Naissance de la première Maison de l'Oralité au Maroc
Le Royaume se dote d'un équipement culturel additionnel. Placée au cœur du Ksar Aït Ben Haddou, à Ouarzazate, la première Maison de l'Oralité au Maroc s'assigne la mission de reconstituer le patrimoine culturel immatériel local, sans pour autant le folkloriser.
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Basma Khirchi
Le 5 octobre 2022 à 17h39
Modifié 5 octobre 2022 à 17h40Le Royaume se dote d'un équipement culturel additionnel. Placée au cœur du Ksar Aït Ben Haddou, à Ouarzazate, la première Maison de l'Oralité au Maroc s'assigne la mission de reconstituer le patrimoine culturel immatériel local, sans pour autant le folkloriser.
La Maison de l'Oralité a pour nom “Tigumi Nwawal”. Elle est le fruit d'une collaboration tripartite entre l'ONG We Speak Citizen, l'entreprise du spectacle basée à Bordeaux Lhécho Production, et l'association de développement artistique, culturel et touristique du Sud, Adacts.
Nichée au cœur du Ksar Aït Ben Haddou, inscrit en 1987 au patrimoine mondial de l'Unesco, la première Maison de l'Oralité fait partie du grand projet “Village durable des Aits”, lequel vise le développement territorial durable du village Aït Ben Haddou. La directrice exécutive de l'ONG We Speak Citizen, Loubna Mouna, souligne qu'“il fallait s'ancrer dans le passé pour mieux bâtir le futur”.
Pour éviter les écueils d’une folklorisation de la culture locale, “Tigumi Nwawal” se positionne d'abord comme un lieu de prise de parole, avant d'être un lieu d'exposition et de reconnaissance de la culture locale. Le cœur de la Maison ne réside donc pas dans ses collections matérielles, pas même dans les enregistrements multimédias qu’elle conserve, mais plutôt dans sa programmation événementielle et sa participation aux fêtes locales qu’elle documente.
Le tissage au cœur de la vie communautaire
La Maison de l'Oralité de Aït Ben Haddou s'intéresse dans un premier temps à la transmission du patrimoine par le truchement des expositions, de la participation et de l’organisation d’événements locaux. Elle s'est également assigné comme mission la collecte, la documentation, l'interprétation et la préservation sans figer les traditions, les savoirs, les savoir-faire et le patrimoine vivant.
“Tigumi Nwawal”, dont les portes ont été officiellement ouvertes le 24 septembre dernier, a consacré sa première exposition au tissage. “Cette thématique s'est présentée comme une évidence pour plusieurs raisons”, nous confie Loubna Mouna.
L'aspect systémique du tissage dans la vie de toutes les communautés amazighes est la première de ces raisons.
“En remontant l'histoire de n'importe quel objet tissé, nous devons forcément aborder les différents aspects qui y sont liés, partant de l'agriculture, en passant par l'élevage, le pastoralisme, le traitement de la laine et la teinture”, relève la directrice exécutive de We Speak Citizen.
“Nous avons ainsi jugé incontournable et surtout constructive l'inclusion de tous ces aspects, puisqu'à chaque étape correspond un lot de savoir-faire, de rites et de rituels.”
L'autre motif est symbolique, poursuit notre interlocutrice. “Nous cherchons, par le biais de ce projet culturel, à transmettre ce riche patrimoine aux nouvelles générations. Raison pour laquelle la réalisation scénographique de la maison a été confiée à de jeunes villageois motivés et talentueux.”
La parure des femmes amazighes
Chaque année, une thématique différente sera exploitée par la Maison de l'Oralité de Aït Ben Haddou.
La prochaine exposition, prévue pour le 6 octobre 2023, sera dédiée à la parure (vêtements, ornements et bijoux) des femmes amazighes, révèle Loubna Mouna. Elle ajoute qu'il a été convenu, en marge de la dernière exposition, d'inaugurer le Cercle des amis de l’oralité qui prévoit l'organisation d'une série de rencontres à Casablanca et à Aït Ben Haddou autour de la thématique de l’année.
“Notre ambition est de pouvoir essaimer cette dynamique un peu partout dans le monde rural au Maroc et, pourquoi pas, en Afrique”, a conclu la directrice exécutive de We Speak Citizen.