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ETFs et produits dérivés : comment les investisseurs marocains anticipent leur arrivée

| Le 22/4/2025 à 16:01
D’ici fin 2025, la bourse de Casablanca devrait lancer ses premiers contrats à terme sur indices et sur taux, ainsi que les premiers fonds indiciels cotés (ETFs). Ces instruments, couramment utilisés sur les grandes places financières, suscitent déjà l’attention des professionnels marocains. Entre couverture, diversification et gestion tactique, les investisseurs s’y préparent activement. Quel usage en feront-ils ? Et quel en serait l'impact sur la liquidité du marché ?

Quelque chose est en train de changer dans le paysage financier marocain. D’ici la fin de l’année 2025, le marché connaîtra une transformation majeure avec l’arrivée de nouveaux instruments financiers, à savoir les contrats à terme sur indices et sur taux obligataires (TOI), ainsi que les fonds indiciels cotés (ETFs).

Le mouvement est déjà bien enclenché. Après plusieurs mois de préparation technique et réglementaire, les parties prenantes sont en train de finaliser les conditions de lancement des premiers produits dérivés, à commencer par un contrat à terme adossé à l’indice MASI 20. Ces instruments, inédits sur la place casablancaise, visent à offrir aux investisseurs de nouveaux moyens de couverture, de diversification et d’optimisation de portefeuille.

En parallèle, la réforme du cadre des OPCVM, adoptée en février, permet désormais l’émergence juridique des ETFs. Ces fonds cotés, largement utilisés sur les marchés développés, permettront de suivre la performance d’un indice de manière simple, transparente et à moindre coût.

Cette série d’innovations, attendue d’ici la fin de l’année, s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation du marché financier marocain. Elle soulève néanmoins des questions concrètes : comment les investisseurs se préparent-ils à utiliser ces outils ? Et quel impact cela pourrait-il avoir sur la liquidité du marché ?

ETFs et futures : la stratégie des investisseurs marocains face aux nouveaux outils

L’annonce du lancement prochain des contrats à terme et des fonds indiciels cotés (ETFs) suscite un grand intérêt chez les professionnels du marché marocain. Pour les investisseurs institutionnels comme pour les sociétés de gestion, ces instruments répondent à des besoins concrets, longtemps freinés par l’absence d’outils adaptés à la couverture des risques ou à la gestion passive.

"C’est une évolution que le marché attendait depuis des années. Les futures sur taux vont nous permettre d’anticiper et de nous protéger contre la volatilité des rendements, sans avoir à désinvestir massivement nos portefeuilles", témoigne un analyste de la place.

Du côté des sociétés de gestion, les ETFs suscitent un enthousiasme mesuré mais réel, en particulier pour leur potentiel de démocratisation de l’investissement.

"Les ETFs sont des fonds qui reproduisent la performance d’un indice spécifique. Ils permettent aux investisseurs de suivre la performance d’un indice sans avoir à investir individuellement dans toutes ses valeurs, offrant ainsi une diversification et une efficacité à moindre coût", ajoute-t-il.

Dans un marché où la liquidité reste parfois concentrée sur quelques titres, la possibilité de répliquer un indice comme le MASI 20 via un produit simple, négociable en continu et peu coûteux, est perçue comme une avancée structurante.

"Ce type de produit facilite l’accès aux marchés pour de nouveaux profils d’investisseurs. C’est aussi un outil pédagogique, qui peut aider à élargir la base d’investisseurs particuliers tout en soutenant les volumes sur le marché central".

La réforme du cadre des OPCVM, adoptée en février 2025, a été un point de bascule pour rendre cela possible. Elle permet non seulement l’agrément des ETFs, mais introduit aussi des mécanismes modernes de gestion des risques et de liquidité.

"Cette réforme a été très bien accueillie par les investisseurs et les sociétés de gestion. Elle permettra un accès à une gamme plus diversifiée de produits, une meilleure liquidité, plus de flexibilité et une protection renforcée", commente une source au sein d’une société spécialisée en gestion d’actifs.

