Mohamed Dkhissi : Tout savoir sur le fonctionnement de la BNPJ et d’Interpol Maroc

ENTRETIEN EXCLUSIF. La multiplication récente de saisies de drogues et d’arrestations de criminels étrangers chevronnés au Maroc est à mettre au crédit des éléments de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) et du bureau local de l’organisation internationale de la police criminelle (Interpol). L’occasion d’interroger le Directeur Central de la Police Judiciaire, et chef d’Interpol à Rabat, Mohamed Dkhissi qui révèle à Médias24 les dessous et les arcanes du travail de ses équipes.

Mohamed Dkhissi : Tout savoir sur le fonctionnement de la BNPJ et d’Interpol Maroc

Le 2 juin 2024 à 16h22

Modifié 3 juin 2024 à 10h41

ENTRETIEN EXCLUSIF. La multiplication récente de saisies de drogues et d’arrestations de criminels étrangers chevronnés au Maroc est à mettre au crédit des éléments de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) et du bureau local de l’organisation internationale de la police criminelle (Interpol). L’occasion d’interroger le Directeur Central de la Police Judiciaire, et chef d’Interpol à Rabat, Mohamed Dkhissi qui révèle à Médias24 les dessous et les arcanes du travail de ses équipes.

  • De 96% actuellement, nous comptons atteindre un taux de résolution criminelle de 98% d'ici 2026.
  • Les délais de traitement des dossiers ne dépassent plus trois mois.
  • Les drogues comme la captagon et la fentanyl qui terrorisent les services occidentaux n'ont pas atteint le Maroc.
  • La cybercriminalité est une menace croissante qui mobilise nos services 7 jours sur 7.
  • Le Maroc postulera pour le poste de la vice-présidence africaine d'Interpol, lors de la prochaine session de l'Assemblée générale d'Interpol qui se tiendra en 2024 à Glasgow en Ecosse.
  • Malgré la rupture des relations diplomatiques, nous avons remis à l’Algérie 14 de ses ressortissants recherchés.

Chaleureux, le préfet de Police Mohamed Dkhissi a accueilli deux journalistes de notre rédaction pour revenir sur le travail de ses équipes qui n’arrêtent pas de faire la Une de la presse marocaine et des journaux étrangers. L’entretien s’est déroulé au siège historique de la DGSN à Rabat.

Humble et loin de vouloir s’adjuger les succès de ses services, le Directeur Central de la Police Judiciaire, chef d’Interpol et du Bureau de Liaison Arabe à Rabat, estime que sans la collaboration des différents départements sécuritaires du Royaume, le Maroc n’occuperait pas la place privilégiée qui est la sienne au sein de la sphère mondiale des instances de sécurité.

"Depuis 2015, la DGSN a subi une transformation de fond en comble"

Médias24 : Comment peut-on expliquer la transformation récente de la DGSN qui a désormais un nouveau visage, communique, organise des portes ouvertes, a un bilan d'efficacité et une image nouvelle très positive auprès de l’opinion ?

Mohamed Dkhissi : Tout d’abord, l’accession au Trône en 1999 de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a engendré une nouvelle vision stratégique dans tous les domaines, y compris celui de la sécurité qui a connu des transformations majeures.

Depuis la nomination du Directeur Général de la Sûreté Nationale (DGSN) et de la Surveillance du Territoire (DGST) en 2015 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, il y a eu un indéniable changement radical dans les structures sécuritaires.

A ce titre, la DGSN n’a pas lésiné sur les moyens pour renforcer les capacités opérationnelles et logistiques de ses services centraux et déconcentrés, que ce soit en infrastructures ou en moyens humains et  matériels.

Les réalisations ont été à la hauteur des ambitions  de modernisation affichées : bâtiments de police offrant les meilleurs conditions d’accueil aux citoyens ; projets structurants colossaux en matière de systèmes d’information, de télécommunications et d’identification; dotations en moyens matériels importants, etc.

De même, la DGSN s’est attachée à renforcer ses capacités de manière à doter les services enquêteurs des procédés les plus avancés en matière de preuve technique et scientifique afin de renforcer les enquêtes pénales.

