Les stoïques Finlandais acceptent, ou même appuient l'austérité

(AFP)

Le 16 septembre 2015

Un grand nombre de Finlandais acceptent avec un stoïcisme étonnant des mesures d'austérité drastiques annoncées par leur gouvernement, même parmi les couches défavorisées qui espèrent que l'économie de leur pays en sera stimulée.

Depuis sa prise de fonctions en mai, le Premier ministre centriste Juha Sipilä n'a pas fait dans la dentelle au moment de réduire dépenses publiques et prestations sociales, dans le but proclamé de sortir de trois années de récession.

Seront surtout touchés les plus fragiles, y compris les retraités qui vont perdre une partie de leur allocation logement, et des salariés dont les heures supplémentaires et les dimanches seront moins bien payés.

Les syndicats ont appelé à de grandes grèves vendredi et à une manifestation où ils espèrent des dizaines de milliers de personnes. Mais nombreux aussi sont ceux qui désapprouvent ce rare mouvement social, comme les 65.000 utilisateurs de Facebook inscrits à l'événement "Je travaille vendredi aussi. Et j'en suis fier".

Selon un sondage du quotidien Iltalehti la semaine précédente, plus de 70% du gros millier de sondés étaient complètement ou en partie favorables aux mesures de rigueur, et plus de 20% les trouvaient même insuffisantes.

Pour Vesa Vares, professeur d'histoire politique à l'université de Turku, la faiblesse des mouvements de protestation s'explique par la confiance des Finlandais dans leurs institutions. "La foi des gens dans l'État et dans les organisations et institutions est beaucoup plus forte que dans beaucoup d'autres pays. Nous avons des traditions plus collectives qu'individualistes".

Même à la banque alimentaire du quartier Myllypuro à Helsinki, on sent peu de mécontentement parmi les 800 personnes faisant calmement la queue, parfois des heures, pour obtenir des denrées.

"On a un bon gouvernement. La Finlande est tellement endettée que j'approuve toutes les mesures, sauf la baisse des allocations pour les retraités", souligne une femme de 66 ans qui dit s'appeller Marjatta.

- Deux jours fériés supprimés -

Le gouvernement voulait réduire le montant versé aux 50.000 retraités les plus déshérités d'entre 100 et 300 euros. Face à la grogne, il a dû se contenter d'un tiers de ses ambitions initiales.

En revanche, pour les salariés, il n'a pas eu de pitié: pas de paie le premier jour d'arrêt-maladie, les congés des fonctionnaires réduits à 30 jours contre 38, deux jours fériés en moins, entre autres.

"C'est dur mais ce n'est pas dans la nature des Finlandais d'aller protester. Ça ne pourrait jamais arriver dans le sud de l'Europe. Les gens brûleraient des voitures et seraient dans la rue", selon Jorma, un plombier au chômage de 61 ans.

La Finlande, longtemps présentée comme un modèle dans la zone euro, n'en est plus vraiment un, avec son vieillissement accéléré, ses secteurs industriels en crise et sa dette publique qui grimpe. Elle devrait dépasser la barre de 60% du produit intérieur brut en 2015.

M. Sipilä n'a pas pris l'opinion par surprise: son programme électoral montrait qu'il allait trancher dans le vif pour redonner aux Finlandais l'envie d'entreprendre et d'investir. Son gouvernement veut réduire le coût unitaire du travail de 5% et trouver 10 milliards d'euros d'économies qui seront autant de déficit budgétaire en moins.

Au centre commercial de Kamppi dans le centre d'Helsinki, Taneli, cadre dans le marketing de 44 ans, appuie l'exécutif de centre-droit. "Il faut qu'on fasse des économies et c'est bien qu'ils entreprennent quelque chose maintenant. Les coupes dans les dépenses ne suffisent pas à elles seules, on a aussi besoin de réformes structurelles, en particulier dans le secteur public", argumente-t-il.

Ce discours qui rappelle celui des économistes libéraux s'entend même à la banque alimentaire, où certains Finlandais dans le besoin trouvent les baisses de dépenses justifiées, quoique mal ciblées.

"Le gouvernement s'attaque à ceux qui travaillent mais il y a encore trop de gens qui vivent des allocs, sans même s'embêter à se lever de leur canapé. C'est trop facile pour eux (...) Quelqu'un doit bien payer", déplore Mikko, 49 ans, qui dit avoir des fins de mois difficiles à cause d'un arrêt-maladie de longue durée.

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Le 16 septembre 2015

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