SIAM. “Les cultures exportatrices d’eau n’ont pas que des inconvénients” (Rachid Benali)

Placée sous le thème "Climat et agriculture", la 16e édition du SIAM, qui se tient du 22 au 28 avril à Meknès, est l’occasion d’évoquer la notion controversée d’eau virtuelle exportée dans les produits agricoles. Pour Rachid Benali, président de la Comader, elle n’a pas que des points négatifs. Explications.

SIAM. “Les cultures exportatrices d’eau n’ont pas que des inconvénients” (Rachid Benali)

Le 25 avril 2024 à 10h37

Modifié 25 avril 2024 à 14h22

Placée sous le thème "Climat et agriculture", la 16e édition du SIAM, qui se tient du 22 au 28 avril à Meknès, est l’occasion d’évoquer la notion controversée d’eau virtuelle exportée dans les produits agricoles. Pour Rachid Benali, président de la Comader, elle n’a pas que des points négatifs. Explications.

Les exportations agricoles marocaines ont été produites grâce aux ressources en eau du pays. Mais il serait réducteur de limiter la notion d’eau virtuelle exportée dans les fruits et légumes à cet unique aspect. C’est en tout cas l’avis de Rachid Benali, reçu sur le plateau de Médias24, ce mercredi 24 avril, lors du Salon international de l’agriculture, organisé à Meknès.

Si le président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader) n’ignore pas que le Maroc exporte de l’eau dans les fruits et légumes, il souligne aussi que le pays en importe beaucoup plus. Tout en insistant sur l’importance socio-économique des cultures exportatrices, en offrant des journées de travail pour la main-d’œuvre rurale, 70 fois plus que ne le font les cultures céréalières selon ses mots. 

La notion d’eau exportée anime les débats depuis quelques mois. D’ailleurs, une étude inédite réalisée par des chercheurs marocains livre une estimation complète de l’exportation et de l’importation d’eau virtuelle dans le commerce extérieur de 40 cultures, au cours de la période allant de 2000 à 2017.

Les résultats soulignent que le Royaume a été un importateur net d’eau virtuelle au cours de la période étudiée. Autrement dit, "la balance de l’eau virtuelle est positive, au profit du Maroc", précise Abdeslam Boudhar, l’auteur principal de l’étude. "Il faut mettre en avant l’importance socio-économique des cultures exportatrices", insiste Rachid Benali.  

"Certes, ces filières ne paient pas le juste prix de l’eau qu’elles utilisent", reprend-il, "mais en parallèle, elles sont une source d’emploi importante pour le monde rural. Le Maroc est un pays où il y a 16 millions d’habitants dans les zones rurales dont 13 millions qui vivent directement de l’agriculture". 

Sur l’ensemble de cette population, "3 millions et demi sont employés dans le secteur agricole, notamment pour produire des tomates et des fruits rouges", précise M. Benali. A titre d’exemple, notre interlocuteur indique qu’un hectare de tomate, dont une grande partie de la production est exportée, offre du travail à 7 personnes en moyenne. 

En comparaison, "un hectare de blé emploie 0,1 travailleur par hectare. Si on arrête les exportations, que va-t-on faire de toutes ces personnes ?", s’interroge Rachid Benali, qui exprime par la même occasion son incompréhension sur le fait que l’on se focalise sur les produits exportés.

"Mais combien d'hectares cela représente vraiment ? Si l’on prend les fruits rouges, la tomate, le melon et l’avocat, on atteint une superficie de 30.000 ha. Le problème hydrique au Maroc se pose pour toutes les superficies cultivées. Si on doit trouver des solutions, il faut traiter la problématique de l’eau dans sa globalité", avance-t-il. 

Irriguer les cultures exportatrices à partir de l’eau dessalée

Pour assurer un équilibre entre le besoin d’exporter et celui de rationaliser l’eau, le président de la COMADER suggère d’installer les cultures dites consommatrices et exportatrices d’eau dans des zones côtières pour une irrigation à partir de l’eau dessalée. "Le meilleur exemple a été mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture du projet de Dakhla, qui est inépuisable et autonome, grâce à l’eau pour l’irrigation, ainsi que l’éolien et le photovoltaïque pour l’énergie", se réjouit le président de la COMADER.  

Concrètement, il s’agit d’un périmètre irrigué d’une superficie de 5.200 ha qui entrera en production à l'horizon 2025 dans la province de Dakhla-Oued Eddahab, plus précisément dans la commune de Bir Anzarane. Ce périmètre agricole sera exclusivement irrigué à partir de la future station de dessalement de Dakhla. Elle sera alimentée par un parc éolien qui produit une énergie allant de 40 à 60 mégawatts.

Une station de la plus haute importance, qui a nécessité 2,5 milliards de dirhams (MMDH), dont 1,35 MMDH d’investissement public, pour une capacité de 37 millions de m³ au prix de 2,50 DH/m³. Si l’on en croit la Direction de l’irrigation et de l’aménagement de l’espace agricole (DIAEA), d’autres projets d’irrigation par dessalement de l’eau de mer sont identifiés ou en cours d’étude.

Les zones concernées sont Sidi Rahal (périmètres d’irrigation associé à la station de dessalement de Casablanca), Tan-Tan (associé à une unité de dessalement en cours d’étude dans le cadre de la convention de partenariat avec la région de Guelmim-Oued Noun), l’Oriental, Boujdour, Tiznit et Essaouira.

Cela dit, l’eau dessalée n’est pas une solution miracle pour toutes les cultures. Il est vrai que la production de l’eau dessalée prend en considération les exigences des cultures, conformément à la norme marocaine de l’irrigation qui fixe les valeurs limites universelles (ou seuils tolérables) pour les paramètres bactériologiques, parasitologiques, toxiques et physico-chimiques des eaux destinées à l’irrigation.

Néanmoins, pour certaines cultures qui ont des exigences particulières telles que la teneur en certains minéraux, la salinité, le pH, etc. , "des ajustements sont nécessaires pour assurer une production optimale et sont opérés par les agriculteurs", concède la DIAEA. C’est le cas des fruits rouges. 

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