Les tensions internationales actuelles seront très bénéfiques aux minières marocaines

| Le 9/3/2022 à 15:58
La guerre en Ukraine a refait émerger l’aversion aux risques et l’appétit pour les métaux précieux, considérés comme refuges. La forte demande mondiale et les difficultés d’approvisionnement renforcent la tendance haussière des métaux de base. Toutes les minières marocaines jouiront de cette double appréciation et également d’un effet de change aux exportations avec la dépréciation du Dirham.

En 2021 les minières ont connu au global de bonnes performances notamment grâce à la hausse des cours des métaux sur la période. Cette hausse des prix a notamment été poussée par la forte demande mondiale dans le cadre de la reprise économique. Comme le rappelait Attijari Global Research dans un document traitant des revenus de la cote au 4e trimestre 2021, les minières faisaient partie des secteurs les plus performants sur la période. Au T4-2021, le secteur des Mines a connu une hausse de 76% de son chiffre d’affaires.

Mais depuis le début de l’année 2022, l’environnement a changé, notamment à cause de la guerre opposant la Russie à l’Ukraine. Alors que dans un contexte d’atténuation de la crise sanitaire, des pressions baissières étaient attendues sur les métaux précieux, le contexte international a rebattu les cartes. Désormais, avec l’incertitude et l’aversion au risque qui dominent les marchés, les tensions persistantes sur l’approvisionnement et la forte demande mondiale en métaux de base, les minières semblent en très bonne position pour tirer profit de la crise.

Pour la première fois, la conjoncture actuelle est favorable aux métaux de base et précieux

Cette nouvelle donne internationale a jeté un froid sur les marchés internationaux, créant, comme lors de l’éclatement de la pandémie, une aversion au risque. « Nous le voyons clairement aujourd’hui. Les investisseurs se rabattent sur les valeurs refuges et nous sommes sur une bonne configuration pour les métaux précieux. Les prix de l’once d’Or ont progressé de près de 12% depuis le début de l’année à plus de 2.000$ l’once et les prévisions tablent sur 2 600$ à 3.000$ l’once d’ici la fin de l’année. Le contexte géopolitique actuel propulse les métaux précieux » nous explique une source du marché.

Parallèlement, les métaux de base comme le cuivre, le plomb, l’aluminium etc… sont également sur de fortes tendances haussières, dans le prolongement de ce qui était observé en 2021. Certains métaux subissent des hausses plus forte que d’autres en raison de ces récentes tensions géopolitiques. En effet, la Russie est un pays producteur et exportateur de différents métaux clés pour les industriels, notamment européens. Le contexte actuel pèse favorablement sur les cours. « Les perturbations qu’entraîne ce conflit international sur l’offre minière globale font atteindre des sommets historiques à certains métaux de base comme le palladium, le zinc, ou encore le plomb. Sur des métaux comme l’aluminium où la Russie est très bien positionnée, la hausse des cours depuis le début de l’année s’élève à plus de 40% à près de 4 000$ la tonne » explique notre source.

Une tendance haussière renforcée par le besoin d’approvisionnement

La hausse des métaux de base, conduite par une forte demande est d’autant plus accentuée que les principales économies émergentes souhaitent effectuer des stocks de façon à limiter leurs expositions en cas de poursuite de hausse des prix. « Il y a une recherche d’indépendance concernant les besoins internes des économies. Nous nous acheminons vers une augmentation des exportations des métaux de base. In fine, cela va accentuer le décalage entre l’offre minière globale et la demande, hérité de la crise sanitaire » explique notre source.

L’offre ne parvient pas à satisfaire la demande en contexte de relance, d’autant plus que les circuits logistiques mondiaux sont fortement perturbés avec un coût du fret qui s’est fortement alourdi depuis 2021. « A cela s’est ajoutée la fermeture de plusieurs mines du fait des différentes restrictions sanitaires et du manque de personnel disponible. Certaines mines tournent aujourd’hui à des petits régimes, ce qui perturbe l’offre mondiale » explique notre interlocuteur.

Les minières marocaines bénéficieront de cette tendance haussière sur tous les métaux

Si la conjoncture mondiale est pour le moins tendue, les minières cotées marocaines devraient quant à elles bénéficier de cette situation de hausse des cours. CMT, SMI et Managem profiteront de cet effet prix très favorable cette année, poussées par le conflit armé en Ukraine, et la forte demande mondiale en métaux de base. « Les minières nationales vont toutes bénéficier de cette conjoncture tant sur la haussière des métaux de base comme celle concernant les métaux précieux » nous explique notre interlocuteur. Managem devrait notamment en tirer profit en tant que première compagnie minière cotée nationale, gérant métaux de base et métaux précieux. Il est à rappeler que cette année, elle devrait connaître, comme en 2021, une hausse de sa capacité de production d’Or grâce aux mines de Gabgaba et Tri-K.

Au-delà de l’appréciation notable des métaux toutes catégories confondues, les groupes nationaux font également bénéficier de l’effet de dépréciation du dirham depuis le début de l’année 2022. « Cela est une conséquence directe de la crise mondiale, mais aussi de la politique monétaire de la FED et la BCE qui aujourd’hui, propulsent le dollar à ses niveaux les plus élevés depuis les deux dernières années. Il y aura donc un effet change favorable sur les exportations des minières marocaines, cotées comme non cotées » explique notre source.

Le seul impact que pourraient subir les groupes marocains, à l’instar des internationaux, est la forte hausse du cours du pétrole qui pousserait à la hausse les coûts opérationnels. « Dans une mine, il y a besoin de faire fonctionner des machines, et ces ressources énergétiques coûtent cher. Cela se matérialise par une hausse des coûts opérationnels et logistiques, comme lors du transport de la mine aux usines de traitement » conclut notre source.

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