C’est le cas du Laboratoire national de la police scientifique et technique adossé à l’Institut des Sciences Forensiques de la Sûreté Nationale, qui pour la première fois de l’histoire de l’administration publique marocaine a obtenu, pour la sixième année consécutive, le certificat international de qualité ISO17025.

Concernant les enquêtes de la police judiciaire (PJ) qui nécessitent justement le concours de la police scientifique et technique, l’accent est désormais mis sur les technologies de dernière génération, comme celles présentées aux Portes Ouvertes de la DGSN en 2024 qui portaient sur l’ADN que l’on peut retrouver sur des armes ou des explosifs.

Pour répondre à votre question, il est évident qu’il y a un changement radical avec la mise en place d’une stratégie précise à court, moyen et long termes qui a obtenu des résultats très importants.

En effet, la DGSN a mis en place, au titre de la période 2022-2026, une stratégie de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, axée sur 21 objectifs stratégiques et basée sur une approche intégrée et multidisciplinaire.

Une stratégie qui implique toutes les composantes de la sûreté nationale en vue de répondre de façon coordonnée et efficace aux défis et mieux prévenir et réprimer toutes les typologies de la criminalité.

Elle s’appuie également, sur une série de mesures d’accompagnement et de principes directeurs, axée sur l’adoption d’une approche anticipative, visant l’éradication en amont des phénomènes de la criminalité et de délinquance, le rehaussement de la qualité des enquêtes de police judiciaire.

Tout cela a été rendu possible grâce au renforcement des moyens d’appui technique et scientifique aux enquêtes, mais aussi du potentiel humain, matériel et logistique de la police judiciaire et à la mise en place de programmes de renforcement de capacités adaptés aux objectifs visés.

De 96% actuellement, nous comptons atteindre un taux de résolution criminelle de 98% d'ici 2026

Pour vous donner un exemple concret, dans le cadre de la lutte contre la criminalité, nous avons atteint un taux de résolution cette année de 96% et notre objectif d’ici 2026 est de parvenir à un taux de 98%.

C'est une preuve du succès des services de sécurité car quand on parle d’un taux de résolution de 96%, cela concerne aussi des cas de citoyens dont les plaintes avaient été classées.

Les délais de traitement des dossiers ne dépassent plus trois mois

De plus, grâce au renforcement de la coordination avec les parquets compétents et sur la base des discussions que nous avons eues avec la Présidence du Ministère Public, les délais de traitement judiciaire se sont beaucoup raccourcis.

Ainsi, actuellement, les derniers dossiers que nous avons traités n'ont pas dépassé trois mois.

Nous avons également renforcé la formation dans le domaine des droits de l'Homme et des libertés qui sont une constante des discours royaux, de la constitution et des conventions internationales pertinentes ratifiées par le Royaume.

Le nouveau concept de l’autorité se concentre en effet sur la garantie des droits et des libertés collectives et individuelles et la redéfinition de manière radicale de l’action des services de sécurité, en mettant le service du citoyen au cœur de ses objectifs.

En tant qu’agence d’application de la loi, nous appliquons la Constitution, des conventions Internationales pertinente, de la législation et réglementation en vigueur, les Directives de Sa Majesté le Roi, que Dieu le Glorifie et les dispositions de la les orientations  du Directeur Général de la Sûreté Nationale pour assurer les missions régaliennes de la DGSN visant le maintien de l’ordre et la protection des citoyens et de leurs biens.

Les bons résultats engendrés sont le fruit de la coordination étroite entre la DGSN et la DGST, basée sur la prévention des risques sécuritaires avec un travail proactif de collecte de renseignements qui nous permet d’être dans l’anticipation et pas dans la réaction.

La collaboration permanente avec la DGST a renforcé notre efficacité

- La collaboration avec les éléments de la DGST est permanente ?

- Absolument, la coordination entre les deux directions de la sûreté nationale et de la surveillance du territoire se fait 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Cette collaboration se fait au niveau horizontal, vertical, local et régional, car en réalité son objectif est de coordonner les informations stratégiques, tactiques et opérationnelles.

