chambre des conseillers?

-Tous les conseillers qui se porteront candidats ont normalement les outils pour la présider. La principale qualité est le sens du discernement et de l’écoute au service d’une action inclusive.

Il faut éviter de se heurter aux sensibilités partisanes en faisant preuve de réserve et en donnant du temps au temps. Pour faire court, il faut acquérir de la sagesse.

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