Voici comment s'est comporté le secteur bancaire en 2023
L’année 2023 a écumé les challenges dans le domaine de la stabilité financière mondiale. L’inflation et les resserrements de politique monétaire qui s’en sont ensuivis dans le monde ont mis sous pression les équilibres financiers.
Dans sa 11e édition, Bank Al-Maghrib (BAM) a dressé son rapport annuel de stabilité financière en 2023. La Banque centrale est notamment revenue sur la solidité des institutions bancaires du pays, principale source de financement de l’économie.
BAM relève que, malgré le contexte difficile, les banques sont parvenues à maintenir une solidité de leur fondamentaux au regard des principaux indicateurs d’activité, de rentabilité, de liquidité et d’adéquation des fonds propres.
La Banque centrale note toutefois une décélération de l’activité bancaire en 2023. "En 2023, le total agrégé des actifs des banques a atteint 1.789 MMDH, en hausse de 4,8%, contre 7,6% un an auparavant, soit 122% du PIB contre 128% en 2022, sous l’effet de la décélération aussi bien des crédits que des dépôts bancaires.
Cependant, si le rythme de progression des crédits ralentit, la diversification du portefeuille s’améliore.
Les ménages représentent près de 30% du portefeuille crédit des banques
Le portefeuille crédit des banques est diversifié sur le plan sectoriel. Les ménages captent la part la plus importante, "avec une part de 29%, cumulant un encours de 319 MMDH, suivis des 'activités financières', avec un montant de 158 MMDH, soit une part de 14%, des 'autres services', avec un montant de 156 MMDH, soit une part de 14%, et des industries manufacturières, avec un montant de 101 MMDH représentant 9%", précise le rapport de BAM.
Le secteur bancaire est légèrement moins concentré en 2023 qu’en 2022 avec une amélioration de l’indice de Herfindhal-Hirschman [IHH, qui va de 0 à 1, ndlr] à 0,134 contre 0,138 en 2022. Cette baisse dénote une plus grande diversification sectorielle du portefeuille crédit destiné aux entreprises.
L’un des points également abordés dans le rapport concerne les créances en souffrances, en hausse par rapport à l’année précédente.
Un rebond des créances en souffrance, mais des provisions suffisantes
Après une légère accalmie du niveau des créances en souffrances en 2022, un rebond de 6,7% a été observé l’an dernier, atteignant un total de 94,8 MMDH. "Le taux moyen de sinistralité dans le secteur bancaire a légèrement augmenté à 8,5% en 2023, après 8,4% en 2022", indique le rapport.
Cette hausse est principalement conduite par une évolution plus prononcée des impayés des entreprises non financières, par rapport à ceux des ménages. Les créances en souffrances des ménages ont augmenté de 6,5% en 12 mois à 41,8 MMDH, alors que celles des entreprises non financières ont affiché une hausse de 6,9%, à près de 70 MMDH, soit un taux de risque de 11,4%. "Leur répartition sectorielle montre une augmentation de 3,1% dans le secteur primaire, représentant respectivement 21,7% et 8,9% des crédits octroyés aux secteurs de la pêche et de l’agriculture", indique le rapport. Dans le secteur du BTP, une hausse de 14,1% des créances en souffrance a été observée.
Malgré ce rebond, le niveau de provision des banques permet de garantir un taux de couverture. "Le montant des provisions spécifiques a atteint près de 64 MMDH, enregistrant une augmentation de 5,3%, contre 5,8% en 2022, stabilisant le taux de couverture autour de 68%", explique le rapport.
En plus des provisions règlementaires, les banques ont augmenté de 681 MDH leurs provisions générales pour atteindre 13,9 MMDH. "Ces provisions servent, en sus des fonds propres prudentiels, de matelas pour couvrir les risques non avérés liés aux secteurs sensibles aux fluctuations économiques", précise BAM.
Les activités de marché ont dopé les résultats
Dans son rapport, la Banque centrale souligne que les banques ont nettement amélioré leurs profits en 2023, avec une progression du résultat net du secteur de 20,4%. Cette hausse notable est principalement conduite par l’amélioration très forte des opérations de marché de 158%, dans un contexte de hausse des taux monétaires et obligataires.
Les revenus des banques ont affiché une hausse de 16,5% à 58,4 MMDH. Cette progression des revenus est tirée notamment par "une hausse de 6,8% de la marge sur commissions, d’un rebond du résultat des opérations de marché et, dans une moindre mesure, d’une hausse de 3,5% de la marge d’intérêt", précise le rapport.
La marge d’intérêt continue de peser de façon prépondérante (72%) dans le PNB des banques. "La part de la marge sur commissions est restée stable autour de 15% en 2023, tandis que le résultat des opérations de marché a retrouvé son niveau des années 2016-2021, s’établissant à 18%", précise le rapport.
Le coefficient moyen d’exploitation des banques en 2023 s’établit ainsi à 46,6%, comparé à 52,9% en 2022. Le coût du risque a progressé de son côté de 22,7% à 16,4 MMDH.
"La rentabilité des banques s’est améliorée avec un ratio de rentabilité des fonds propres (ROE) à 8%, contre 6,9% l’année précédente", conclut le rapport.
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