Cela a renforcé l’efficacité de nos services, car dans le passé, l'administration de la Direction Générale de la Sûreté Nationale devait écrire à celle de la surveillance du territoire, attendre une réponse, et vice versa.

Aujourd’hui, il y a une communication directe entre les responsables. Dès que cela est nécessaire, nous nous réunissons tous les jours s’il le faut et il n'y a aucune différence entre nous.

Chacun fait son travail dans un esprit de respect mutuel des institutions et ses services spécialisés.

Le but étant de privilégier l'intérêt supérieur du pays et les résultats qui doivent être atteints.

"La BNPJ compte 5 offices à compétence territoriale"

- Combien de personnes compte la police judiciaire ?

- (Sourire) nous avons largement ce qu'il faut.

Au niveau central, la Direction de la Police Judiciaire est chargée du suivi, du contrôle et de l’encadrement des actions des différents services déconcentrés de la police judiciaire dans le domaine de la répression et la lutte contre la criminalité, ainsi que la coordination des efforts nationaux et internationaux pour faire face à la criminalité transnationale.

Sur le plan opérationnel, la Brigade nationale de la Police Judiciaire, qui a une compétence nationale, se compose de 5 offices nationaux chargés de lutte le terrorisme, la criminalité économique et financière, la migration irrégulière, le trafic illicite de stupéfiants, et le renseignement criminel.

Au niveau déconcentré, les services de police judiciaire sont implantés, au niveau de chaque préfecture de police, sûreté régionale, sûreté provinciale, District et Commissariat de circonscription.

- Sur le modèle français du fameux 36 quai des Orfèvres qui rassemblait au même endroit les brigades criminelle, financière, des stupéfiants, du proxénétisme, de répression du banditisme …

- Absolument pas, les structures de police judiciaire sont adaptées aux besoins et au contexte national.

En effet tous les services déconcentrés de police judiciaire, que  je viens de citer, sont dotés de brigades spécialisées telles que les brigades criminelles, les brigades antigangs, les brigades de renseignement criminel et d’appui technique aux enquêtes, les brigades de cybercriminalité, les brigades économiques et financières, les brigades des mineurs, les brigades de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, les brigades de lutte contre la migration irrégulière, les brigades des mœurs, etc.

Les offices nationaux qui relèvent de la BNPJ, dont dotés d'experts qui traitent des dossiers majeurs et complexes.

Même s'ils ont leur siège dans une ville comme Casablanca, ils ont une compétence nationale et peuvent exercer à Saïdia, Figuig, Zagora, Smara … et sur tout le territoire du Royaume du Maroc.

Les différentes procédures pour résoudre une affaire criminelle

- Comment démarre une affaire ?

- Le traitement des affaires se déroule, selon les cas, dans le strict respect des dispositions du code de procédure pénale marocain.

Dans le cadre des enquêtes préliminaires, déclenchées par les parquets compétents, les OPJ appliquent les instructions du ministère public.

S’agissant du flagrant délit, c’est l’OPJ qui déclenche l’affaire partant de ses missions de constatation des infractions, d’en recueillir les preuves et d’arrêter les auteurs, sous la supervision du parquet compétent dans tout le processus.

En ce qui concerne l’instruction préparatoire (ordonnée par les juges d’instruction), les OPJ  n’interviennent que pour exécuter les commissions rogatoires.

Pour les autres cas, lorsque nos services disposent d'informations précises, ils démarrent une enquête en informant par écrit le parquet qui est compétent territorialement et qualitativement.

En effet, toute action que nous entreprenons doit être effectuée avec la supervision du ministère public, même dans le cas où elle est initiée par nos services ou par le biais d’un dépôt de plainte.

En tant qu'officiers de police judiciaire, nous ne pouvons mener aucune enquête ou perquisition à moins d’avoir un ordre du procureur ou du substitut du procureur compétent.

- Et dans le cas où une personne vous révèle des faits illégaux ?

- Nous prenons nos précautions car s’il y a tentative de diffamation ou de dénonciation calomnieuse, une plainte est déposée contre lui.

