L’impact de l’appréciation du dirham face au dollar : gains pour les importateurs, défis pour les exportateurs

Depuis le début de l’année, le dirham poursuit sa trajectoire haussière face au dollar américain. Entre le 2 janvier et le 18 avril 2025, la monnaie nationale s’est appréciée de 8,3% selon les cours de référence publiés par Bank Al-Maghrib. Cette évolution reflète à la fois une dynamique marocaine favorable en devises et un recul marqué du billet vert sur les marchés internationaux.
Sur la semaine du 10 au 16 avril, cette tendance s’est encore renforcée. Le dirham s’est apprécié de 2% face au dollar, passant d’un taux de change de 9,49 à 9,29. En parallèle, il s’est déprécié de 0,7% vis-à-vis de l’euro, le taux EUR/MAD évoluant de 10,47 à 10,55. Ces mouvements confirment l’effet panier du régime de change marocain, où la baisse du dollar pèse davantage sur le dirham que la légère fermeté de la monnaie européenne.
Ce que change l’appréciation du dirham pour les entreprises
L’appréciation du dirham face au dollar en 2025, qui dépasse 8%, n’est pas sans conséquence pour les entreprises marocaines. Elle agit différemment selon qu’on est importateur, exportateur ou opérateur exposé aux transferts en devises. C’est une variable de change qui reconfigure les équilibres sans nécessairement déséquilibrer l’économie.
Pour les importateurs, l’effet est immédiatement perceptible. "Environ 50% de nos importations sont facturées en dollars, notamment les produits énergétiques et les matières premières", rappelle un économiste spécialisé dans les marchés de change.
Quand la monnaie nationale s’apprécie, le coût en dirhams de ces produits baisse. "Le montant à débourser en devises ne change pas, mais la facture en dirhams, elle, diminue. Cela peut se traduire, en principe, par une baisse des prix à l’importation, notamment pour le gasoil et d’autres produits énergétiques".
C’est donc un soulagement potentiel pour les entreprises importatrices, et indirectement pour les consommateurs, à condition que les importateurs répercutent cette baisse. "Si cette appréciation est pleinement reflétée dans les prix, elle peut avoir un effet positif sur le pouvoir d’achat", souligne-t-il.
Le tableau est plus contrasté du côté des exportateurs. Moins de 40% des exportations marocaines sont facturées en dollars, mais cela concerne des groupes stratégiques comme l’OCP. "Pour ces entreprises, ce qu’elles reçoivent en dollars reste stable, mais la contre-valeur en dirhams diminue. Cela affecte mécaniquement les recettes en monnaie nationale", explique-t-il.
Autrement dit, une entreprise qui n’est pas couverte contre le risque de change verra ses revenus comptables diminuer, même si son chiffre d’affaires en devises reste identique.
Ce déséquilibre entre gain à l’import et perte à l’export crée un effet miroir. "Ce qu’on gagne du côté des importations, ce sont des entités privées ou des ménages qui en bénéficient. Ce qu’on perd côté exportation, ce sont les entreprises exportatrices qui en assument le coût", résume-t-il.
Et qu’en est-il des transferts des MRE ? Là encore, l’effet est à relativiser. "Ce type de variations n’est pas assez important pour influencer le volume global des transferts. Quelqu’un qui transfère 100 dollars à sa famille verra la somme reçue en dirhams diminuer légèrement, mais cela ne modifie pas les montants envoyés".
Dans l’ensemble, l’effet change est réel, mais partiellement absorbé. Il n’a pas de conséquences immédiates sur les flux extérieurs en devises, mais il modifie la structure des gains et des marges au niveau microéconomique. C’est sur les comptes d’exploitation des entreprises que son empreinte sera la plus visible.
Source : AGR
Pourquoi le dirham s’apprécie-t-il depuis le début de 2025 ?
Depuis le début de l'année 2025, le dirham marocain s’est apprécié de plus de 8% face au dollar américain, selon les cours de référence de Bank Al-Maghrib. Cette évolution résulte de deux dynamiques principales, à savoir un affaiblissement généralisé du billet vert sur les marchés internationaux et une offre excédentaire de devises sur le marché marocain.
Sur le plan externe, la monnaie américaine est pénalisée par des anticipations de baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, mais aussi par une montée des tensions commerciales provoquées par l’administration Trump. "L’annonce de nouveaux droits de douane sur les voitures européennes et les produits chinois a ravivé les craintes d’un conflit commercial mondial. Cette défiance envers le dollar s’est traduite par une fuite vers les actifs refuges comme l’or, une forte volatilité sur les marchés, et une pression à la baisse sur le cours USD/MAD, via l’effet panier (60% euro, 40% dollar)".
Dans le même temps, "le marché marocain des changes reste alimenté par des flux favorables. Les excédents au niveau des exportations de biens et de services, les recettes record des MRE, la bonne tenue du tourisme et la reprise des IDE contribuent à renforcer la liquidité en devises".
Attijari Global Research souligne que les spreads de liquidité du dirham ont atteint leur plus bas niveau depuis février 2022, autour de –3,06%, signe d’un marché bien approvisionné. Cette dynamique, amorcée dès l’été 2024, s’est intensifiée au premier trimestre 2025.
L’interaction entre ces deux facteurs, c’est-à-dire le contexte mondial défavorable au dollar et la liquidité excédentaire en devises au Maroc, explique l’ampleur de l’appréciation du dirham sur les quatre premiers mois de l’année.
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