"Du côté des sociétés de gestion, cette réforme ouvre la voie à de nouvelles opportunités de croissance. Elle répond clairement à la demande croissante pour des solutions d’investissement plus souples, mieux alignées sur les profils de risque actuels. La réforme a introduit au-delà des ETFs, les OPCVM en devises et les OPCVM participatifs".

Cette transformation, qui s’accompagne d’une refonte complète des pratiques de supervision et d’agrément, commence déjà à modifier les réflexes des professionnels. L’heure n’est plus au scepticisme, mais à la préparation stratégique.

À l’international, ces outils sont devenus des standards de marché. Dans les grandes places financières comme Paris, Londres ou New York, les produits dérivés et les ETFs jouent un rôle central dans le fonctionnement des marchés. Ils permettent non seulement une gestion fine des risques, mais participent aussi à l’animation quotidienne des marchés grâce à leur forte liquidité. Leur absence au Maroc constituait jusqu’ici une limite structurelle pour les investisseurs locaux, notamment les institutionnels.

"À l’étranger, un gérant ajuste son exposition en quelques clics via un future ou un ETF. Chez nous, cela suppose souvent de passer par des arbitrages complexes sur le marché spot, avec un impact sur la liquidité et les coûts", résume notre source. L’arrivée de ces instruments ouvre donc la voie à une pratique de l’investissement plus alignée avec les standards internationaux.

Quel impact sur la liquidité du marché ?

L’introduction d’ETFs et de produits dérivés comme les futures sur taux et indices devrait profondément modifier le profil de liquidité du marché marocain. Ces instruments apportent des solutions techniques, mais aussi un changement d’approche dans la manière dont les investisseurs interagissent avec le marché.

>>Une mécanique favorable à la rotation des capitaux

Par définition, les ETFs et les futures sont conçus pour être liquides : ils se négocient en bourse tout au long de la journée, avec des carnets d’ordres ouverts et une formation continue des prix. Cela crée un environnement propice aux arbitrages et aux ajustements tactiques, tant pour les investisseurs institutionnels que pour les gérants de fonds ou les traders.

"Un volume d’échanges élevé est souvent associé à une meilleure liquidité, ce qui signifie qu’il est plus facile pour les investisseurs d'acheter ou de vendre des parts de l'ETF sans avoir un impact significatif sur le prix. La liquidité permet donc aux investisseurs d’entrer et de sortir de leurs positions avec plus de flexibilité et à des coûts moindres", explique l'un de nos interlocuteurs.

Dans un marché comme celui du Maroc, encore marqué par une concentration des transactions sur une poignée de grandes valeurs, l’effet d’entraînement des ETFs peut jouer un rôle clé. Lorsqu’un ETF réplique un indice comme le MASI 20, chaque mouvement sur ce fonds engendre des ajustements sur les titres qui le composent. Cela stimule les échanges sur l’ensemble du panier, et donc la profondeur du marché.

"Ce sont des produits qui obligent les market makers à intervenir régulièrement sur les actions sous-jacentes. Cela fluidifie la formation des prix et donne plus de lisibilité aux investisseurs", souligne notre analyste de la place.

Sur notre marché boursier, les premiers signes d’amélioration sont déjà visibles. En 2024, la liquidité du marché actions a fortement progressé avec un bond de 186,5% du volume des transactions, en glissement annuel. La capitalisation boursière a elle aussi franchi un cap, atteignant 900 MMDH, un sommet historique.

Mais cette dynamique reste fragile, car concentrée. Les produits comme les futures sur indices ou les ETFs peuvent contribuer à mieux répartir les volumes et à stabiliser la liquidité dans le temps.

"Ces outils vont permettre de maintenir les volumes même en période d’attentisme. L’investisseur pourra se repositionner via un future ou un ETF, sans désengagement brutal du marché", commente-t-il.

Tous les professionnels s’accordent cependant sur un point : les produits ne suffisent pas à eux seuls. "La liquidité ne viendra pas du produit lui-même, mais des usages qu’en feront les gérants. S’ils s’en saisissent pour construire de vraies stratégies de gestion active ou de couverture, alors le marché changera de dimension", conclut-il.

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