Mais si les faits sont avérés, nous préservons l’identité de la personne qui nous a informés.

S'il ne veut pas révéler son nom, il en a le droit car la loi prévoit de protéger son anonymat.

"L'infiltration criminelle est une technique utile mais pas nécessaire"

- Est-ce que la loi permettant à vos services d'infiltrer un réseau criminel a été adoptée ?

- Le parlement n'a pas encore adopté la loi mais cela sera probablement bientôt le cas.

- Cela devrait faciliter votre travail ?

- Ce n'est pas essentiel et nécessaire car nous avons en effet d’autres moyens tout aussi efficaces grâce à la compétence de nos officiers et agents mais aussi grâce à l’importance de nos moyens techniques.

Sachant que plusieurs cellules terroristes et des gangs ont été démantelés sans aucune infiltration, il existe de nombreuses façons de travailler et d’arriver à nos objectifs en termes d’arrestations.

- Les Marocains sont vos précieux alliés car ils collaborent beaucoup plus que dans d’autres pays ?

- C’est vrai et cela s’explique par le fait que nos concitoyens respectent et aiment leurs institutions.

Je me dois de préciser que cette particularité n’existe dans aucun autre pays.

Cela s’explique certainement par notre religion, nos traditions et la morale qu’on nous a inculquée dès notre enfance.

Lorsqu'un Marocain note quelque chose qui nuit à son pays, il ne reste pas silencieux car malgré notre tolérance, on ne touche pas à la patrie et aux institutions qui sont aussi sacrées que la religion.

Notre stratégie de lutte contre la trafic de stupéfiants explique la multiplication des saisies actuelles

- Comment expliquer la multiplication des saisies de drogues depuis le début de 2024 ?

- Le Maroc a adopté, depuis plusieurs années, une stratégie globale et pluridimensionnelle de lutte contre le trafic illicite de drogues et des substances psychotropes, articulée autour de trois axes fondamentaux, à savoir; la réduction de l'offre, la réduction de la demande et  le renforcement de la coopération internationale.

Depuis plusieurs années, l'usage et le trafic illicites des substances psychotropes  constituent l'une des menaces les plus pernicieuses auxquelles sont confrontés les services de la Sûreté nationale.

En effet, à partir du moment où ces substances qui ont des incidences sur le système nerveux central, sont disponibles et écoulées sur les marchés illicites, puis consommées fréquemment et de manière anarchique, un problème d'une grande ampleur se pose pour atteindre, même, une tournure particulièrement alarmante, en prenant notamment l'allure d'un fléau qui engendre des répercussions complexes et très néfastes sur les plans sanitaire, social et sécuritaire.

Les efforts déployés par les services de police durant la période allant du 01er janvier 2015 au 01.06.2024, dans le cadre de la prévention et la lutte contre le trafic illicite des comprimés psychotropes, ont été couronnés par des saisies records de 11.637.104 unités de comprimés psychotropes, dont des millions de comprimés de captagon

Ce genre d’opérations sont menées quotidiennement au niveau des différents commandements relevant de la Sûreté National.

La BNPJ n’intervient que sur les grosses affaires avec des réseaux qui ont des ramifications internationales et qui nécessitent une coopération internationale.

Cette collaboration peut être bilatérale, multilatérale ou par l'intermédiaire de l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol) dont je dirige le bureau central national marocain.

"Les drogues comme le captagon et le fentanyl qui terrorisent les services occidentaux n'ont pas atteint le Maroc"

- Vous avez parlé de saisie d’amphétamine nommée captagon, une drogue qui dope les combattants de Daesh, c’est une première au Maroc ?

- En effet, cette opération qui était une grande première a permis de saisir plus de 2 millions de comprimés de cette drogue.

- Le captagon était destiné au marché marocain ?

-Non, il ne faisait que transiter.

- Pour quel pays ?

- Un pays du Sahel.

- Qu’en est-il de la drogue fentanyl qui fait des ravages aux USA et qui terrorise les pays européens au regard de ses effets 100 fois plus destructeurs que l'héroïne ?

