La vaccination des enfants retardée par les grèves dans la santé, les professionnels tirent la sonnette d'alarme

Des retards de vaccination des enfants par le BCG sont enregistrés dans les établissements publics de santé, apprend Médias24 de sources professionnelles. En cause ? La multiplication des grèves des professionnels du secteur, et ce depuis plusieurs mois. Nos sources mettent ainsi en garde contre les conséquences de ces retards, d'autant que la tuberculose sévit encore au Maroc.

La vaccination des enfants retardée par les grèves dans la santé, les professionnels tirent la sonnette d'alarme

Le 3 juillet 2024 à 17h57

Modifié 3 juillet 2024 à 18h15

Des retards de vaccination des enfants par le BCG sont enregistrés dans les établissements publics de santé, apprend Médias24 de sources professionnelles. En cause ? La multiplication des grèves des professionnels du secteur, et ce depuis plusieurs mois. Nos sources mettent ainsi en garde contre les conséquences de ces retards, d'autant que la tuberculose sévit encore au Maroc.

Le Maroc fait partie des pays à incidence moyenne de la tuberculose. L’incidence estimée par l’Organisation mondial de la santé (OMS) en 2021 est de 35.000 cas, correspondant à un taux d’incidence de 94 pour 100.000 habitants.

Quoiqu’en diminution constante, l’incidence de la tuberculose au Royaume ne baisse pas assez vite. Le taux annuel moyen de diminution s’établit à seulement 1% à 2% entre 2015 et 2023 ; un taux qui ne permettra pas d’atteindre l’objectif ultime d’élimination de la tuberculose à l’horizon 2030.

La vaccination par le BCG est ainsi le seul moyen de s'en protéger. Elle limite le risque de développer l'infection et prévient les formes graves de la tuberculose chez les jeunes enfants. Son efficacité varie de 75% à 85%.

Le BCG doit être administré durant le premier mois du nouveau-né

Contacté par Médias24, le Dr Moulay Said Afif, pédiatre et président d’Infovac Maroc, nous explique que "ce vaccin, inscrit dans le calendrier national de vaccination,  doit être administré durant le premier mois du nouveau-né".

Sauf qu’avec la multiplication des grèves dans le secteur public de la santé, "des retards de vaccination ont été enregistrés dans plusieurs établissements", nous confient d’autres sources professionnelles.

En effet, les grèves des professionnels de la santé se poursuivent depuis plusieurs mois, et le vaccin par le BCG ne peut être administré à n’importe quel jour de la semaine. Fixé par les autorités locales, le jour d’administration de ce vaccin dans les établissements publics diffère selon les villes notamment.

La situation risque de s’envenimer avec l’annonce par la Coalition syndicale de la santé du boycott de tous les programmes de santé et des opérations chirurgicales à partir du 15 juillet prochain au niveau des services de proximité, à savoir les centres de santé et les dispensaires.

Contacté par nos soins dans un article précédent, un membre de cette coalition nous avait expliqué qu’il s’agissait des "programmes de vaccination ou de lutte contre la tuberculose et autres, soit tous les programmes de santé qu’exercent les professionnels de santé au niveau de ces structures de proximité et qui représentent 90% de leur travail."

Nos sources attirent ainsi l’attention sur les conséquences de ces retards qui concernent également d'autres vaccins. "Il faut être vigilant pour ne pas retomber dans la problématique de la rougeole. Durant la période du Covid-19, plusieurs enfants n’avaient pas été vaccinés. Nous avons eu, par la suite, une petite épidémie dans la région de Souss-Massa".

"Sur un million d’enfants dont le statut vaccinal a été vérifié, 74.000 enfants n’étaient pas vaccinés contre la rougeole, ce qui est énorme", ajoutent nos interlocuteurs.

Joint par Médias24 à ce sujet, le Dr Afif souligne qu’il "faut veiller à ce que les enfants aient leurs vaccins", selon le calendrier national de vaccination. "Il faut donc rappeler les enfants qui sont en retard de vaccination et surveiller strictement les carnets de vaccination".

"C’est d’ailleurs grâce à la vaccination que nous avons pu éradiquer de manière drastique plusieurs maladies, notamment le tétanos néonatal", ajoute le président d'Infovac.

En cas de retard et d’indisponibilité du personnel médical dans les centres de proximité, les familles peuvent se diriger vers le secteur privé pour éviter de dépasser le délai d’un mois, et poursuivre par la suite le reste du programme vaccinal dans le secteur public.

Le BCG obligatoire pour l'enregistrement des enfants à l'état-civil

Outre les problèmes médicaux que peuvent engendrer ces retards, les familles peuvent également être confrontées à des problématiques d’ordre administratif.

En l’absence d’un certificat médical qui prouve que l’enfant a été vacciné contre la tuberculose, les autorités locales refusent d’enregistrer ce dernier à l’état-civil.

Notons par ailleurs que ce vaccin est de retour dans les pharmacies depuis le mois de mars, après plusieurs mois de rupture. Selon le Dr Said Afif, "le BCG est actuellement disponible en pharmacie. Il n’y a aucune pénurie. J’ai d'ailleurs contacté le directeur de l’Institut Pasteur récemment à ce sujet, qui m’a assuré que le vaccin était disponible au Maroc".

Le président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens nous confirme que ce vaccin est actuellement "disponible en pharmacie". "Ce vaccin, qui est importé, subit toutefois des perturbations assez fréquentes", ajoute le Dr Hamza Guedira, "mais il n’a rien de particulier par rapport à l’ensemble de la problématique des ruptures de médicaments" à laquelle le Maroc est confronté par moments.

Et de conclure : "Nous sommes dans un secteur de pointe, qui subit beaucoup de pression au niveau mondial. Le Covid-19 a montré les limites du système adopté par l’industrie pharmaceutique mondialement. La dépendance envers l’Inde et la Chine pour les matières premières s’élève à environ 95%. C’est pour cette raison que les pays occidentaux, ainsi que le Maroc, commencent à rapatrier la fabrication de la matière première chez eux ".

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