"Là où le Maroc dépense 0,54% de ses recettes touristiques en promotion, l’Espagne en dépense 2,5% et la Turquie 2,2%". En ouverture des 11^es Assises du tourisme, le ministre en charge Lahcen Haddad n’a pas craint de révéler ce chiffre. La norme selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) se situe entre 1,5 et 3%.

L’ONMT a notamment besoin de cet argent pour consolider ses marchés traditionnels européens et aller chercher les touristes de demain: en Chine, en Inde, en Russie, au Brésil, en Turquie et dans d’autres pays émergents.

Le budget de l’ONMT se situe à 300 millions de DH en 2013 et "il n’atteindra pas l’objectif d’un milliard de DH fixé pour 2014" regrette le DG de l’ONMT Abderrafie Zouiten dans une déclaration à Médias 24. Le budget de promotion de l’ONMT est de 500 millions de DH pour cette année. Pourtant  pour Lahcen Haddad "le Maroc peut concurrencer la Turquie, la Croatie ou les Iles Canaries."

"Le choix de l’offre balnéaire est stratégique"

Zouiten plaide également pour l’organisation d’assises régionales du tourisme, en phase avec la mise en place de huit territoires touristiques. Selon Lahcen Haddad, "le choix de l’offre balnéaire est stratégique" et c’est ainsi qu’il a annoncé lundi à Rabat l’ouverture complète de Taghazout, Saïdia et Lixus dans 3 ans. Mais sur Lixus, il est peu probable que l’offre initiale de trois hôtels soit complétée d’ici 2016-2017. Actuellement, près de Larache, seul un hôtel est en chantier.

A l’horizon 2020, Haddad a "promis" Mogador, la finalisation de l’extension de Mazagan et le site de Oued Chbika. Mais là aussi, notamment sur Mogador et Mazagan, les retards sont importants à ce jour au vu des ambitions du Plan Azur placé aux oubliettes et … non évalué.

La Vision touristique 2020 cible 20 millions de visiteurs, faisant du Maroc un membre du Top20 des destinations internationales. Haddad compte notamment sur le contrat RH 2014-2020 et l’ouverture en octobre 2015 "d’une école de référence en management hôtelier" à Marrakech.

Des RH négligées

Aujourd’hui, une serveuse dans un hôtel 4 étoiles avec sept années d’expérience touche moins de 2.800 DH par mois.

Un chef de partie touche moins de 3.600 DH après 14 ans d’expérience. Un technicien d’entretien touche moins de 2.700 DH après 25 ans de travail. Fatima qui prépare crêpes et rghaïf tous les matins à partir de 6H30 pour les clients touche 2.500 DH après 22 ans d’expérience.

Indemnités de transport et heures supplémentaires relèvent de la fiction. Le personnel, comme à l’hôtel voisin Diwan (Accor), porte un brassard noir depuis une semaine mais continue de travailler.

Ce sont quelques-uns des salaires versés par exemple à l’hôtel Mercure de Rabat (Chaîne Accor) où l’auteur de ces lignes a séjourné pendant les Assises du tourisme et où les salariés travaillent actuellement un brassard noir au bras. Des niveaux de salaires qui éclairent sur la politique RH dans le secteur. Au Mercure, la nuitée coûte tout de même plus de 1.100 DH.

Couscous, harira, tajine et pastilla

Prenant la parole lundi 29 septembre à Rabat, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a constaté que "le secteur est dynamique et important surtout depuis ces 15 dernières années mais il n’est pas encore à la hauteur de nos attentes".

"Notre tourisme a du potentiel, poursuit-il; nous devons oser entreprendre, avoir confiance, car nous ferons partie des économies émergentes" pour conclure par une pirouette fidèle à son style et qui fera s’esclaffer la salle de rires: "Nos coucous, hariras, tajines et pastillas sont suffisants pour nous faire battre des records, sans parler des paysages".

Le tourisme marocain outre ses rentrées de devises de 60 milliards de DH, contribue à près de 9% du PIB national et emploie plus de 500.000 personnes. A 20 millions de touristes en 2020 contre 10 millions actuellement, les recettes peuvent dépasser les 120 milliards de DH.

Cependant, la Vision 2020 qui vise 150 milliards de DH d’investissements à la fin de la décennie a mobilisé à ce jour, selon des chiffres du ministère du tourisme, 11 MMDH aujourd’hui et 94 MMDH engagés qui concernent des chantiers en cours ou des conventions signées.

Depuis 2008-2009, les banques sont plus regardantes sur les dossiers, la crise financière a laissé place à une abondance de l’offre touristique et immobilière et les investissements européens dans le secteur ont fortement baissé.

Pour atteindre ces objectifs 2020 davantage de promotion, de dessertes aériennes (Tanger, Essaouira, Ouarzazate, Errachidia) et un net effort sur les formations et les ressources humaines seront nécessaires.

Lundi à Rabat, le constat de la faible médiatisation de l’événement au niveau international, l’absence d’évaluation du Plan Azur et les retards pris dans les investissements n’ont pas aidé à remonter le moral des troupes.