- Nous avons saisi tous les types de drogues mais heureusement pas de fentanyl.

L’héroïne est rare au Maroc mais nos saisies portent surtout sur l’ecstasy et les psychotropes qui viennent d’autres pays.

- Les psychotropes viennent de notre voisin de l’est ?

- Certains viennent d’Europe et d’autres en effet du côté oriental.

- Dans la ville frontalière algérienne de Maghnia, il y a une usine de médicaments dont des psychotropes qui seraient exportés illégalement vers le Maroc ?

- Je préfère ne pas répondre, vous m’avez demandé quels types de drogues et je vous ai répondu.

Ainsi, nous avons saisi de grandes quantités de cocaïne au Maroc que les narcos sud-américains veulent utiliser comme un point de transit.

Quant aux comprimés hallucinogènes, nous avons également saisi des quantités très importantes qui proviennent de pays européens bien connus qu'il n'est pas nécessaire de mentionner.

- Certains pensent que la BNPJ est le FBI marocain ?

- Nous sommes avant toute chose une institution nationale qui est dotée d’experts de très haut niveau qui coopèrent chaque jour avec leurs homologues internationaux.

Dans le cadre de cette coopération, nos fonctionnaires sont  reconnus pour leur compétence, leur professionnalisme et leur honnêteté.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Maroc et la Direction Générale de la Sûreté Nationale ont une réputation mondiale car leurs informations sont toujours exactes et sa coopération de haute qualité.

- Combien d’équipes régionales compte la BNPJ ?

- Nous avons 04 Brigades Régionales de Police Judiciaire, spécialisées dans la criminalité économiques et financières, implantés au niveau de Casablanca, Rabat, Fès et Marrakech

- D’autres vont être créées ?

- Bien sûr. Mais pour cela, il faudra d’abord former des gens sur place puis construire des tribunaux financiers pour pouvoir par exemple juger les détournements de fonds publics, les affaires de contrebande…

 

"La féminisation croissante de la BNPJ s'explique par leurs grandes compétences qui n'ont rien à envier à celles des hommes"

- Comment la BNPJ qui est une brigade d’élite recrute ses officiers ?

- Par un concours ouvert à tous et qui dépend des niveaux de recrutement souhaité à savoir pour le grade de gardien de paix, d’inspecteur de police, d’officier de police, de commissaire de police ou de commissaire de police principal.

C’est la Direction générale de la sûreté nationale qui est chargée du recrutement.

- Le recrutement se fait en fonction du profil du candidat ?

- En effet, nous faisons en sorte de prendre les meilleurs candidats avant de les former en fonction du secteur retenu.

Ceux qui rejoindront le renseignement criminel suivront une formation spécialisée en matière de renseignement criminel.

Idem pour ceux qui seront affectés aux crimes financiers et ceux qui s'engageront dans la lutte contre le terrorisme.

- Les femmes représentent combien de votre effectif ?

- A la Direction de la Police Judiciaire (PJ) , nous avons de nombreuses femmes à la tête de départements importants comme celle qui dirige le Laboratoire national de la police scientifique et technique.

- Vous comptez augmenter leur nombre ?

- La réponse est bien évidemment positive car en matière de sécurité, le travail des femmes n'est pas destiné à meubler ou à donner une image de parité ou de quotas.

Ces femmes méritent leur travail grâce à leurs compétences et à rien d’autre.

- Aussi bien sur le terrain que dans l’administration ?

-Bien évidemment. Nous avons des femmes expertes en droits de l’Homme, des spécialistes de l’ADN, de la lutte contre la grande criminalité, de la cybercriminalité…qui sont sollicitées à l’étranger pour donner des conférences et séminaires aux niveaux africain, régional et international.

"La lutte contre la cybercriminalité est une menace croissante qui mobilise nos services 7 jours sur 7"

- Comment évolue votre travail, y-a-t-il des changements au niveau des méthodes du crime organisé ?

- Avec le développement des technologies de la communication et notamment d’internet, la cybercriminalité est en plein développement.

