Eau virtuelle, eau agricole : à la Fondation Links, Mohammed Sadiki démonte les idées reçues

Périmètres irrigués, goutte-à-goutte, eau exportée… À l’occasion d’une conférence organisée le vendredi 14 juin par la Fondation Links, le ministre de l’Agriculture a fait le point sur l’eau agricole et ses différents usages, tout en clarifiant la notion d’eau exportée ou importée.

Eau virtuelle, eau agricole : à la Fondation Links, Mohammed Sadiki démonte les idées reçues

Le 19 juin 2024 à 17h45

Modifié 20 juin 2024 à 7h43

Périmètres irrigués, goutte-à-goutte, eau exportée… À l’occasion d’une conférence organisée le vendredi 14 juin par la Fondation Links, le ministre de l’Agriculture a fait le point sur l’eau agricole et ses différents usages, tout en clarifiant la notion d’eau exportée ou importée.

Tributaire des précipitations, le secteur agricole au Maroc est fortement impacté par les récents épisodes successifs de sécheresse. En conséquence, les ressources en eau allouées à l’agriculture sont en constante diminution. Seulement 800 millions de mètres cubes (Mm3) ont été dédiés au secteur agricole pour la saison 2023-2024, bien loin des 5,3 milliards de mètres cubes (MMm3) annuels prévus dans les documents de planification de l'eau.

Les ressources en eau allouées aux périmètres irrigués sont principalement dédiées aux cultures céréalières et aux arbres fruitiers. Pour une meilleure compréhension de la situation, il est important de souligner les spécificités du secteur agricole national.

Le Maroc compte 9 millions d'hectares réservés à l'agriculture. "À ne pas confondre avec le domaine forestier qui s’étend également sur 9 millions d'ha," a précisé Mohammed Sadiki lors d’une conférence organisée le vendredi 14 juin par la Fondation Links.

Sur ces 9 millions d'ha, 1,7 million sont des terres en jachère, non cultivées (parcours, terres incultes). Les 7,3 millions d’ha restants sont répartis entre l’agriculture pluviale (5,5 millions d’ha) et l’agriculture irriguée (1,8 million d’ha).

En une année de pluviométrie moyenne, l’assolement de cette superficie agricole utile comprend des céréales à hauteur de 4,3 millions d’ha et des cultures fruitières (1,7 million d’ha). Pour la campagne 2023-2024, la superficie semée en céréales d'automne est d'environ 2,47 millions d’ha, en baisse de 33% par rapport aux 3,67 millions d’ha en 2022-2023.

Le goutte-à-goutte économise 2,5 MMm3 par an

Si l'on se concentre sur les 1,8 million d'ha de superficies irriguées, "elles sont principalement occupées par les plantations fruitières sur 800.000 ha, notamment l’olivier, ainsi que par 315.000 ha dédiés aux cultures céréalières", a indiqué le ministre de l’Agriculture.

Dans ce cadre, l’une des techniques d’irrigation les plus efficientes est le goutte-à-goutte. Actuellement, 824.000 ha sont équipés de cette méthode. "À l’avenir, notre objectif est de permettre l'irrigation d’une terre agricole uniquement si elle est équipée de goutte-à-goutte", a souligné Mohamed Sadiki. 

Et pour cause, le système d'irrigation goutte-à-goutte est économe en eau, tout en assurant une meilleure productivité. "Il permet d'économiser au Maroc 2,5 MMm3 par an, ce qui équivaut à la capacité de stockage d'un très grand barrage. Ces ressources permettent aux agriculteurs d'augmenter leur production, comme c’est le cas pour la tomate dans le Souss".

De surcroît, "le rendement des cultures a augmenté de 70%. La valeur ajoutée en dirhams a connu une hausse de 300%. La productivité de l’eau (DH/m3) a également augmenté de 70%", a ajouté le ministre.

L'olivier se taille la part du lion

En ces temps de pénurie hydrique, il est essentiel de déterminer la quantité d’eau nécessaire pour irriguer chaque culture. "Mais pas en termes de consommation en mètres cubes par hectare. Il faut plutôt raisonner en prenant en compte la superficie totale de ces cultures. Par exemple, le palmier dattier (60.000 ha), l’avocat (7.500 ha), les fruits rouges (11.500 ha) et la pastèque (15.200 ha) consomment beaucoup d’eau à l’hectare, mais leurs superficies ne sont pas très étendues”, a souligné Mohammed Sadiki.

En ce qui concerne la répartition des ressources en eau pour les grandes cultures irriguées, il apparaît que 20% (160 Mm3) des 800 Mm3 disponibles sont alloués à l’olivier, "en raison de notre vaste superficie de 1,3 million d’ha plantés en oliviers", explique Mohammed Sadiki. S’agissant des principaux fruits, comme les agrumes et les rosacées, ils consomment 15% (120 Mm3).

Pour ce qui est des céréales, en particulier la production de semences, la part des ressources en eau utilisées s’établit à 8% (64 Mm3). Dans le cas de la production des principaux légumes exportés, mais aussi vendus sur le marché national (tomates, oignons…), elle nécessite 7% (56 Mm3) des ressources en eau.

Pour en revenir au palmier dattier (15.000 m3/ha), à l’avocat (4.500 m3/ha), aux fruits rouges et à la pastèque, il s’avère que toutes ces cultures ne consomment que 3% (24 Mm3) de l’eau allouée aux périmètres irrigués. Mohammed Sadiki a également précisé que les fruits rouges et l’avocat sont principalement cultivés dans le Gharb et dans le Loukkos, grâce à l’eau qui normalement se serait déversée dans l’océan.

Pour conclure, le ministre de l’Agriculture a fait le point sur la notion d’eau virtuelle, sujet qui suscite des débats au sein de l'opinion publique. Selon une étude inédite réalisée par des chercheurs marocains, une estimation complète de l’exportation et de l’importation d’eau virtuelle pour 40 cultures, sur la période de 2000 à 2017, a été réalisée.

Les résultats indiquent que le Maroc a été un importateur net d’eau virtuelle au cours de cette période. Autrement dit, le bilan de l’eau virtuelle est positif, en faveur du Royaume. "Tout ce que nous exportons représente 5,2% de nos ressources en eau. Cette proportion monte à 15% pour le marché national”, a conclu Mohammed Sadiki.

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