Voici les facteurs qui laissent présager un maintien du taux directeur au prochain conseil de Bank Al-Maghrib

| Le 21/6/2024 à 16:29
Alors que l'inflation au Maroc retourne progressivement à ses niveaux historiques et que la Banque centrale européenne a d'ores et déjà entamé la baisse de son taux directeur, plusieurs facteurs plaident en faveur du statu quo. Le pivot monétaire est attendu d'ici la fin de l'année, en fonction de l'évolution de l'inflation.

Le monde économique scrute la date du 25 juin à laquelle se prononcera le deuxième conseil annuel de Bank Al-Maghrib qui déterminera l’évolution du taux directeur, actuellement à 3%. Une large majorité d’investisseurs anticipent un statu quo.

À l’heure où la FED a décidé de maintenir inchangé son taux directeur jusqu’à la fin de l’année 2024, où l’inflation au Maroc revient progressivement à des niveaux historiques et où la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de l’abaisser de 25 points de base (pbs), plusieurs facteurs laissent présager un maintien du taux directeur à son niveau actuel.

La baisse des taux à l’international n’est pas unanime

Concernant l’orientation du taux directeur, la FED et la BCE donnent le ton à l’international. Récemment, les deux instances ont pris des décisions différentes. Le pivot monétaire n’est donc pas partagé à l’unanimité. Une raison pour Bank Al-Maghrib de privilégier l'attentisme et la raison.

"La Banque centrale marocaine n’est pas une institution très réactive par essence. Avant de prendre une décision de hausse ou de baisse du taux directeur, Bank Al-Maghrib est attentiste et rationnelle. Il n’y a pas de prise de décision à chaud", explique une source de la place.

Il faut aussi prendre en compte que la BCE a décidé de baisser son taux directeur car elle s’était engagée, en début d’année, à le faire en juin 2024 auprès des marchés financiers. "Il en allait de sa crédibilité de tenir sa parole. Cette baisse demeure cependant controversée du fait de l’inflation qui demeure assez volatile dans la zone euro, comme aux Etats-Unis d’ailleurs", souligne notre source.

Il convient également de noter que la BCE a temporisé ses ambitions pour de nouvelles baisses à venir. "La FED, quant à elle, a exclu d'éventuelles baisses d’ici la fin de l’année ; donc on observe, à l’international, que les décisions de baisse ne sont pas des décisions unanimes, claires, et facilement justifiées par le contexte macroéconomique inflationniste", précise notre interlocuteur.

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte avant d’entamer le pivot monétaire

À l’échelle locale, les conditions sont globalement réunies pour un pivot monétaire, mais la prudence reste de mise. "Aujourd’hui la baisse de l’inflation au Maroc est perceptible et elle est entérinée depuis mars 2023, donc il y a une tendance déflationniste, mais il faut que cela se stabilise. Il y a de nouveaux paramètres à prendre en compte qui plus est", explique notre interlocuteur.

En effet, l’État a récemment démarré la décompensation partielle de la bouteille de gaz, dont le prix est passé de 40 dirhams à 50 dirhams. "Les impacts de cette décompensation partielle ne sont pas encore visibles sur l’inflation. Il faudrait voir sur les chiffres des mois de juin et juillet si un impact est perceptible, et s’il est important ou modéré".

De fait, un certain attentisme serait compréhensible de la part de la Banque centrale qui doit prendre le temps d’analyser ces impacts et les évolutions des décisions des grandes banques centrales. C’est d’ailleurs le comportement qui a été observé lors du resserrement monétaire opéré en 2022. Alors que la BCE et la FED avaient augmenté leurs taux directeurs rapidement après le début de la guerre en Ukraine, Bank Al-Maghrib avait procédé à une première hausse, plusieurs mois plus tard. "On ne voit pas des réactions dans la foulée de ce qui est décidé par les grandes banques centrales, il y a un temps d’observation qui est pris. Le pivot monétaire va venir, nous en sommes convaincus, mais probablement en septembre ou décembre 2024, en fonction de l’évolution de l’inflation locale et des décisions des grandes banques centrales", explique notre source.

Au-delà de ces facteurs, il faut noter que le monde est géopolitiquement dans une phase d’incertitude et de tension. Ce climat crispé pousse davantage à la prudence.

"Il y a plusieurs facteurs à l’international qui font que l’attentisme est également de mise. Notamment les tensions politiques en Europe que les investisseurs locaux n’ont peut-être pas encore pricées", ajoute notre interlocuteur.

En effet, une certaine peur se manifeste avec des réactions de marché, notamment sur le Forex avec un dollar qui a fortement augmenté compte tenu de la baisse de l’euro à l’international. "Il y a des mouvements de change assez erratiques qui devraient pousser la Banque centrale à adopter un comportement plus attentiste. La montée des partis d’extrême droite au Parlement européen ne devrait pas être sans conséquence pour la devise européenne. C’est un autre facteur de vigilance. Depuis le début de l’année, le dirham se stabilise, certes, mais ne sommes pas à l’abri de mouvements qui pourraient induire des pressions inflationnistes au niveau local", conclut notre source.

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