C'est la raison pour laquelle nous avons 35 équipes régionales pour lutter contre ce phénomène croissant de la cybercriminalité

Nous avons d'ailleurs créé un département spécial au niveau central, qui est encore une fois dirigé par une femme avec un suivi permanent 24 heures sur 24.

- Un exemple de cybercriminalité qui se développe au Maroc ?

- Actuellement, le plus courant concerne les tentatives d’extorsion par le chantage pour des fins de diffamation.

- Qu’en est-il des tentatives de phishing (hameçonnage) pour détourner le contenu d'un compte bancaire ?

- Elles sont très peu nombreuses car toutes les opérations que nous avons traitées ont abouti à l’interpellation des personnes impliquées comme il y a quelques temps à Fès.

- Vos équipes de lutte contre la cybercriminalité travaillent comment ?

- Les brigades de cybercriminalité font de la veille 24h/24 et 7/7.

"Jeux olympiques à Paris ou mondial de 2030 au Maroc, nos équipes sont prêtes"

- Est-ce que la BNPJ a des officiers de liaison détachés à l’étranger ?

- Au niveau international, il existe une coopération qui peut être bilatérale grâce à un lien constant de communication qui passe par les canaux de coopération officiel, dont les officiers de liaison.

Pour ce qui est de la coopération multilatérale, elle passe par des organisations internationales comme l'Organisation internationale de police criminelle « Interpol » via le Bureau Central National à Rabat.

Idem pour le Conseil des ministres arabes de l'Intérieur qui dispose des Bureaux de Liaison Arabes.

La BNPJ fait un excellent travail au niveau national mais ses enquêteurs n'ont aucune relation avec les officiers de liaison sauf en cas de ramifications des crimes qui se situent au niveau international.

A ce titre, les OPJ traitent ces affaires dans le stricte cadre des dispositions pertinentes du code de procédure pénale et des conventions internationales pertinentes (commissions rogatoires, livraisons surveillées, etc.)

- Les policiers marocains vont-ils aider les français aux J.O. ?

- C'est exact. Dans le cadre de l'accord de coopération sécuritaire qui nous lie avec les autorités françaises, nous allons procéder à un échange d'informations et d’expertises pour prévenir les éventuelles menaces durant les J.O.

Ainsi, en mars dernier, la BNPJ et le bureau central d'Interpol à Rabat ont interpelé à Casablanca avec le concours de leurs collègues français, le chef du clan mafieux Yoda (Félix Bingui) et un de ses lieutenants.

La BNPJ a d’ailleurs reçu une lettre de félicitations du ministre français de l'Intérieur.

La PJ a aussi arrêté 3 membres d’un gang criminel d'origine algérienne et malgré la rupture des relations diplomatiques, nous avons remis à l’Algérie 14 de leurs ressortissants à la frontière.

Ces personnes étaient sous le coup de mandats d’arrêt internationaux émis par Interpol.

- Qu’est-ce qui a été convenu en termes de collaboration sécuritaire sur le terrain avec la France ?

- Je ne suis pas habilité à répondre à cette question.

- Et pour le Mondial de football qui sera coorganisé par le Maroc en 2030 ?

- Tout ce que je peux vous dire est que ce n'est pas la première fois qu'un événement majeur soit organisé dans notre pays qui a une grande expérience de toutes les grandes manifestations comme par exemple le Championnat du monde des clubs de la FIFA qui avait eu lieu en 2014 et 2023.

D’ici 2030, toutes les mesures de sécurité seront mises en place avant, pendant et après car notre institution sécuritaire possède l’expérience requise en termes de gestion des foules pour organiser cette grand-messe du football.

"L'efficacité de notre bureau d'Interpol est reconnue à l'échelle mondiale"

- Passons à vos fonctions de DG d’Interpol Maroc, est-il encore possible de rentrer au Maroc avec des faux papiers ?

- C’est de plus en plus difficile car même ceux qui présentent un vrai faux passeport sont démasqués.

- Pourquoi les appareils de reconnaissance biométrique dont sont équipés tous les aéroports marocains ne sont pas systématiquement utilisés ?

