Vismay Sharma est président de la zone Asie du Sud-Pacifique, Moyen-Orient et Afrique du Nord (SAPMENA) chez L’Oréal. Basé à Singapour, il dirige une équipe de 7.000 experts en beauté pour apporter les meilleures innovations en matière de cosmétologie et développer la présence du groupe français sur 35 marchés allant de la Nouvelle-Zélande au Maroc.

A l’occasion de la célébration des huit décennies d’histoire de L’Oréal dans le Royaume, Vismay Sharma, également membre du comité exécutif de L’Oréal, revient au micro de Médias24 sur l’ancrage du groupe dans le développement de la filière cosmétique marocaine et l'impact sur son écosystème.

Médias24 : L’Oréal fête aujourd’hui ses 80 ans au Maroc. Qu’est-ce qui rend le marché marocain si intéressant pour l’industrie de la beauté ?

Vismay Sharma : C’est une relation qui n'a fait que se développer. Le Maroc est un pays profondément ancré dans la beauté, le patrimoine et le bien-être, basés sur des ingrédients naturels que le pays possède. Et désormais, avec le temps, je pense que le reste du monde commence aussi à comprendre ce qu’est le Maroc et ce qu’est le patrimoine de la beauté au Maroc.

Je dirais que ce qui le rend vraiment spécial, c’est d’une part, bien sûr, le consommateur marocain, qui est très exigeant et perspicace. Je pense à ce que le Maroc apporte au reste du monde en termes de connaissances et de traditions anciennes.

Le Maroc offre les plus beaux et les meilleurs ingrédients naturels

Le Maroc offre les plus beaux et les meilleurs ingrédients naturels qui peuvent être intégrés aux produits de beauté tout en améliorant leur qualité et plus généralement l’expérience client. L’huile d’argan est par exemple un ingrédient apprécié des consommateurs partout dans le monde. Il est utilisé de manière extensive dans nos gammes de soins capillaires. On le retrouve notamment dans les shampoings, les après-shampoings, les traitements et les huiles de soin.

Chaque produit YSL Beauty contient aujourd’hui au moins un ingrédient extrait des jardins de l’Ourika

Il y a aussi les jardins collectifs de l’Ourika, qui nous aident à œuvrer pour l'autonomisation des femmes. Ils sont très riches et nous permettent de cultiver de nombreux ingrédients. Nous en extrayons beaucoup d’ingrédients naturels tels que le safran, l’iris, la rose, le citron et l’olive. Aujourd’hui, chaque produit YSL Beauty, qui est l’une des plus grandes marques de beauté que nous commercialisons, possède au moins un ingrédient provenant des jardins de l’Ourika. Par ailleurs, il y a bien entendu tous les talents que nous avons ici au Maroc. Nous comptons aujourd'hui plus de 250 personnes des plus passionnées travaillant pour L’Oréal au Maroc.

Le consommateur marocain tourne désormais les yeux vers les soins et le bien-être 

- Quelles sont les tendances de la beauté sur le marché mondial en général et sur le marché marocain en particulier ?

- Si vous regardez les grandes tendances, elles sont très similaires, que ce soit au Maroc, en Inde, en Thaïlande, en Australie, aux États-Unis ou en Europe. Avec la pandémie, il y a eu un grand intérêt pour les soins et le bien-être. Partout, les gens en sont devenus beaucoup plus conscients. Et en conséquence, ils sont devenus beaucoup plus exigeants concernant la technologie qui entre dans les produits de beauté et la science qui les sous-tend.

C’est un énorme avantage pour L’Oréal puisque nous sommes de loin les plus grands investisseurs en recherche et innovation dans la beauté. Nous y consacrons plus d’un milliard d’euros chaque année. Nous comptons par ailleurs quelque 4.000 scientifiques spécialisés dans l’innovation cosmétique parmi nos équipes.

Nous voyons donc que la technologie converge et que les consommateurs, à travers le monde, deviennent plus exigeants en matière de durabilité et d’ingrédients naturels. Il en va de même pour les consommateurs marocains.

Une croissance de 16% des ventes de L’Oréal dans la région, le Maroc un contributeur clé

- Quid des chiffres réalisés par L’Oréal au Maroc ?

- Nous sommes très fiers des résultats du groupe actuellement. Pour le premier trimestre 2024, pour lequel nous avons déjà publié nos résultats, nous avons eu une croissance des ventes de 9% à périmètre constant."

9% est un très bon chiffre, car le marché de la beauté croît à moins de la moitié de ce pourcentage. C’est donc une performance très solide. Et la région que je dirige, qui est l’Asie du Sud, le Pacifique, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a connu une croissance de plus de 16%. Le Maroc en a été un contributeur clé.

L’Oréal ambitionne de développer le e-commerce au Maroc

- Quels sont, in fine, les ambitions de L’Oréal au Maroc à l’avenir ?

- C’est un marché dont nous sommes encore une fois immensément épris. Sur les 37 marques que nous commercialisons à l’échelle mondiale, 18 sont actuellement vendues au Maroc. Donc évidemment, nous continuerons à en introduire davantage.

De la même manière, nous faisons des investissements. Nous avons occupé  les mêmes bureaux pendant 75 ans. Nous venons de déménager dans un nouveau siège, qui intègre fortement la dimension développement durable. Nous continuerons à apporter de nouveaux produits, de nouvelles technologies et de nouvelles idées. Nous espérons également jouer un rôle dans le développement du e-commerce dans ce pays.