- (Sourire) vous ne remarquez peut-être pas l'œil de la caméra qui permet de vérifier l’identité de chaque voyageur mais elle vous voit et s’il y a un problème, l’agent sera immédiatement avisé.

- Les arrestations d’Interpol se font aux frontières ou sur le territoire national ?

- De 2016 à aujourd’hui, nous avons interpellé 370 cas recherchés avec une notice rouge d’Interpol.

Certains ont été arrêtés au niveau de la frontière et les autres après leur entrée au Maroc.

- Pourquoi après leur entrée ?

- Parce que les autorités étrangères ne connaissaient pas encore la nouvelle identité du fugitif au moment où il est entré.

Ce n’est qu’après avoir actualisé leurs informations sur son état-civil et envoyé une notice rouge que nos systèmes nous ont signalé que cet individu est entré au Maroc et qu’il doit être arrêté.

- Quel est le profil-type des criminels recherchés par Interpol ?

- Tous sont impliqués dans des affaires criminelles ou délictuelles majeures.

- Des mafieux ?

- Parfois comme les deux ressortissants français arrêtés en mars dernier. L’un deux était le chef d’un réseau criminel opérant à Marseille dans le trafic international de stupéfiants.

- Quid des Marocains réfugiés dans d’autres pays qui sont recherchés par le Maroc ?

- De 2016 à aujourd’hui, 445 auteurs de crimes ou de délits majeurs dans leur pays qui s’étaient échappés à l’étranger ont été extradés grâce aux accords d’extraditions.

- Et ceux qui commettent des crimes à l’étranger et viennent se cacher au Maroc ?

- Si cette personne est marocaine et sous le coup d’une notice rouge, elle sera jugée au Maroc, conformément à la législation en vigueur et au principe de la double incrimination, car notre pays n’extrade pas ses ressortissants.

- L’assemblée générale d’Interpol se tiendra bientôt au Maroc...

- En 2023, nous avons soumis notre candidature pour l’accueillir et il a été convenu à l'unanimité que la conférence se tiendrait entre septembre et décembre 2025 dans la ville de Marrakech.

- Sur les 196 pays que compte Interpol, quelle place occupe notre pays ?

- Pour connaître le niveau qualitatif du bureau d'Interpol Maroc au niveau international, je vais vous donner un exemple édifiant qui montre la qualité de ses services.

De 2016 à aujourd'hui, nous avons participé à 24 grandes opérations stratégiques au Maroc avec la participation des autres membres.

Interpol Maroc a aussi organisé 30 conférences internationales et régionales ainsi que le troisième congrès sur la sécurité et les menaces chimiques qui s’est tenu à Marrakech sans compter celui de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient) qui a accueilli plusieurs pays tiers comme Djibouti ou les Comores.

Que ce soit en termes d'échange d'informations, d'expériences, d'organisation de conférences, ou alors de participation active à des opérations stratégiques comme celle nommée "Neptune" dans le port de Gênes qui avait permis de mettre hors de nuire des grands mafieux italiens.

Tout cela pour dire que le bureau d’Interpol du Maroc est un vrai modèle au niveau international et que sa position est au sommet de la pyramide de cette organisation internationale de police criminelle.

"Le Maroc a tous les atouts pour présider Interpol"

- Est-ce que le Maroc pourrait présider un jour Interpol ?

- Je peux vous dire que rien n’est hors portée, en effet, le Maroc dispose de tous les atouts nécessaires pour réussir.

- A l'occasion de l'Assemblée générale d'Interpol en 2025, qui aura lieu à Marrakech, le Maroc aura certainement des aspirations, des objectifs, au-delà de service la communauté internationale de la sécurité. A quel poste va-t-il postuler?

- Le Maroc postulera pour le poste de la vice-présidence africaine d'Interpol, lors de la prochaine session de l'Assemblée générale d'Interpol qui se tiendra en 2024 à Glasgow en Ecosse.

S’agissant des aspirations et des objectifs fixés à l’occasion de l'Assemblée générale d'Interpol prévue à Marrakech en 2025, permettez de vous dire qu’il serait prématuré de s’exprimer sur ce sujet à ce stade.

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